-
SC 103
Jean Chrysostome
Lettre d'exil
À Olympias et à tous les fidèles (Quod nemo laeditur)décembre 1964Introduction, texte critique, traduction et notes par Anne-Marie Malingrey.
Réimpression de la première édition (2011)
ISBN : 9782204036078151 pagesIndisponible chez notre éditeurIl n'est point de pire mal que celui qu'on se fait à soi-même, écrit l'évêque persécuté et bientôt abandonné à la mort.
Présentation
Dans ce traité en forme de lettre, Jean Chrysostome applique tout son talent rhétorique pour convaincre les chrétiens de Constantinople, en butte aux persécutions du pouvoir, que les souffrances ne sauraient pas les atteindre, tant qu’ils garderont leur intégrité morale. Qu’attendent en effet de leur évêque les fidèles persécutés ? L’assurance que les restrictions apportées à la liberté du culte, les amendes, les mauvais traitements ne peuvent les atteindre « dans la sagesse de leur âme ». Le détachement des biens passagers, la pureté de conscience, le courage que Jean exalte en empruntant les termes de Platon et d’Épictète sont des valeurs naturelles qui doivent s’épanouir en vertus chez les chrétiens.
Plutôt qu’à une lettre, ce texte s’apparente à un sermon, que l’évêque exilé adresse à tous les croyants de sa ville de Constantinople. Il y prend à témoins tous ceux que son sort d’exilé scandalise, et qui le plaignent : qu’est-ce donc que faire du tort à quelqu’un ? Qui sait, dans ce qui nous arrive, ce qui est un mal et ce qui est un bien ? Qu’est-ce qu’être heureux ? À travers tout un parcours dans l’Écriture, où tant de justes souffrent persécution, d’Abel et Job à Jean Baptiste, Lazare ou Paul, Chrysostome réfléchit sur sa propre situation, pour ouvrir son lecteur à cette conviction toute socratique qu’il vaut mieux subir l’injustice que la commettre.Anne-Marie Malingrey (1904 – 2002), qui était professeur à l’Université Charles-de-Gaulle–Lille III, a consacré toute son œuvre scientifique à Jean Chrysostome, dont elle a édité de nombreux textes dans la Collection.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Cette lettre est rédigée pendant l’hiver 406-407. Elle est désignée dans les catalogues sous la rubrique Quod nemo laeditur. Il s’agit d’un message envoyé du fin fond de l’Arménie pour être lu à Constantinople et engager les fidèles à rester fermes dans l’adversité.
31 manuscrits présentent l’œuvre, écrite d’un seul jet, que l’on peut classer en trois familles. La finale du texte, elle, se présente de trois façons différentes. Ont été utilisés dans l’apparat critique : Parisinus gr. 764 ; Vaticanus gr. 551 ; Oxoniensis Bodl. Thomas Roe 24 ; Parisinus gr. 759 ; Atheniensis 211.
Ce que l’on croit être l’édition princeps paraît à Louvain en 1539. Deux éditions suivent, en 1541 (Paris) et 1585 (Rome). En 1612, l’éditeur Savile améliore l’édition de 1585 avec le manuscrit Monacensis gr. 6. L’auteur présente les 5 manuscrits grecs, les éditions latines et gréco-latines du texte.
Il s’agit de convaincre les fidèles que les épreuves qu’ils endurent depuis l’exil de leur évêque (persécutions civiles et religieuses) ne sauraient les atteindre tant qu’ils garderont leur intégrité morale. L’ouvrage se compose de 17 chapitres : 1-6 : il s’agit de faire admettre un ensemble de propositions contraires à l’opinion commune pour en tirer une règle de conduite. 7-9 : thème « être et paraître ». Le thème principal réapparaît au chapitre 10 et court jusqu’au chapitre 12, le 11 étant consacré à des exemples, comme les chapitres 13 et 15. La fin de l’ouvrage continue à explorer et approfondir ce même thème (12-17). La lettre ressemble davantage à une homélie par son style oratoire : l’exposé se développe tantôt par des approximations successives, à la manière de Platon, tantôt par de petits dialogues, dans la ligne de la diatribe. Paradoxalement, Jean n’appelle pas à aimer davantage Dieu, il s’abstient de considérations religieuses explicitement formulées. Nous sommes face à un morceau d’éloquence inspiré par un humanisme largement ouvert.
Extrait(s)
Qu’est-ce donc qui fait la valeur de l’homme ? Ce ne sont pas les richesses, pour qu’on craigne la pauvreté ; ce n’est pas la santé, pour qu’on ait peur de la maladie ; ce n’est pas l’opinion de la foule, pour qu’on redoute la mauvaise réputation ; ce n’est pas purement et simplement de vivre, pour qu’on appréhende la mort ; ce n’est pas la liberté, pour qu’on fuie l’esclavage, mais c’est la connaissance exacte de la vraie doctrine et la rectitude de la vie. Ces biens-là, le diable lui-même ne pourra en dépouiller celui qui les possède, s’il les garde avec le soin qui convient (§ 3, p. 70-71).
Errata
Page Localisation Texte fautif Texte corrigé Remarques 36 l. 9 so t soit 125 n. 8 Cf. ibid. 7, 26 ; 8-11. Cf. ibid. 7, 26, 8-11.
Du même auteur
-
SC 595GrecLe spectacle du martyre devient le lieu de la grâce : quand « Bouche d'Or » fait parler des voix qui n'ont plus de bouche.
-
SC 562Grec« Chaque jour est une fête » : un plaidoyer pour une spiritualité du quotidien.
-
SC 561Grec« Chaque jour est une fête » : un plaidoyer pour une spiritualité du quotidien.
-
SC 560GrecNon, le mal n'est pas naturel, et oui, l'homme est libre, dit Jean « Bouche d'or ».
-
SC 433GrecL'éminente dignité de l'homme et de la femme dans la création, par Jean Bouche d'or.
-
SC 396GrecLe credo de Nicée pour les nuls, ou l'éloquence vivante de « Bouche d'or ».
-
SC 366GrecSur le seuil du Royaume des cieux, les futurs baptisés d'Antioche écoutent Jean Bouche d'or.
-
SC 362GrecPlus fort qu'un empereur païen, l'évêque d'Antioche mort en martyr ! Une virulente apologie du christianisme, par Jean Bouche d'or.
-
SC 348Grec« Être un homme: c'est là un premier éloge ». Job, modèle du chrétien pour Jean Bouche d'or.
-
SC 346Grec« Être un homme: c'est là un premier éloge ». Job, modèle du chrétien pour Jean Bouche d'or.
-
SC 304GrecL'esprit et la « liberté de langage » du prophète, vus par Jean Bouche d'or.
-
SC 300Grec« L'imitation de saint Paul », ou la vie chrétienne selon Jean Bouche d'or.
-
SC 277Grec« Saint, Saint, Saint ! » Le cri de ravissement sans fin des Séraphins… et des chrétiens.
-
SC 272GrecLes fausses confidences et les vrais conseils d'un pasteur qui inspire les prêtres depuis 15 siècles.
-
SC 188GrecUne méthode moderne pour le caté : inspirée par le païen Pseudo-Plutarque, elle est signée de Jean Chrysostome au 4e siècle !
-
SC 50 bisGrecÀ Antioche, cette année-là, les nouveaux baptisés resplendissent plus que le ciel étoilé.
-
SC 28 bisGrecCroire tout savoir sur Dieu, quelle folie ! Cinq bijoux d'éloquence, par Jean Bouche d'or.
-
SC 13 bisGrecEntre la diaconesse et l'évêque exilé, l'amitié et la foi résistent à la distance et aux persécutions.
-
SC 138GrecSe remarier, ou rester veuve ? La réponse du fils d'une jeune veuve qui a choisi de le rester.
-
SC 125GrecLe mariage, c'est bien, la virginité, c'est mieux : Jean Chrysostome s'explique.
-
SC 117GrecUn moine est parti et veut se marier ? Jean « Bouche d'or » tente de le faire revenir.
-
SC 79GrecLe scandale du mal, médité par l'évêque persécuté et bientôt abandonné à la mort.