• SC 480

    Bernard de Clairvaux

    Sermons pour l'année. Tome I.1
    Avent et Vigile de Noël

    ŒUVRES COMPLÈTES XV.1
    mars 2004

    Texte latin des S. Bernardi Opera par J. Leclercq, H. Rochais et Ch.-H. Talbot. — Introduction par Marielle Lamy. — Traduction par Marie-Imelda Huille (†), o.c.s.o. — Notes par Aimé Solignac, s.j.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre et de la Fondation Singer-Polignac.
    Révision assurée par Laurence Mellerin.
    ISBN : 978-2-204-07365-3
    334 pages
    Vivre l'année liturgique avec saint Bernard, en plus de 120 sermons.

    Présentation

    Textes littéraires très travaillés, enracinés dans la liturgie et la vie quotidienne du monastère de Clairvaux, les Sermons pour l'année ne sont pas toutefois l'exact reflet d'une prédication orale. Ils constituent de véritables « traités » thématiques où Bernard, en docteur de la vie spirituelle, développe sa théologie mystique.

    L'aujourd'hui de la liturgie est en tension entre le passé et l'avenir, entre le « déjà là » et le « pas encore » : il renvoie à l'économie du salut, à l'histoire sainte comme à l'attente eschatologique. Les Sermons autour de Noël insistent sur l'abaissement du Dieu miséricordieux, dans la décision même de l'Incarnation, dans la naissance du Verbe « abrégé dans la chair » et pauvre parmi les pauvres, dans sa soumission à la loi de la circoncision, au baptême des pécheurs. Mais dès le premier sermon, la trajectoire est annoncée de bout en bout : celui qui est descendu au plus bas, jusque dans l'enfer, est aussi celui qui est monté au plus haut des cieux. C'est un itinéraire de salut que Bernard propose ici à ceux qui veulent imiter le Christ dans son humilité.

    Par ces sermons, Bernard a exercé une influence considérable chez les cisterciens (Guerric d'Igny, Isaac de l'Étoile et Aelred de Rievaulx), mais il a aussi enrichi le patrimoine spirituel de l'Église tout entière : Jean Gerson ou François de Sales par exemple surent en tirer profit. Ils participent tout spécialement à la redécouverte contemporaine de Bernard comme un grand auteur mystique, qui appelle à une conversion mobilisant à la fois raison et affectivité.

    Sœur Marie-Imelda Huille † (o.c.s.o.) est moniale à l’Abbaye Notre-Dame d’Igny. Marielle Lamy est maître de conférences à l'Université Paris IV. Le P. Aimé Solignac, jésuite, est collaborateur à Sources Chrétiennes.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Les Sermons pour l'année de Bernard de Clairvaux inaugurent, eux aussi, une nouvelle série à l'intérieur du programme d'édition des Œuvres complètes du grand abbé cistercien. Le tome I.1 (SC 480) contient sept sermons pour l'Avent et six sermons pour la Vigile de Noël ; le tome I.2 (SC 481), dix-neuf sermons pour le temps qui va de Noël à la purification de la Vierge (5 sermons pour Noël, 1 pour les fêtes de saint Étienne, saint Jean et les saints Innocents, 3 pour la circoncision du Seigneur, 4 pour l'Épiphanie et le dimanche en octave, 2 sur les noces de Cana, 1 sur la conversion de Paul, 3 pour la Purification). On trouve là un écho de la prédication de l'abbé s'adressant à ses moines assemblés au chapitre, non plus pour commenter la Règle, mais pour leur offrir une nourriture spirituelle d'une autre sorte à l'occasion des grandes fêtes de l'année liturgique, comme le veut l'usage cistercien. Un usage que Bernard paraît avoir largement étendu et dont les 128 pièces conservées dans la collection la plus complète des Sermons pour l'année ne représentent sans doute qu'une partie de sa prédication, poursuivie d'année en année en fonction du calendrier liturgique. Tout semble indiquer que ces sermons ont été réellement prêchés et ne relèvent pas seulement d'un artifice littéraire ; il ne faudrait pas croire pourtant qu'ils sont l'exact reflet de la prédication orale de Bernard : ils ont été retravaillés, partiellement récrits parfois, pour devenir des textes littéraires réunis dans des collections, dont on connaît plusieurs états, depuis une série brève jusqu'à la série la plus complète, ici éditée, réalisée du vivant de Bernard.

    La volonté de présenter un cycle continu de sermons, suivant le déroulement de l'année liturgique, depuis l'Avent jusqu'aux fêtes de novembre, a présidé à la constitution de ce recueil. Elle a nécessité une sélection, l'adoption parfois d'un ordre différent de celui de la prédication, voire l'adjonction de sermons complémentaires. Grâce aux indications contenues dans plusieurs sermons, les spécialistes ont pu proposer une date, au moins approximative, de rédaction de ces collections successives, dont on peut mesurer, chaque fois, ce qu'elles doivent à un effort de composition littéraire. Progressivement, grâce à un travail de réécriture, à des remaniements et des amplifications souhaités par Bernard lui-même, le discours oral s'est effacé derrière un texte destiné à être lu et médité, le groupement des sermons par thèmes et par sujets permettant la mise en place de subtiles harmoniques et l'approfondissement du mystère dans lequel introduit la fête liturgique. Comme l'écrit Marielle Lamy, maître de conférences à la Sorbonne, à qui l'on doit l'introduction générale à ces deux volumes : « La prédication de Bernard a pour but de faire entrer ses moines dans la dimension sacramentelle de la liturgie », qui est actualisation de l'histoire du salut depuis l'incarnation du Verbe jusqu'au moment où le Christ est remonté siéger à la droite du Père dans la gloire. Bernard propose ainsi à chaque moine, comme à toute sa communauté, un itinéraire spirituel à travers les fêtes que la liturgie tout à la fois commémore et actualise de manière cyclique dans le temps présent, elle qui introduit déjà, par anticipation, dans l'éternité avec le Christ :

    « Pourquoi s'étonner qu'on dise aujourd'hui encore dans l'Église : 'le Christ, le Fils de Dieu, naît', alors que si longtemps auparavant on disait déjà – et c'était bien de lui qu'il s'agissait – 'Un enfant nous est né' (Is 9, 6) ? Il y a bien longtemps qu'on a commencé d'entendre cette parole, et jamais aucun des saints ne s'en est lassé. C'est que 'le Christ Jésus', le Fils de Dieu, 'est identique hier, aujourd'hui, et pour l'éternité' (He 13, 8) » [Sermon VI, 3 pour la Vigile de Noël].

    Tracé pour des moines cisterciens, cet itinéraire spirituel ne leur est pas réservé : le chrétien d'aujourd'hui, désireux de nourrir sa vie spirituelle, peut aisément l'emprunter. Ainsi ne saurait-on fêter en toute vérité l'avènement du Christ à Noël et attendre son dernier avènement dans la gloire sans laisser place à ce troisième avènement, intermédiaire et tout intime, si cher à saint Bernard, celui du Christ au-dedans de soi et dans sa vie :

    « Cet avènement intermédiaire est ainsi comme un chemin par lequel on va du premier au dernier » (Sermon V, 1 pour l'Avent).

    La traduction de ces sermons a été faite par Sœur Marie-Imelda Huille, moniale de l'abbaye Notre-Dame d'Igny ; l'annotation, en dehors des notes bibliques rédigées par Jean Figuet, est due au P. Aimé Solignac de l'Institut des Sources Chrétiennes.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le texte est repris des Sancti Bernardi Opera, en tenant compte des corrections indiquées par Jean Leclercq en 1987 (« Errata corrigenda dans l’édition de saint Bernard », Recueil IV, p. 414-417) et de celles ajoutées dans le Thesaurus sancti Bernardi.

    Sermons pour l'Avent

    Bernard a choisi de présenter ces sept sermons dans un ordre qui ne correspond pas à celui de leur publication, pour les organiser en un exposé progressif. Le Sermon 1 est introductif, il réfléchit au sens du mot adventus. Il s’agit de savoir qui est celui qui vient, d’où il vient, où il vient, pourquoi, quand et par où. Le Sermon 2 traite de la venue du Christ selon la chair, premier avènement, visible. Le Sermon 3 rappelle que cette venue du Christ se fait aussi à l’intérieur de l’âme du croyant, chaque jour, de façon invisible : c’est le medius adventus, qui précède, en se réalisant dans l’interim de la vie terrestre, la venue eschatologique du Christ en gloire. Bernard souligne la nécessaire pratique de la justice pour se rendre disponible à cet avènement. Avec la même finalité, le Sermon 4 offre un développement sur les vertus suivant les sept béatitudes. Le Sermon 5 décrit plus en détails l’avènement intermédiaire, qui passe par l’accueil de la parole divine et produit en l’homme une triple rénovation. Le 6e Sermon évoque les relations entre le corps et l’âme à la lumière des deux premiers avènements, et la transformation du corps d’humilité en corps de gloire qui caractérisera la résurrection de la chair. Enfin, le Sermon 7 constitue une dense conclusion sur la triple utilité.

    Sermons pour la Vigile de Noël

    Les six Sermons pour la Vigile de Noël s’organisent autour de textes liturgiques chantés pour l’annonce de la Nativité. Dans le premier, il s’agit du verset conclusif du Martyrologe de Noël : « Jésus le Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem en Juda ». C’est l’occasion pour Bernard de réfléchir au triple nom de Jésus, Christ, Fils de Dieu, qui procure une triple rédemption et une triple joie, et d’exhorter ses moines à devenir eux-mêmes Bethléem de Juda. Dans le deuxième sermon, Bernard part de l’antienne « Juda et Jérusalem » pour inviter à la double confession des œuvres et de la parole, dans l’espérance. Le troisième s’appuie sur des paroles récurrentes dans la liturgie de la Vigile : « Aujourd’hui, vous saurez que le Seigneur va venir ». Cette connaissance rénove intérieurement et permet de bannir la crainte, en observant une triple vigilance. Le quatrième sermon médite sur les deux mains de l’Époux évoquées en Ct 2, 6 : la gauche contient les remèdes (conception virginale, enfantement sans douleur, mère intacte, perfection de l’enfant, humilité de sa naissance, amour dans la Passion) ; la droite porte les délices, la lumière et la paix inaccessibles dont la source est trinitaire. Le cinquième sermon revient sur l’hodie avec le répons « Aujourd’hui, sanctifiez-vous et tenez-vous prêts… ». Il médite sur les oppositions entre nuit et jour, aujourd’hui et demain et exhorte à la foi envers Dieu et la douceur envers les hommes, vertus qui préparent au bonheur eschatologique. Enfin, le sixième sermon revient, formant une inclusion, sur le triple nom et la naissance toujours actuelle du Christ.

    Extrait(s)

    Sermon pour l’Avent 5, 1 (SC 480, p. 169-171)

    Il y a en effet un troisième avènement, intermédiaire entre les deux autres : en lui reposent avec délices ceux qui l’ont reconnu. Car si les deux autres avènements sont manifestes, celui-ci ne l’est pas. Dans le premier, le Seigneur a été visible sur la terre et il a vécu parmi les hommes : c’est le temps où, selon son propre témoignage, ils l’ont vu et ils l’ont pris en haine. Lors du dernier avènement, toute chair verra le salut de notre Dieu, et les hommes verront celui qu’ils ont transpercé. L’avènement intermédiaire, lui, est intime : en cette venue, seuls les élus le voient au-dedans d’eux-mêmes, et leur âme en est sauvée. Dans le premier donc, il vient dans la chair et la faiblesse. Dans celui du milieu, il vient dans l’Esprit et la puissance. Dans le dernier, il vient dans la gloire et la majesté. (…) Cet avènement intermédiaire est ainsi un chemin par lequel on va du premier au dernier. Dans le premier, le Christ a été notre rédemption ; dans le dernier, il apparaîtra comme notre vie ; dans celui-ci, il est notre repos et notre réconfort, de sorte que nous demeurions en repos entre les deux héritages.

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