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SC 457
Bernard de Clairvaux
Le Précepte et la Dispense. La Conversion
ŒUVRES COMPLÈTES XXI
novembre 2000Texte latin des S. Bernardi Opera par J. Leclercq, H. Rochais et Ch.-H. Talbot. — Introduction, traduction et notes par Françoise Callerot, o.c.s.o., Jürgen Miethke et Christiane Jaquinod.
Révision assurée par Dominique Gonnet.ISBN : 9782204065863466 pagesPeut-on désobéir à un supérieur ? Deux moines interrogent saint Bernard.Présentation
Le Précepte et la dispense. Deux moines bénédictins ont interrogé Bernard, à l'insu de leur abbé, à propos de la Règle de saint Benoît. En réponse, Bernard pose dans ces pages les bases du discernement spirituel au cœur de l'expérience croyante. Le fil conducteur du traité est le refus du volontarisme juridique : le droit ne tire pas sa force d'obligation de la volonté du législateur, mais plutôt de sa conformité à une norme objective de vérité et de justice.
La Conversion. Le traité esquisse de façon très évocatrice le cheminement vers Dieu de l'âme en quête de salut. À la prise de conscience par l'âme de sa situation malheureuse, fait suite, à partir d'une exégèse des Béatitudes, une série d'analyses sur la place qui revient à la raison, à la volonté et à la mémoire dans le retournement vers le bonheur en Dieu. Tout s'achève autour de la béatitude des pacifiques par les fruits de la conversion en plein monde : l'homme pieux, en particulier le clerc, réconcilié avec Dieu, peut et doit y être un agent de paix.
Sœur Françoise Callerot, o.c.s.o., est moniale de l'abbaye Notre-Dame des Gardes. Jürgen Miethke est professeur d'histoire médiévale à l'Université de Heidelberg.
Le mot des Sources Chrétiennes
L'obéissance aux commandements de Dieu, à la Règle et à l'abbé exige, elle aussi, un juste discernement. Bernard de Clairvaux en rappelle la nécessité et les principes aux deux moines de la région de Chartres, à qui il destine Le Précepte et la Dispense. La lettre qu'il pensait initialement écrire à ces moines, qui ne supportent plus l'autorité de leur abbé et de leurs supérieurs, mais en plein désarroi à l'idée que la moindre désobéissance est une faute grave et une rupture de leur engagement, est progressivement devenue un véritable opuscule, traitant, comme l'Apologie, des problèmes d'observance monastique. Françoise Callerot, o.c.s.o., moniale de l'abbaye Notre-Dame des Gardes, a traduit et annoté ce texte, en le faisant précéder d'une substantielle introduction. Outre les indications fournies sur la date et les circonstances du traité, elle s'y attache à l'étude des sources pour mieux mettre en évidence l'originalité de cet ouvrage canonique, qui a connu une grande fortune dans les milieux monastiques, au point qu'il fut souvent utilisé comme un commentaire de la Règle de saint Benoît. L'évolution sémantique du mot « dispense », depuis son sens originel d'« administration » jusqu'à celui qu'il a encore de nos jours, y est retracée ; la structure du traité et l'argumentation de Bernard, clairement analysées.
Si la désobéissance est presque inévitable, tous les préceptes de la Règle n'ont pas la même force d'obligation ; donc tous les manquements à la Règle n'ont pas une égale gravité et, qui plus est, même les infractions les plus graves ne sont pas sans remèdes : la Règle est aussi un rempart contre le découragement et le désespoir. Elle est la norme objective de vérité et de justice à laquelle se soumettent pareillement les profès et l'abbé. Les dispenses, elles, n'appartiennent qu'au supérieur, qui ne doit les accorder ni à la légère ni selon son bon plaisir. Elles sont aussi affaire de discernement. En dépit de son titre et de son contenu juridique, il s'agit pourtant non d'un froid manuel de droit canonique, mais bien d'un traité monastique, l'œuvre d'un théologien et d'un spirituel. Bernard y met en évidence l'aspect mystique de la Règle et de l'obéissance : se conformer à la volonté du supérieur, c'est épouser celle de Dieu, réaliser en quelque sorte ce mariage spirituel, dont le Cantique fournit l'image et qui demeure, selon lui, le but ultime de la vie monastique.
On trouvera, dans ce même volume, un autre traité de Bernard de Clairvaux, La Conversion, introduit et annoté par Jürgen Miethke, professeur à l'université de Heidelberg, et traduit par Christiane Jaquinod, qui nous a quittés avant de voir son travail publié. Il s'agit d'un vibrant appel à la conversion, adressés à des clercs, que la tradition voudrait parisiens et dont aurait fait partie un disciple d'Abélard, Geoffroy d'Auxerre, plus tard entré à Clairvaux et devenu le secrétaire de saint Bernard. Il a sans doute joué un rôle important dans la mise au point définitive de ses écrits et notamment de ce traité dont on connaît une version courte, antérieure à la version longue ici éditée. Bernard esquisse devant son auditoire le cheminement vers Dieu de l'âme qui se convertit. L'itinéraire sera celui que proposent les Béatitudes, dont il donne une exégèse spirituelle pour inviter à une conversion de la raison, puis de la volonté, avant de rappeler aux clercs, à l'aide des deux dernières béatitudes, qu'ils doivent être dans le monde des artisans de paix. C'est l'occasion pour lui de dénoncer le scandale des clercs « non convertis », l'imposture du savoir et du pouvoir, la cupidité, l'ambition, l'orgueil, l'injustice, la luxure et la recherche des plaisirs, pour mieux inciter, par ces attaques cinglantes, les clercs de son auditoire à fuir les Babylone, les Sodome et les Gomorrhe, pour trouver refuge dans l'asile du monastère, où, sous l'autorité de la Règle, ils pourront achever leur conversion. Sans ouvertement remettre en cause la légitimité du choix de ces clercs à vivre dans le siècle, Bernard leur propose l'idéal de la vie monastique, comme l'aboutissement logique de toute vie chrétienne et une ultime étape de conversion.Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Aux clercs sur la conversion
Vibrant appel à la conversion, ce sermon a été selon la tradition adressé à des clercs de Paris, dont aurait fait partie un disciple d’Abélard, Geoffroy d’Auxerre, plus tard entré à Clairvaux et devenu le secrétaire de Bernard. Geoffroy a probablement joué un rôle important dans la mise au point définitive de ses écrits, et en particulier de ce traité dont il existe une version courte, antérieure à la version longue ici éditée. Bernard esquisse devant son auditoire le cheminement vers Dieu de l’âme qui se convertit. L’itinéraire est celui que proposent les Béatitudes, dont il donne une exégèse spirituelle pour inviter à une conversion de la raison, puis de la volonté, avant de rappeler aux clercs, à l’aide des deux dernières béatitudes, qu’ils doivent être dans le monde des artisans de paix. C’est l’occasion pour lui de dénoncer le scandale des clercs « non convertis », l’imposture du savoir et du pouvoir, la cupidité, l’ambition, l’orgueil, l’injustice, la luxure et la recherche des plaisirs, pour mieux inciter, par ces attaques cinglantes, les clercs de son auditoire à fuir les Babylone, les Sodome et les Gomorrhe, pour trouver refuge dans l’asile du monastère, où, sous l’autorité de la Règle, ils pourront achever leur conversion. Sans ouvertement remettre en cause la légitimité du choix de ces clercs à vivre dans le siècle, Bernard leur propose l’idéal de la vie monastique, comme l’aboutissement logique de toute vie chrétienne et une ultime étape de conversion.
Le précepte et la dispense
Adressé à deux moines de la région de Chartres ne supportant plus l’autorité de leur abbé et de leurs supérieurs, mais troublés à l’idée que la moindre désobéissance est une faute grave et une rupture de leur engagement, l’opuscule traite de l’observance monastique. Tout en rappelant la nécessité de l’obéissance aux commandements de Dieu, à la Règle et à l’abbé, Bernard invite aussi à un juste discernement : tous les préceptes de la Règle n’ont pas la même force d’obligation, ni tous les manquements à la Règle une égale gravité ; qui plus est, même les infractions les plus graves ne sont pas sans remèdes, car la Règle est aussi un rempart contre le découragement et le désespoir. Elle est la norme objective de vérité et de justice à laquelle se soumettent pareillement les profès et l’abbé. Quant aux dispenses, si elles n’appartiennent qu’au supérieur, il ne doit les accorder ni à la légère ni selon son bon plaisir. Elles sont aussi affaire de discernement. En dépit de son titre et de son contenu juridique, il s’agit non d’un froid manuel de droit canonique, mais bien d’un traité monastique, l’œuvre d’un théologien et d’un spirituel. L’aspect mystique de la Règle et de l’obéissance y sont mis en évidence : se conformer à la volonté du supérieur, c’est épouser celle de Dieu, réaliser en quelque sorte le mariage spirituel, dont le Cantique fournit l’image et qui demeure le but ultime de la vie monastique. Cet ouvrage canonique a connu une grande fortune dans les milieux monastiques où il fut souvent utilisé comme un commentaire de la Règle de saint Benoît.
Extrait(s)
Extrait p. 253
Tous les chrétiens – même les bons – ne pratiquent pas tout ce qui est dans l’Évangile, mais tous, cependant, vivent selon l’Évangile. Ceux qui se contentent de se lier dans un mariage permis ne pensent pas s’être écartés de l’Évangile parce qu’ils n’ont pas choisi la sublimité du conseil évangélique consistant dans le célibat, à condition, bien sûr, qu’à ce degré moins élevé, ils vivent selon la loi et la fidélité. Il en est de même de ceux qui décident de vivre selon la Règle, même s’ils en changent ou en omettent quelques points, suivant l’usage propre à leur cloître. Non, ils ne s’éloignent absolument pas de la profession régulière tant qu’ils ne cessent pas de « vivre dans la sobriété, la justice et la piété », selon les coutumes des leurs.
Extrait p. 331
Il n’y a pas de différence entre la voix et la lumière intérieures, puisque l’unique et même Fils de Dieu est à la fois Verbe du Père et « splendeur de sa gloire »; l’âme aussi est, en son genre, une substance spirituelle et simple, tout entière – si toutefois on peut l’exprimer tout entière – capable de regard et d’écoute, sans aucune distinction entre les sens. A quoi sert ce rayon, ou cette parole – sinon à la faire se connaître elle-même ? Alors s’ouvre le livre de la conscience...
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