• SC 420

    Apponius

    Commentaire sur le Cantique des Cantiques, tome I
    Livres I-III

    février 1997

    Introduction générale, texte, traduction et notes par Bernard de Vregille, s.j., et Louis Neyrand, s.j.

    ISBN : 9782204055277
    386 pages
    Le chant nuptial du Christ et de l'Église, dans l'un des commentaires latins les plus riches qui ait été conservé.

    Présentation

    Le Commentaire sur le Cantique des Cantiques d’Apponius constitue une œuvre riche et originale, autant par sa théologie de l’Incarnation, centrée sur la médiation de l’Âme du Christ entre le Verbe et l’« l’homme assumé », que par sa vision grandiose de l’histoire du salut se déroulant au long du Cantique depuis les origines jusqu’à la conversion finale d’Israël. La grâce de l’Église, épouse du Christ, confiée à Pierre et aux apôtres, manifeste ici toutes ses richesses, celles des sacrements, de la virginité, du martyre, de la vie monastique. Le tout est subtilement reconnu par Apponius sous les moindres détails du Cantique, et exposé par là en un style enthousiaste et savoureux, jouant sans cesse avec les mots et les images.

    Qui était Apponius, inconnu par ailleurs ? Tout semble indiquer qu’il s’agit d’un moine vivant dans l’Italie du nord ou à proximité de Rome. Les éditeurs estiment qu’il n’a pas pu écrire plus tard que le premier tiers du Ve siècle.

    Le Commentaire sur le Cantique des Cantiques d’Apponius a connu sa première édition critique en 1986, dans la Series Latina du Corpus Christianorum (n° 19), par les soins des Pères Bernard de Vregille et Louis Neyrand, membres de l’Institut des Sources Chrétiennes. Les mêmes éditeurs présentent aujourd’hui cette œuvre dans la collection Sources Chrétiennes en l’accompagnant d’une nouvelle introduction, d’une traduction française et de nombreuses notes. Les 12 livres du Commentaire ont été répartis en 3 volumes (livres I-III, IV-VIII, IX-XII).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Avec le Commentaire sur le Cantique des Cantiques, tome 1, d'Apponius, nous retrouvons là le cadre bien connu du commentaire de l'Écriture, tel que le pratiquent les Pères depuis Origène. À ce dernier, dont Jérôme et Rufin ont fait connaître en Occident l'interprétation du Cantique, Apponius emprunte les grandes lignes de sa lecture allégorique : pour lui aussi, le Cantique est le chant nuptial chanté par l'Esprit-Saint pour les noces du Christ – l'Époux – avec son Épouse – l'Église. Tout autre sens que ce sens spirituel est exclu : en aucune manière il ne s'agit d'un chant profane célébrant l'amour humain en général ou les noces de Salomon. Sous le voile de la lettre et du vocabulaire amoureux se cachent les « mystères », qu'il appartient précisément au commentateur de révéler au lecteur. C'est ce à quoi s'attache Apponius, en usant de la méthode allégorique. Pour le dire avec les auteurs de cette édition, les Pères Bernard de Vregille et Louis Neyrand de l'Institut des Sources Chrétiennes, « le Cantique devient pour lui une vaste fresque historique où se découvrent à mesure les différentes étapes de l'incarnation du Christ dans le monde des hommes, c'est-à-dire l'établissement progressif de l'Église sur la terre jusqu'au dernier jour ».

    De ce long commentaire, qui représentera trois volumes dans la Collection, les mêmes auteurs ont donné antérieurement l'editio maior dans la série du Corpus Christianorum. Mais on trouvera dans l'édition Sources Chrétiennes, outre la traduction du texte, une solide introduction qui met en valeur la richesse, à bien des titres – exégétique, théologique, ecclésial, littéraire –, de ce commentaire, et fait le point sur des questions débattues, dont la moindre n'est pas celle de l'époque à laquelle Apponius l'a rédigé. Les éditeurs voient en lui un auteur de la première moitié du Ve siècle. Du personnage lui-même, on ne sait presque rien, mais plusieurs indices, minutieusement relevés dans son texte, permettent d'avancer l'hypothèse que cet homme cultivé, frotté de philosophie et écrivain original, aurait été un abbé d'Italie du Nord ou des environs de Rome.

    La fin de cette publication est prévue pour le début de l'année 1998. Ainsi pourra-t-on lire, dans Sources Chrétiennes, toute une série de commentaires du Cantique depuis ceux d'Origène (SC 37 bis, 375 et 376) jusqu'à ceux de Bernard de Clairvaux – dont le premier volume est paru (SC 414) – et de Guillaume de Saint-Thierry (SC 82), en passant par ceux de Nil d'Ancyre (SC 403) – dont le second volume devrait paraître prochainement – et de Grégoire le Grand (SC 314). À faire un tel parcours, on constaterait que, si ces commentateurs du Cantique s'en tiennent tous à la même symbolique fondamentale et à une méthode d'exégèse relativement uniforme, la lecture de ce texte est d'abord pour chacun d'eux une nourriture spirituelle, et leurs commentaires, une invitation pour le lecteur à entrer lui-même dans cette relation d'union mystique au Christ et à son corps, l'Église-Épouse.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    De l’auteur lui-même on ne sait rien, et la date à laquelle il a rédigé son commentaire demeure une question débattue. Plusieurs indices convergents conduisent pourtant à voir en lui un auteur de la première moitié du Ve siècle et à avancer l’hypothèse que cet homme cultivé, frotté de philosophie et écrivain original, aurait été un abbé d’Italie du Nord ou des environs de Rome.

    Apponius emprunte à Origène, connu en Occident grâce aux traductions de Jérôme et de Rufin, les grandes lignes de sa lecture spirituelle du Cantique, dont il fait le chant nuptial chanté par l’Esprit Saint pour les noces du Christ et de l’Église. Tout sens autre que spirituel – célébration de l’amour humain ou noces de Salomon – est exclu. Sous le voile de la lettre et du vocabulaire amoureux se cachent des « mystères », qu’Apponius s’attache à révéler en usant de la méthode allégorique : « Le Cantique devient pour lui une vaste fresque historique où se découvrent à mesure les différentes étapes de l’incarnation du Christ dans le monde des hommes, c’est-à-dire l’établissement progressif de l’Église sur la terre jusqu’au dernier jour » (B. de Vregille et L. Neyrand). Ce long commentaire se signale par sa richesse, tout à la fois exégétique, théologique, ecclésiale et littéraire.

    Chacun des douze livres se conclut par une doxologie presque uniforme. Les versets du Cantique sont numérotés de 1 à 150.

    Seuls de rares manuscrits donnent le texte complet du Commentaire : Sélestat, Bib. Humaniste Municipale 77 (1506) ; Rome, Bibl. Nazion. Vittorio Emanuele, Sessorianus 12 (1572) ; Milan, Bibl. Ambrosiana, D 37 sup (XVe s.). Le manuscrit Épinal, Bibl. Municip. 78 (IXe s.) donne seulement les livres I-VI. Mais on rencontre dès le VIIIe siècle de nombreux manuscrits donnant des abrégés du texte. Le texte est repris du CCSL 19, avec quelques corrections notées en fin d’introduction.

    Commentaire sur le Cantique des Cantiques, Livres I-III

    Après un Prologue qui est plutôt une dédicace au prêtre Arménius, le Livre I traite de Ct 1, 1-5 : après une entrée en matière (§ 1-13) sur la mise en scène dramatique, les personnages, le thème fondamental de l’amour, les dispositions souhaitées du lecteur, vient le commentaire du verset 1 (§ 14-21) qui décrit les noces du Christ et de l’Église. L’huile répandue du v. 2 est le nom du Christ (§ 22-26). L’Église est attirée par sa suave odeur et est introduite dans les celliers du roi (v.3, § 27-39). Les filles de Jérusalem sont les âmes glorieuses qui admirent l’Église, relevée du péché qui la rendait noire (v. 4, § 40-45). La Synagogue s’est exclue du salut et persécute l’Église, vigne véritable (v. 5, § 46-52).

    Dans le Livre II, commentant le v. 6, Apponius indique comment rejoindre le troupeau du Christ : les vierges et les moines, dont il est exigé un amour total, sont un troupeau choisi que le Christ fait paître lui-même, par l’intermédiaire de Pierre ; il y a aussi d’autres troupeaux conduits par de faux pasteurs (§ 1-13). Le v. 7 est une tendre invitation à se connaître. L’âme se distinguera ainsi du peuple d’Israël, qui n’a pas su reconnaître les figures de l’Ancien Testament, et des troupeaux des faux pasteurs. Elle acquiert sa beauté par la pratique de la chasteté et de la justice, et par la connaissance des Écritures ; elle ne doit pas oublier cette beauté (§ 14-26). Le commentaire du v. 8 est l’occasion de distinguer entre cavalerie de Dieu, qui sera victorieuse, et cavalerie du diable (§ 27-31).

    Le livre III commente Ct 1,9-2,6, éloge réciproque de l’Époux et de l’épouse. Cette dernière est belle et chaste comme la tourterelle (v. 9, § 1-3) ; elle porte les colliers de la vraie doctrine (v. 9-10, § 4-5) ; par les parfums de sa pénitence, elle confesse aussi la bonté, la correction qui nous vaut la paix et la connaissance de l’Esprit saint (v. 11, § 6-10). Au v. 12, le Christ est bouquet de myrrhe qui guérit (v. 12, § 11-14) ; il est aussi grappe de Chypre qui suscite dans l’Église la pénitence, en premier lieu par le baptême (v. 13, § 15-18). Les yeux de l’Église sont les évêques (v. 14, § 19). Le lit nuptial est le sépulcre du Seigneur (v. 15, § 20-22). Le cèdre et le cyprès sont les matériaux moraux et spirituels des Églises (v. 16, § 23-25). Le Christ est lys de pureté et de guérison (2, v.1, § 26-28) ; l’Église resplendit comme lys parmi les épines, doctrines païennes et hérétiques (v. 2, § 29-30) ; elle vit à l’ombre du Christ (v. 3, § 31-36). Le cellier du v. 4 est celui de l’intelligence des Écritures, qui rend l’amour de l’épouse plus ordonné et la conduit non plus à se réjouir, mais à se languir (v. 4, § 37-42). En effet, la plénitude de cette sagesse acquise ne lui suffit pas, elle aspire à la béatitude encore à venir (v. 5, § 43-44). Pour cela, elle doit encore traverser des combats au cours desquels le Christ lui est soutien (v. 6, § 45-46).

    Extrait(s)

    (p. 145-147)

    En ce livre a été montré en figures et en énigmes au très sage Salomon tout ce que, de l’origine à la fin du monde, le Verbe de Dieu a fait ou doit faire sous forme de mystères à l’égard de l’Église. Dans ce Cantique, tout ce qui est raconté sous le voile des mystères nous est enseigné sans voile et accompli par l’incarnation du Verbe. En elle la race humaine déchue est relevée ; enchaînée, elle est déliée ; violée, elle est rendue à l’innocence de la virginité ; bannie, elle est ramenée au paradis. On la voit devenue, de captive, libre ; d’étrangère, concitoyenne ; d’esclave, maîtresse ; de tout à fait vile, reine et épouse de son créateur, le Verbe de Dieu, et cela par la bienveillance du Christ. Ainsi est­ elle digne de recevoir ses baisers et, ne faisant spirituellement plus qu’un avec lui, d’être élevée et de régner dans les cieux.

    Cette élévation, nous le savons, s’est accomplie par l’abaissement du Fils de Dieu.

    à propos de Ct 1,6 : « Indique-moi, toi que chérit mon âme, où tu fais paître, où tu reposes à midi, de peur que je n’aille m’égarer  parmi les troupeaux de tes compagnons. » (p. 229)

    Quelles sont donc ces âmes si intimes, si fécondes et si aimables qu’il ne les donne à faire paître ni aux anges, ni aux archanges, mais qu’il les fait paître lui-même ? Le bienheureux Paul l’a montré à l’évidence. Lorsqu’il réglait par ses préceptes la place à occuper par chaque brebis dans la bergerie du Seigneur – c’est-à-dire fixait ce que l’épouse doit à son mari, le mari à sa femme, le père à son fils,  le fils à son père, le frère à son frère, l’esclave à son maître, et le maître à son esclave (cf. Ép. 5,22-6,9)– une fois arrivé à ces brebis particulières que le Seigneur lui-même garde couchées dans l’éclatante lumière de midi, il déclare qu’aucune consigne ne lui a été donnée à leur imposer sous forme de commandement : « Pour ce qui est des vierges, dit-il, je n’ai pas de commandement du Seigneur. Je donne seulement un conseil, en homme qui a obtenu miséricorde » (1Co 7,25).

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    10

    l. 7

    succédés

    succédé

     

    22

    n. 1

    di Bede alle

    di Bede e d’alle

     

    77

    l. 7

    de la Bien-aimée tout le déroulement

    de la Bien-aimée, tout le déroulement

     

    103

    l. 7 en partant de la fin

    I, 332-336

    I, 352-356

     

    118

    l. 16

    prebyter

    presbyter

     

    157

    l. 2 en partant de la fin

    engendré

    engendrée

     

    176

    l. 2 en partant de la fin

    I,2)

    (I,2)

     

    194

    n. 1

    genus

    genua

     

    217

    l. 21

    vrai

    vraie

     

    219

    l. 7

    profonation

    profanation

     

    233

    l. 2 en partant de la fin

    où, la parole du Seigneur

    où la parole du Seigneur

     

    249

    l. 8 en partant de la fin

    la doctrine

    sa doctrine

     

    355

    l. 10

    toute

    doute

     

    383

    l. 9

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