• SC 414

    Bernard de Clairvaux

    Sermons sur le Cantique. Tome I
    (Sermons 1-15)

    ŒUVRES COMPLÈTES X
    août 2006

    Texte latin des S. Bernardi Opera par J. Leclercq, H. Rochais, Ch.-H. Talbot. — Introduction et notes par Paul Verdeyen, s.j. — Traduction par Raffaele Fassetta, o.c.s.o.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.
    Révision assurée par Dominique GonnetLaurence Mellerin.
    Réimpression de la première édition (1996) revue et corrigée
    ISBN : 978-2-204-08251-8
    366 pages
    « Rendre Dieu sensible au cœur » : un chef-d'œuvre spirituel en plus de 80 sermons.

    Présentation

    A partir de 1130, Bernard de Clairvaux donne toute son attention à la rencontre amoureuse entre la créature humaine et son Dieu. Dans un entretien mémorable avec Guillaume de Saint-Thierry, il trouve le langage qui convient pour présenter ce sujet : celui du Cantique des Cantiques. Pendant l'Avent de 1135, il commence la série des Sermons sur le Cantique qu'il continuera jusqu'aux derniers jours de sa vie. Œuvre majeure du saint abbé, elle développe tous les thèmes de sa doctrine spirituelle et mystique. Par cette œuvre, Bernard a exercé une influence considérable sur les grands auteurs spirituels des siècles à venir (Tauler, Ruusbroec, Jean de la Croix, François de Sales, etc.).

    Ce volume contient les sermons 1 à 15. Les sermons 1 à 8 distinguent les trois étapes classiques de la vie spirituelle, « purgative, illuminative et unitive ». Bernard les caractérise par l'image du baiser des pieds, des mains et de la bouche. Mais rien de cela n'est exposé abstraitement ; le texte est imprégné d'expérience directe et personnelle. Les sermons 9 à 13 explicitent le sens spirituel des seins de l'Époux et de l'épouse, et des différents parfums qui annoncent et préparent la rencontre amoureuse. Le sermon 14 présente la distinction classique entre la Synagogue et l'Église. Le sermon 15 est une méditation ardente sur le nom de Jésus, qui est une huile répandue parmi tous les peuples.

    Paul Verdeyen, jésuite, enseigne à l'Université d'Anvers.

    Raffaele Fassetta, cistercien, est moine à l'abbaye Notre-Dame de Tamié.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Avec le premier tome des Sermons sur le Cantique (Sermons 1-15) de Bernard de Clairvaux (SC 414), nous changeons sans aucun doute de genre littéraire et de style, mais nous restons très proches de cette expérience mystique dont Hugues de Balma trace la voie. Les Sermons de l’abbé de Clairvaux, qu’ils aient été ou non prononcés devant ses moines, qu’ils aient été récrits ou remaniés après avoir fait l’objet d’entretiens capitulaires, procèdent « de l’abondance du cœur ». Bernard, interprète du Cantique, se souvient tout naturellement d’Origène ; c’est à lui qu’il doit l’identification de l’Époux avec le Christ, et de l’Épouse tour à tour avec l’Église ou avec l’âme du croyant, éprise de l’amour divin. En choisissant le genre du sermon pour expliquer le Cantique, Bernard renonce à l’érudition, à l’exposé théologique ou polémique, tels que les impose un commentaire suivi, nécessairement plus savant et plus austère, et trouve là un style qui n’est pas sans rappeler celui d’Origène dans ses homélies. Son but est en effet, comme on l’a dit, de « rendre Dieu sensible au cœur », de faire entrer son auditeur dans l’intimité aimante du Christ : « Je ne m’efforce pas tant d’expliquer les textes que d’abreuver les cœurs », déclare-t-il. Cette union amoureuse de la créature avec son créateur, décrite par le Cantique, Bernard sait bien toutefois que ne peuvent véritablement la concevoir que des esprits avertis, entraînés à la lecture de l’Écriture et capables de dépasser le caractère érotique et charnel du texte. Aussi prévient-il son auditoire : « Il ne sied pas à une âme encore dans l’enfance et néophyte, et qui vient d’entrer au monastère, de chanter ou d’entendre ce cantique. Seul en est capable un esprit déjà avancé et formé qui, sous l’action de Dieu, a si bien mûri dans ses progrès qu’il a atteint l’âge accompli et les années dites nubiles… Une telle âme est capable de participer aux noces de l’Époux céleste. »

    Ce sont donc bien les étapes de la vie spirituelle et de l’expérience mystique que décrit Bernard dans la lecture qu’il fait du Cantique, et qu’il résume en imaginant que le baiser donné sur la bouche, dont il est question en Cantique 1, 1 (« Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche ») est précédé d’un baiser sur les pieds et d’un autre sur les mains, dont il explique le symbolisme : « Le premier consacre les prémices de notre conversion ; le deuxième est accordé à ceux qui progressent ; le troisième est une expérience réservée au petit nombre des parfaits. » Pour traduire les trois étapes successives de l’union mystique, cette symbolique des trois baisers imaginée par Bernard connaîtra une rapide fortune, dont témoigne sa reprise par Hugues de Balma, dès les premières lignes consacrées à la « Voie unitive » dans sa Théologie mystique.

    Ces Sermons sur le Cantique, qui passent, aux yeux de la critique, pour l’œuvre la plus achevée de Bernard, ont exercé sur la spiritualité chrétienne, depuis le Moyen Âge, une influence considérable. Nous aurons l’occasion d’y revenir, puisque ce premier tome, dont le Père Paul Verdeyen, professeur à l’Université d’Anvers a rédigé l’Introduction et les Notes, tandis que le Frère Raffaele Fassetta, moine de Tamié, a donné la traduction du texte latin, doit être suivi de quatre autres.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Les Sermons 1 à 15 ont tous été rédigés entre novembre 1135 et la fin de l’année 1136. Ils portent sur Ct 1, 1-2.

    Les sermons 1 à 8 distinguent les trois étapes classiques de la vie spirituelle, « purgative, illuminative et unitive ». Bernard les caractérise par l'image du baiser des pieds, des mains et de la bouche. Mais rien de cela n'est exposé abstraitement ; le texte est imprégné d'expérience directe et personnelle.

    Sermon 1 : Introduction au Cantique, son titre, ses lecteurs. Bernard explicite qui sont pour lui l’Époux et l’épouse du Cantique : l’Époux est le Christ, Verbe incarné ; l’épouse est ou bien l’Église, ou bien toute âme individuelle.

    Sermon 2 : les quatre baisers dans l’histoire du salut : le désir des Pères ; Jésus homme et Christ ; le sacrement du Christ révélé aux anciens ; la présence du Christ manifestée dans la chair.

    Sermons 3-4 : les trois baisers des pieds, des mains, de la bouche.

    Sermon 5 : les esprits de l’animal, de l’homme, de l’ange et de Dieu. Leur rapport au corps.

    Sermon 6 : la volonté de Dieu ; ce que signifient les « pieds » de Dieu et leurs dons

    Sermon 7 : les mains de Dieu, l’amour chaste de l’épouse et autres sujets.

    Sermon 8 : le baiser suprême, l’Esprit saint ; le baiser du Père et du Fils ; le baiser du baiser pour les hommes.

    Les sermons 9 à 13 explicitent le sens spirituel des seins de l'Époux et de l'épouse, et des différents parfums qui annoncent et préparent la rencontre amoureuse.

    Sermon 9 : les seins de l’Époux ; ses compagnons.

    Sermon 10 : les seins de l’épouse ; les sortes de lait et de parfum.

    Sermon 11 : le fruit de la Rédemption, motif d’action de grâce.

    Sermon 12 : le parfum de la compassion, exhalé par les saints.

    Sermon 13 : l’action de grâce ; se glorifier en Dieu seul.

    Sermon 14 : distinction classique entre la Synagogue et l'Église. En effet, l’exégèse juive mettait le Cantique dans la bouche de la Synagogue, mais pour les chrétiens l’Église a pris sa place, Israël selon l’esprit.

    Sermon 15 : méditation sur le nom de Jésus, huile répandue parmi les peuples.

    Extrait(s)

    Sermon sur le Cantique 1, 11-12, p. 77

    11. Mais il y a un cantique qui, par sa singulière dignité et douceur, surpasse à bon droit tous les cantiques que nous avons rappelés, et même tous les autres. Et je l’appellerai à juste titre le Cantique des Cantiques, parce que c’est lui qui est le fruit de tous les autres. Un tel cantique, seule « l’onction de l’Esprit nous l’apprend », seule l’expérience nous l’enseigne. Ceux qui en ont l’expérience, qu’ils le reconnaissent ; ceux qui n’ont pas cette expérience, qu’ils brûlent du désir, non tant de connaître que d’expérimenter. Ce n’est point un bruit sorti de la bouche, mais une jubilation du cœur, ni un son produit par les lèvres, mais un mouvement de joie ; un concert des volontés, non des voix. « On ne l’entend pas au dehors », car il ne retentit pas en public. Seuls l’entendent celle qui le chante et celui pour qui il est chanté, c’est-à-dire l’Époux et l’épouse. C’est vraiment un chant nuptial, qui exprime les chastes et joyeuses étreintes des esprits, l’harmonie des mœurs, l’amour réciproque dans l’accord des sentiments.

    12. D’ailleurs, il ne sied pas à une âme encore dans l’enfance et néophyte, et qui vient d’entrer au monastère, de chanter ou d’entendre ce cantique. Seul en est capable un esprit déjà avancé et formé qui, sous l’action de Dieu, a si bien mûri dans ses progrès qu’il a atteint l’âge accompli et les années dites nubiles – je parle des années de mérite et non d’ancienneté. Une telle âme est capable de participer aux noces de l’Époux céleste.

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