• SC 431

    Bernard de Clairvaux

    Sermons sur le Cantique. Tome II
    (Sermons 16-32)

    ŒUVRES COMPLÈTES XI
    avril 1998

    Texte latin des S. Bernardi Opera par J. Leclercq, H. Rochais, Ch.-H. Talbot. — Introduction, traduction et notes par Paul Verdeyen, s.j. et Raffaele Fassetta, o.c.s.o.

    ISBN : 9782204059978
    495 pages
    « Rendre Dieu sensible au cœur » : un chef-d'œuvre spirituel en plus de 80 sermons.

    Présentation

    À partir de 1130, Bernard de Clairvaux donne toute son attention à la rencontre amoureuse entre la créature humaine et son Dieu. Dans un entretien mémorable avec Guillaume de Saint-Thierry, il trouve le langage qui convient pour présenter ce sujet : le langage du Cantique des Cantiques. Pendant l'Avent de 1135, il commence la série des Sermons sur le Cantique qu'il continuera jusqu'aux derniers jours de sa vie. Œuvre majeure du saint abbé, elle développe tous les thèmes de sa doctrine spirituelle et mystique. Par cette œuvre, Bernard a exercé une influence considérable sur les grands auteurs spirituels des siècles à venir (Tauler, Ruusbroec, Jean de la Croix, François de Sales, etc.).

    Ce volume contient les sermons 16 à 32. Ces sermons citent entre autres de l'Esprit-Saint, de l'amour du Christ pour nous et de nous pour le Christ, des parfums de l'Époux, de la « noirceur » et de la beauté de l'épouse, de la mort de son frère Gérard, de la vigne de l'épouse, de la vision de Dieu et de la présence du Christ.

    Voici quelques rappels sur l'édition des Œuvres complètes de Bernard de Clairvaux aux Sources Chrétiennes. Cette édition reprend le texte des Sancti Bernardi Opera de dom J. Leclercq tout en le corrigeant. La traduction est nouvelle, la plus exacte et la plus littéraire possible. Outre une introduction avec bibliographie donnant l'état de la critique, l'annotation indique les sources de Bernard et fournit des indications précises sur les versions de la Bible qu'il a utilisées. Chaque volume contient un index de toutes les citations et allusions bibliques des sermons correspondants.

    Paul Verdeyen, jésuite, enseigne à l'Université d'Anvers. Raffaele Fassetta, cistercien, est moine à l'abbaye Notre-Dame de Tamié.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Les circonstances ont voulu que le dernier tome du Commentaire sur le Cantique des Cantiques d'Apponius (SC 430) et le tome II des Sermons sur le Cantique de Bernard de Clairvaux fassent partie des nouveautés de ce début d'année. Si Apponius et Bernard commentent bien un même livre biblique, et s'inscrivent tous les deux dans une tradition d'interprétation dont les grandes lignes sont fixées depuis Origène, le genre et le ton des deux ouvrages diffèrent : dans le cas d'Apponius, l'homme s'efface presque entièrement derrière le commentaire linéaire du texte, tandis que la riche personnalité de Bernard et de l'abbé affleure constamment dans ses sermons. Pourtant l'un et l'autre, chacun à sa manière, en exploitant tous les registres de l'interprétation, et grâce notamment à une lecture allégorique du texte, tente d'entraîner son lecteur ou son auditeur à la découverte du sens ultime du Cantique. Tous deux voudraient le faire entrer à son tour dans ce dialogue de l'Époux et de l'Épouse, du Christ avec son Église et de l'âme avec le Verbe de Dieu, dans lequel ils se sont eux-mêmes introduits en méditant le mystère de l'amour divin. Par-delà les siècles qui les séparent, il y a bien entre cet Apponius, dont on ne connaît que le nom, et Bernard, dont on sait infiniment plus, une parenté essentielle, celle qu'instaure une lecture attentive et enthousiaste du Cantique comme la rencontre amoureuse de la créature et de son Dieu.

    Il faudra encore trois volumes, pour achever dans Sources Chrétiennes la publication des Sermons de Bernard. Ce deuxième tome (SC 431) contient les Sermons 16 à 32, présentés et traduits, comme les précédents, par le P. Paul Verdeyen, Professeur à l'Université d'Anvers et le F. Raffaele Fassetta, moine de Notre-Dame de Tamié.

    On y trouve notamment le célèbre Sermon 26 de Bernard sur la mort de son frère Gérard: les larmes et la douleur vraie qui s'y expriment invitent à corriger l'image trop souvent donnée de l'abbé de Clairvaux. Faut-il que l'émotion et la souffrance soient grandes pour qu'il interrompe le cours de sa prédication et aille jusqu'à s'écrier :

    « Qu'ai-je à faire de ce Cantique, moi qui suis dans l'amertume ? La douleur cuisante détourne mon attention ... je me suis fait violence et j'ai dissimulé jusqu'à présent ma détresse, de peur que les sentiments ne paraissent l'emporter sur la foi ... Je me suis tenu, les yeux secs, près de la tombe, jusqu'à ce que toutes les cérémonies de l'enterrement fussent achevées ... »

    Bernard laisse couler enfin ses larmes et s'avoue vaincu. Cette faiblesse dévoile son âme sensible et passionnée et contribue à le rendre proche de ses frères en humanité.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Sermons 16-32

    Les Sermons 16 à 23 ont été écrits entre novembre 1135 et la fin de l’année 1136, avant le troisième voyage de Bernard en Italie. C’est sans doute après son retour, à l’automne 1138, qu’il a repris ses Sermons sur le Cantique. Les Sermons 26-32 ont sans doute été achevés avant le carême de 1139. Le Sermon 26 est le plus remarquable de la série. Il traite de la mort de Gérard, frère de Bernard, qui vient interrompre le cours de l’exposé.

    Le texte latin est repris de l’édition des Sancti Bernardi Opera, I, p. 89-233, avec quelques corrections.

    Sermon 16 : symbolique du sept ; miracle d’Élisée ; les trois sortes de confession

    Sermon 17 : présence et absence de l’Esprit ; le jugement du diable

    Sermon 18 : les deux opérations de l’Esprit, infusion et effusion

    Sermon 19 : sur Ct 1, 2, « les jeunes filles t’ont aimé avec excès »

    Sermon 20 : l’amour pour le Seigneur Jésus

    Sermon 21 : sur Ct 1, 3, « Entraîne-moi sur tes pas »

    Sermon 22 : les parfums de l’Époux

    Sermon 23 : « le Roi m’a fait entrer dans ses celliers » ; le jardin, le cellier, la chambre

    Sermon 24 : « les âmes droites t’aiment »

    Sermon 25 : sur Ct 1, 4, « les filles de Jérusalem » ; l’épouse noire et belle

    Sermon 26 : « L’épouse est noire comme les tentes de Cédar » ; oraison funèbre de Gérard

    Sermon 27 : les pavillons de Salomon, la beauté et la gloire de l’épouse

    Sermon 28 : la noirceur des pavillons, de l’épouse, du Christ ; l’ouïe et la vue

    Sermon 29 : sur Ct 1, 5, « Les fils de ma mère ont combattu contre moi » ; mal et réprimande en communauté

    Sermon 30 : « Ils m’ont mise à garder les vignes » ; l’âme comme vigne

    Sermon 31 : sur Ct 1, 6, la vision de Dieu ; manifestation de l’Époux

    Sermon 32 : la présence de l’Époux dans l’âme comme médecin, compagnon, roi, père, berger

    Extrait(s)

    [Sermon 26 : Après la mort de son frère Gérard] p. 289-291

    Je voudrais tant savoir quels sont maintenant tes sentiments envers moi, ton unique, qui chancelle au milieu des soucis et des peines, privé de toi, le bâton de ma faiblesse. Si toutefois il t’est encore permis de songer à nous, misérables, maintenant que tu es entré dans l’abîme de lumière et que tu es plongé dans cet océan d’éternelle félicité. « Même si tu nous as connus selon la chair, peut-être ne nous connais-tu plus désormais. » « Entré dans le royaume du Dieu puissant, tu ne te souviens que de sa justice », tu nous oublies. « Celui qui s’attache à Dieu est avec lui un seul esprit » ; il passe tout entier, pour ainsi dire, dans les sentiments de Dieu. Rempli de Dieu, il ne peut plus sentir ou goûter que Dieu seul, et ce que Dieu sent et goûte.

    Mais « Dieu est charité », et plus on est uni à Dieu, plus on est rempli de charité. Certes, Dieu est incapable de pâtir, mais non de compatir, lui dont le propre est d’avoir toujours pitié et de pardonner. Il faut donc que toi aussi, tu sois miséricordieux, toi qui es uni au Miséricordieux, et désormais délivré de la misère. Toi qui ne peux plus pâtir, tu peux cependant compatir. Ton affection n’est pas diminuée, elle est transformée. Lorsque tu t’es revêtu de Dieu, tu ne t’es pas dépouillé de ta sollicitude pour nous : car « Dieu lui-même prend soin de nous ». Tu as laissé là ta faiblesse, mais non ta tendresse. Enfin, « la charité ne passe jamais » : « Tu ne m’oublieras pas pour toujours ».

    26, 9, SC 431, p. 301

    Mon âme s’était attachée à la sienne ; et elles n’en faisaient plus qu’une, non pas par le lien du sang, mais par l’accord des esprits. Certes, la parenté charnelle n’était pas absente ; mais c’étaient surtout l’affinité spirituelle, l’accord de nos âmes, la conformité des mœurs qui nous unissaient. Comme nous n’étions qu’un seul cœur et une seule âme, le glaive a transpercé en même temps mon âme et la sienne. Il nous a coupés en deux, et il a placé une moitié au ciel, tandis qu’il abandonnait l’autre dans la boue.

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