• SC 452

    Bernard de Clairvaux

    Sermons sur le Cantique. Tome III
    (Sermons 33-50)

    ŒUVRES COMPLÈTES XII
    septembre 2000

    Texte latin des S. Bernardi Opera par J. Leclercq, H. Rochais, Ch.-H. Talbot. — Introduction, traduction et notes par Paul Verdeyen, s.j., et Raffaele Fassetta, o.c.s.o.

    Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation Singer-Polignac.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre et de la Fondation Singer-Polignac.
    Révision assurée par Dominique Gonnet.
    ISBN : 9782204064644
    407 pages
    « Rendre Dieu sensible au cœur » : un chef-d'œuvre spirituel en plus de 80 sermons.

    Présentation

    Œuvre majeure de saint Bernard, les Sermons sur le Cantique développent tous les thèmes de sa doctrine spirituelle et mystique. Par cette œuvre, Bernard a exercé une influence considérable sur les grands auteurs spirituels des siècles à venir (Tauler, Ruusbroec, Ignace de Loyola, Jean de la Croix, François de Sales, etc.).

    Ce troisième volume contient les sermons 33 à 50. Ils ont été écrits entre 1139 et 1143. Bernard y parle de l'humilité, de l'ignorance humaine et de la connaissance de soi, de la contemplation et de la prédication. Tous ces thèmes sont évoqués dans l'explication des versets 1,6 à 1,11 du Cantique. À partir du sermon 43, Bernard reste plus proche des images bibliques. Il décrit le sens spirituel du bouquet de myrrhe, des vignes d'Engaddi, des yeux de colombe, du petit lit fleuri, de la fleur des champs et du lis des vallées. Le sermon 50 est un cours magistral qui présente les différents aspects de l'amour spirituel. Signalons surtout la différence entre l'amour effectif et l'amour affectif.

    Le volume se termine par une étude récente de la main de J.-P. Sonnet : « Érotique et mystique dans le Cantique des Cantiques ».

    Paul Verdeyen, jésuite, enseigne à l'Université d'Anvers. Raffaele Fassetta, cistercien, est moine à l'abbaye Notre-Dame de Tamié. J.-P. Sonnet, jésuite, est professeur d'exégèse à l'Institut d'Études Théologiques de Bruxelles.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le tome 3 des Sermons sur le Cantique (Sermons 33-50) de Bernard de Clairvaux a été préparé, comme les deux précédents (SC 414, 431), par Raffaele Fassetta, o.c.s.o, moine de l'abbaye de Tamié, et Paul Verdeyen, s.j., professeur à l'université d'Anvers. Bernard y commente librement le texte de Cantique 1, 6 à 2, 4, selon un mode qui lui est propre. À partir de l'allégorie traditionnelle qui assimile l'Épouse à l'âme du croyant ou à l'Église, et l'Époux au Christ, il propose aux moines de Clairvaux une lecture du Cantique morale et spirituelle.

    En réalité, ces sermons sont moins un commentaire du texte, au sens étroit du terme, qu'une instruction destinée à nourrir la vie spirituelle du moine, à l'aider à se mieux connaître pour mieux connaître Dieu et sa volonté, pour ordonner et régler sa vie intérieure en tenant compte des contingences et des charges qui sont les siennes dans le monastère, pour « l'ordonner dans la charité », c'est-à-dire l'amour de Dieu et de ses frères. Bernard, d'une autre manière que Barsanuphe, Jean de Gaza ou Isidore, entraîne ses moines au discernement, indispensable à tout progrès spirituel et comme l'un des fondements de la vie monastique. Ainsi, chercher à connaître « le lieu où repose le bien-aimé, à midi » (Ct 1, 6), c'est-à-dire chercher à aller toujours plus avant dans la connaissance du Christ, le vrai Midi, fournit à Bernard l'occasion d'une mise en garde très concrète contre un « démon de midi » particulièrement habile, celui qui prend l'apparence du bien en poussant le moine à des veilles, à un travail ou à des jeûnes excessifs, « sans aucun discernement », si bien qu'il se ruine la santé, devient inapte aux autres observances de la Règle ou tout simplement somnole au moment de la prière communautaire (S. 33) ! Le premier degré de la connaissance de soi, rappelle avec insistance Bernard, est l'humilité : elle préserve d'une science qui ne serait que vaine gloire et qu'il vaudrait mieux alors ignorer ; elle permet en revanche d'écarter le danger tout aussi funeste de l'ignorance de soi-même.

    « Je veux donc qu'avant toute chose l'âme se connaisse elle-même, car c'est là ce qu'exigent aussi bien l'utilité que l'ordre. L'ordre, parce que ce que nous sommes est premier pour nous. L'utilité, parce qu'une telle science n'enfle pas, mais humilie, et qu'elle prépare d'une certaine manière notre édification. En effet, l'édifice spirituel ne peut tenir que sur le solide fondement de l'humilité. » (S. 36, 5).

    Au propre – car après une journée de dur labeur, certains moines somnolent ou baillent en écoutant Bernard, ce qui l'invite à abréger son sermon ! –, comme au figuré, l'abbé de Clairvaux veut éveiller ses frères à la connaissance de soi pour les amener à celle de Dieu, à s'aimer soi-même pour aimer Dieu dans son prochain. Dans cette « ordonnance de la charité », qui est le thème central du beau Sermon 50, Bernard n'hésite pas à inverser l'ordre des priorités : dans l'idéal, l'amour de Dieu est plus grand que l'amour de l'homme ; et pourtant, dans la pratique, il doit le céder le plus souvent à l'amour du prochain, voire aux nécessités vitales de la communauté : « Que de fois, pour gérer les biens terrestres, nous devons renoncer en toute justice à la célébration même de la messe ! » S. 50, 5), s'écrie Bernard en pensant sûrement à son cas personnel et en montrant, à partir d'exemples concrets, que le discernement doit ordonner les sentiments et régler la conduite de chacun. Bien entendu, d'autres que les moines peuvent tirer profit de ces sermons pour leur vie spirituelle et leur conduite, tant il est vrai que, dans notre monde, le discernement n'est pas toujours chose aisée et que la charité est souvent très loin d'y être « bien ordonnée » !

    On lira, à la fin de ce volume, une postface du Père J.-P. Sonnet, s.j., intitulée « Érotique et mystique dans le Cantique des Cantiques », très éclairante sur la nature et le sens de ce dialogue amoureux, relu par la tradition juive et chrétienne.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le Sermon 33 était sans doute achevé avant le carême de 1139. Les Sermons 34 à 50 l’ont été avant 1143, sans que l’on puisse préciser davantage. Le texte latin reprend celui des Sancti Bernardi Opera I, p. 233-255, avec quelques corrections (p. 31).

    Sermon 33 : sur Ct 1, 6, lieu de pâturage et de repos ; le repos de l’époux ; le démon de midi ; quatre sortes de tentations

    Sermon 34 : sur Ct 1, 7, nécessité de l’humilité ; celle de David

    Sermon 35 : sur « Sors » ; dangers de la sortie du repos intérieur ; l’homme inférieur à la bête

    Sermon 36 : double ignorance et double science ; se connaître soi-même

    Sermon 37 : connaissance de Dieu et de nous-mêmes ; crainte, amour, espérance ; danger de l’élévation de soi

    Sermon 38 : l’ignorance de Dieu ; sur l’épouse « belle entre les femmes »

    Sermon 39 : sur Ct 1, 8, « Je t’ai rendue semblable à ma cavalerie,… » ; les princes de Pharaon

    Sermon 40 :sur Ct 1, 9, le visage de l’âme, ses joues ; la solitude de la tourterelle

    Sermon 41 : sur Ct 1, 10, « Nous te ferons des pendants d’or, … » ; le cou de l’âme ; la prédication

    Sermon 42 : sur Ct 1, 11, « Tandis que le roi se reposait sur sa couche, … » ; les réprimandes ; humilités de la connaissance et de l’amour

    Sermon 43 : sur Ct 1, 12, le Christ, bouquet de myrrhe ; méditer ses souffrances

    Sermon 44 : sur Ct 1, 13, le Christ, grappe de Chypre ; les vignes d’Engaddi

    Sermon 45 : sur Ct 1, 14, double beauté de l’âme, innocence et humilité ; le regard spirituel ; double beauté de l’Époux

    Sermon 46 : sur Ct 1, 15-16, le lit et la maison, les poutres et les lambris ; la maison spirituelle

    Sermon 47 : sur Ct 2, 1, la fleur du champ, du jardin et de la chambre nuptiale

    Sermon 48 : sur Ct 2, 2-3, l’âme comme un lis, l’Époux comme un pommier ; louer, être loué

    Sermon 49 : sur Ct 2, 4, le cellier du vin ; l’ordonnancement de la charité

    Sermon 50 : amour affectif et amour effectif ; affections selon la chair, la raison, la sagesse

    Extrait(s)

    50, 4, SC 452, p. 353

    Or, il y a une affection qu’engendre la chair, et il y en a une autre que gouverne la raison ; une autre enfin qu’assaisonne la sagesse. La première est celle dont l’Apôtre dit qu’elle n’est pas soumise à la loi de Dieu, ni ne peut l’être. De la seconde, il déclare en revanche qu’elle est en accord avec la loi de Dieu, parce qu’elle est bonne. Sans aucun doute, il y a une grande distance entre cette insoumission et cet accord. Mais la distance est encore plus grande entre la troisième affection et les deux premières. Car la troisième goûte et savoure combien le Seigneur est doux. Ainsi elle abolit la première et récompense la seconde. La première est douce, certes, mais honteuse ; la seconde est sèche, mais forte ; la dernière est moelleuse et douce. C’est par la seconde que se réalisent les œuvres, et c’est en elle que réside la charité. Non pas la charité affective qui, assaisonnée du sel de la sagesse, devient moelleuse et apporte à l’âme toute l’abondance de la douceur du Seigneur. Il s’agit bien plutôt d’une charité active qui, même si elle ne nous rassasie pas encore de cet amour doux et suave, ne laisse pas d’allumer en nous un amour ardent de cet amour-là. N’aimez ni de mots ni de langue, dit l’Écriture, mais en actes et en vérité.

    50, 8, p. 361

    « Donne-moi un homme qui aime... »

    Donne-moi un homme qui avant tout et de tout son être aime Dieu ; qui s’aime lui-même et son prochain dans la mesure où ils aiment Dieu ; son ennemi, parce que peut-être il aimera Dieu un jour. Un homme qui aime plus tendrement ses parents selon la chair à cause de la nature, et plus intensément ses maîtres spirituels à cause de la grâce. Un homme qui se tourne aussi vers chaque chose avec un amour de Dieu bien ordonné : il méprise la terre, il regarde vers le ciel, « il use de ce monde comme n’en usant pas»; il sait discerner, par une certaine saveur intime de l’esprit, entre ce dont il faut user et ce dont il faut jouir. Un homme qui s’occupe en passant des choses passagères, et seulement de celles qui sont nécessaires, et pour autant qu’elles sont nécessaires. Un homme enfin qui s’attache d’un désir éternel aux réalités éternelles. Donne-moi, dis-je, un tel homme, et moi, sans hésiter, je le proclame sage, puisqu’il sait savourer toutes choses selon ce qu’elles sont vraiment. Il peut, en toute vérité et assurance, se glorifier et dire: « Il a ordonné en moi la charité. »

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