• SC 560

    Jean Chrysostome

    Homélies sur l'impuissance du diable

    octobre 2013

    Introduction, texte critique, traduction et notes par Adina Peleanu.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Guillaume Bady.
    ISBN : 978-2-204-10169-1
    227 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    Non, le mal n'est pas naturel, et oui, l'homme est libre, dit Jean « Bouche d'or ».

    Présentation

    Les deux homélies sur L’impuissance du diable, connues jusqu’ici sous le titre latin De diabolo tentatore, ont été prononcées par Jean Chrysostome à Antioche peu après le début de son sacerdoce en 386. Dans ces discours qui sont moins une théodicée qu’un plaidoyer pour la création, Bouche d’or se fait tour à tour l’accusateur et l’avocat du diable — celui-là même dont le nom grec, « diabolos », signifie « calomniateur ».

    Car les véritables causes du mal, selon l’Antiochien, sont la négligence morale et le mauvais choix, non la nature : combattant par la même occasion le manichéisme, le prédicateur s’attache à imposer l’idée paradoxale que du mal extérieur peut naître le bien, car le vrai bien, comme le vrai mal, est intérieur. À ce titre le diable est impuissant devant le libre choix humain, son existence n’ayant d’autre but que de l’éprouver. Le pasteur propose dès lors cinq voies de conversion, tandis que l’orateur et exégète multiplie antithèses, images insolites et exemples bibliques culminant dans la figure de Job, qui, contrairement à Adam et Ève, a fait le bon choix.

    Adina Peleanu (moniale Antonia, du monastère orthodoxe roumain Protection de la Mère de Dieu, Limours, Essonne), a consacré à ses textes sa thèse de l'École Pratique des Hautes Études.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Ces deux petites homélies sur L’impuissance du diable remontent aux années antiochiennes de Chrysostome, au début de son ordination comme prêtre. Elles nous engagent à être clairvoyants sur le diable, sans fantasmes ni peurs inutiles, à le mettre à nu pour mieux savoir à qui nous avons affaire. Le diable n’est pas violent, il agit par persuasion et tromperie, non par contrainte. À une question fréquente : Pourquoi Dieu n’a-t-il pas mis une fois pour toutes le diable hors d’état de nuire ?, Chrysostome répond : Supposons deux athlètes qui doivent combattre un adversaire, dont l’un est très entraîné et plein d’ardeur, l’autre négligent et vautré dans la facilité ; si l’on supprime le combat, qui est lésé ? Le bon athlète… Donc si Dieu laisse le diable, c’est pour ne pas priver les bons d’un combat victorieux (hom. I, 2). Les négligents, s’ils sont vaincus, ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes : ce sont eux, non le diable, qui causent à eux-mêmes le mal. Il n’y a qu’à comparer Adam et Job : l’un a succombé au tentateur, l’autre non. Il n’y a aucune fatalité, chacun est ramené à sa responsabilité, comme l’illustrent les paraboles du jugement. En effet, le mal – celui que nous faisons – n’est pas dans la « nature », pas même dans celle du diable, il résulte toujours d’un choix. Le diable fait le mal parce qu’il est jaloux des humains, et il n’est fort, dit Chrysostome, que de notre faiblesse : il n’a que le pouvoir que nous lui laissons prendre sur nous. Leçon d’optimisme et de liberté !

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Les deux courtes homélies sur l’impuissance du diable remontent aux années antiochiennes de Chrysostome, au début de son ordination comme prêtre, comme l’indique la mention de l’évêque Flavien dans la première homélie. Comme pour beaucoup d’homélies chrysostomiennes, aucune datation plus précise ne peut être proposée. Il s’agit vraisemblablement de sermons mystagogiques, prononcés pendant la semaine qui suit les fêtes de Pâque et destinés aux nouveaux baptisés. La première homélie était probablement précédée d’un autre sermon, perdu, sur le même sujet. La seconde a quant à elle été prononcée deux jours après la première. Aucun indice ne permet d’inclure les deux textes dans la série d’homélies Sur l’obscurité des prophéties.

    Le texte critique grec du volume est inédit. Il a été établi à partir de soixante-treize manuscrits. La moitié transmet les deux textes en une série, quatre les donnent séparément, et le reste ne donne que l’une de deux. L’édition actuelle retient des manuscrits que peu d’éditeurs antérieurs avaient retenus, et dont les leçons sont confirmées par la version arménienne des sermons.

     

    Les deux homélies de la série engagent à être clairvoyants sur le diable, sans fantasmes ni peurs inutiles, à le mettre à nu pour mieux savoir à qui nous avons affaire. Le diable n’est pas violent, il agit par persuasion et tromperie, non par contrainte, affirme Jean Chrysostome. À une question fréquente, « pourquoi Dieu n’a-t-il pas mis une fois pour toutes le diable hors d’état de nuire? », le prédicateur répond : « Supposons deux athlètes qui doivent combattre un adversaire, dont l’un est très entraîné et plein d’ardeur, l’autre négligent et vautré dans la facilité; si l’on supprime le combat, qui est lésé? Le bon athlète… Donc si Dieu laisse le diable, c’est pour ne pas priver les bons d’un combat victorieux. » (I, 2) Les négligents, s’ils sont vaincus, ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes : ce sont eux, non le diable, qui causent à eux-mêmes le mal. Il n’y a qu’à comparer Adam et Job : l’un a succombé au tentateur, l’autre non. Il n’y a aucune fatalité, chacun est ramené à sa responsabilité, comme l’illustrent les paraboles du jugement. En effet, le mal – celui que nous faisons – n’est pas dans la «nature», pas même dans celle du diable, il résulte toujours d’un choix. Le diable fait le mal parce qu’il est jaloux des humains, et il n’est fort, dit Chrysostome, que de notre faiblesse : il n’a que le pouvoir que nous lui laissons prendre sur nous. Ces homélies délivrent ainsi un message optimiste qui n’enferme pas l’homme dans une fatalité quelconque et lui laisse toute sa liberté. Elles ont également une visée pédagogique: loin de se contenter d’un exposé théologique et doctrinal, elles proposent également des chemins de conversion à l’exemple de Job. Malgré leur titre qui laisse imaginer un exposé purement spéculatif, l’objectif de ces deux sermons est d’abord pastoral : guider les fidèles vers le salut de l’âme.

    Extrait(s)

    (I, 5, p. 145)

    Si je vous ai dit tout cela maintenant, ce n’est pas pour affranchir le diable des accusations qui pèsent sur lui, mais pour vous libérer de votre négligence. De fait, il souhaite fortement, lui, se voir attribuer la responsabilité de nos péchés, afin que, nourris par de telles attentes, et nous livrant à toute sorte de mal, nous augmentions le châtiment qui nous menace, sans obtenir aucun pardon pour avoir rejeté sur lui la responsabilité – comme Ève, qui ne l’a pas obtenu non plus. Mais nous, ne faisons pas cela, et connaissons-nous nous-mêmes, connaissons nos blessures ! C’est ainsi, en effet, que nous pourrons appliquer les remèdes ; car celui qui ne connaît pas sa maladie ne pourra prendre aucun soin de son état. Nous avons commis beaucoup de péchés ; je le sais moi aussi : tous, nous méritons des châtiments ; mais nous ne sommes pas privés de pardon ni exclus d’une conversion : nous sommes encore debout sur l’aire de lutte et nous sommes dans les combats de la conversion.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    12

    l. 15

    romains

    arabes

     

    97

    l. 12

    pour la deuxième homélie F, J et qui

    (pour la deuxième homélie) ;  F et J qui

     

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