• SC 559

    Eusèbe de Césarée

    Vie de Constantin

    juillet 2013

    Texte critique par F. Winkelmann (GCS) — Introductions et notes par Luce Pietri. — Traduction par Marie-Josèphe Rondeau.

    Révision assurée par Yasmine Ech Chael.
    ISBN : 9782204101349
    568 pages

    Le premier empereur chrétien, par le premier historien de l’Église… et son plus grand partisan.

    Présentation

    Dix-sept siècles après sa conversion, Constantin, premier empereur chrétien de l’histoire, reste une figure majeure et controversée. L’évêque et historien Eusèbe de Césarée, qui l’a personnellement connu, a rédigé juste après sa mort un long récit, entre biographie et hagiographie, où il présente la vie de Constantin essentiellement du point de vue religieux, comme il le précise lui-même. Ce texte à la fois bien documenté et engagé, même s’il demande à être interprété avec précaution, est notre source la plus ancienne et la plus précise sur la vie de cet empereur hors du commun. Comme dans l'Histoire ecclésiastique, Eusèbe appuie en outre son récit sur des documents qu’il cite en tout ou partie : c’est ainsi qu’il transmet une quinzaine de lettres et décrets de l’empereur, dont l’authenticité n’est plus guère discutée aujourd’hui.

    La Vie de Constantin est ici traduite en français pour la première fois depuis le dix-septième siècle, accompagnée d’une solide introduction qui fait le point sur tous les problèmes posés par l’œuvre, et d’une riche annotation historique.

    Luce Pietri est professeur émérite à l’université Paris-IV Sorbonne. Spécialiste de la Gaule chrétienne, elle est notamment l’un des maîtres d’œuvre de la monumentale Histoire du christianisme.
    Marie-Josèphe Rondeau, professeur émérite à l’Université de Caen, auteur de la traduction, a consacré sa thèse d’état à l’exégèse patristique des Psaumes.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le volume de la Vie de Constantin, arrive juste à temps pour célébrer le dix-septième centenaire de l’édit de Milan (313), auquel plusieurs colloques étaient consacrés cette année. Nous avons à présent dans une traduction française moderne (la précédente et unique datait de 1675) le texte clef sur la grande figure de l’empereur Constantin. L’évêque Eusèbe de Césarée, auteur de cette œuvre comme de l’Histoire ecclésiastique, a en effet été témoin lui-même de plusieurs des événements qu’il raconte – dont le concile de Nicée, dont il fait un récit émerveillé, comparant ce premier rassemblement universel d’évêques à la Pentecôte – et il a personnellement rencontré à plusieurs reprises l’empereur, qui fut pour lui un modèle de souverain chrétien, sorte de nouveau Moïse guidant son peuple et légiférant comme il plaît à Dieu (on fait, du reste, de cette Vie l’une des sources premières de la théologie politique ancienne et byzantine). L’œuvre est évidemment engagée, et nécessite une lecture prudente et critique, d’autant plus qu’elle est très allusive et nomme rarement les personnages qu’elle met en scène. L’annotation du volume, précise et abondante, donne au lecteur moderne tous les éclaircissements souhaitables. La critique a en général, aujourd’hui, admis l’authenticité des documents (15 lettres de Constantin) qui sont cités dans le texte et furent longtemps contestés. Cela accroît l’intérêt historique de cette œuvre, qui constitue d’une certaine manière (avant la Vie de sainte Macrine de Grégoire de Nysse), la première biographie chrétienne. La Vie d’Eusèbe, comme l’auteur l’annonce au début, ne s’intéresse en effet qu’à l’aspect religieux de la vie et de la politique de Constantin, passant le reste à peu près totalement sous silence, ce qui lui permet de faire de son héros le champion de la cause chrétienne, « l’évêque du dehors » commis par la Providence pour veiller aux affaires de l’Église d’un point de vue séculier. En même temps qu’une réflexion nouvelle sur un Empire désormais chrétien, on trouvera dans ce long récit nombre de détails sur les affrontements de Constantin avec ses adversaires (toujours rapportés à un enjeu religieux), sur l’épisode fameux de sa conversion après la victoire du Pont Milvius et l’apparition d’une croix dans le ciel, et également sur sa législation en faveur des chrétiens, autrement dit la mise en place de ce système nouveau qu’on a appelé l’Église constantinienne. L’introduction et l’annotation font le point sur toutes les questions débattues en intégrant la bibliographie récente.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    C’est la première biographie chrétienne. Eusèbe, historien, érudit, mais aussi évêque qui avait eu l’occasion d’approcher plusieurs fois l’empereur, voulut juste après la mort de celui-ci en 337 fixer l’image de son grand homme, celui qui avait libéré les chrétiens des persécutions et, le premier dans l’histoire de l’empire, accordé ouvertement ses faveurs et son adhésion personnelle au christianisme. Il est, avec Lactance, l’unique source sur la fameuse vision de Constantin qui a provoqué sa conversion. Il nous transmet aussi plusieurs lettres de l’empereur. ébloui par le sort nouveau fait à l’église, sa place nouvelle dans l’empire, son rapport nouveau au pouvoir civil, Eusèbe célèbre, à travers la vie de son héros, la naissance de ce qu’on appellera le césaropapisme byzantin. Le pouvoir intervient dans la vie de l’église, pour le meilleur et pour le pire : Eusèbe, dans la joie des commencements, ne voit que le meilleur.

    Cette œuvre est l’une des dernières écrites par l’évêque de Césarée, entre 337, date de la mort de Constantin, et 339, date approximative de sa propre mort. Son authenticité avait été contestée dans les années 1930 par le savant belge Henri Grégoire, mais elle est aujourd’hui très largement admise.

     

    Livre I. Prologue sur la gloire immortelle et incomparable de Constantin (C.). La naissance de C., son enfance auprès des tyrans (comme Moïse), la belle figure de son père Constance qui règne en Occident et ne persécute pas les chrétiens. Constantin le rejoint au moment de sa mort et accède à l’empire d’Occident, acclamé par les armées. Sa victoire sur le tyran Maxence annoncée par une vision, sa conversion au christianisme qu’il se met à favoriser, tandis qu’en Orient se dresse la figure menaçante de Licinius qui prend des mesures défavorables aux chrétiens.

    Livre II. Affrontement de C. avec Licinius, empereur d’Orient. Victoire de C. qui réunifie l’empire : c’est aussi la victoire de la foi contre les superstitions païennes. Début d’une ère nouvelle sous C., élu de Dieu. Les chrétiens persécutés rentrent chez eux, l’église récupère tous ses biens confisqués. Le paganisme est désapprouvé, mais reste autorisé. C. rend gloire à Dieu. Début de la crise arienne à Alexandrie. C. essaie de calmer les parties et de ramener la paix dans l’église.

    Livre III. Devant l’extension de la querelle, C. convoque le premier concile œcuménique à Nicée et y participe. Raisons du concile : Arius et la date de Pâques. Réunion du concile, magnificence des cérémonies (les 20 ans de règne de C. sont célébrés en même temps), grand respect de C. pour l’épiscopat. Conclusion du concile, lettre et exhortation de l’empereur. Son souci pour les églises partout, et en particulier pour celle de Jérusalem. Mise à jour du tombeau du Christ, édification d’un Martyrium de grande beauté sur son emplacement, et d’autres édifices (Mont des Oliviers, Bethléem). Les pieuses actions de l’impératrice Hélène et sa mort. Autres constructions : Constantinople, Antioche, Mambré… Certains lieux de culte païens détruits. Interventions de C. dans les affaires de l’église, à propos de l’évêché d’Antioche ou contre les hérétiques.

    Livre IV. Bon gouvernement de C. pour tous ses sujets. Soumission des barbares. Lettre au roi des Perses pour protéger les chrétiens. Sa politique chrétienne et antipaïenne : il est « l’évêque du dehors ». Lois diverses en faveur de l’église, contre les juifs. Dons aux églises. Rapports de C. avec Eusèbe, sa demande d’exemplaires de la Bible. à propos de l’arianisme, concile à Tyr et à Jérusalem. Là-bas, fête de la dédicace du Martyrium et en même temps des 30 ans du règne de C. C. prépare sa succession entre ses 3 fils. Il construit à Constantinople l’église des Apôtres avec son propre tombeau. Il tombe malade, reçoit le baptême, meurt. Son inhumation, sa succession, la faveur de Dieu sur lui.

    Extrait(s)

    (III, 10, p. 363-365 : réunion du concile de Nicée)

    Au jour fixé pour le concile où l’on devait apporter une solution aux questions controversées, chacun des participants était là. Dans la salle centrale du palais, qui semblait plus grande que toutes les autres et où de nombreux sièges étaient rangés sur deux côtés, ceux qui avaient été convoqués entrèrent et prirent chacun la place qui lui revenait. Lorsque toute l’assemblée se fut assise avec tout l’ordre convenable, un silence général régnait, dans l’attente de l’arrivée de l’empereur. Un premier dignitaire de son entourage entra, puis un second et un troisième. Le précédèrent encore d’autres personnes, qui n’appartenaient pas à son escorte habituelle de soldats et de gardes du corps, mais étaient du nombre de ses fidèles amis.

    Au signal qui annonçait l’entrée de l’empereur, tous se levèrent et lui-même enfin s’avança au milieu de l’assemblée, semblable à un céleste envoyé de Dieu, brillant comme de mille feux dans son manteau éblouissant, resplendissant des reflets flamboyants de sa robe de pourpre, paré de l’éclat lumineux de l’or et des pierres précieuses. Tel était ce qui enveloppait son corps. Quant à son âme, elle était manifestement embellie par la crainte de Dieu et la piété, également suggérées par ses yeux baissés, la rougeur de son visage, sa démarche et tout le reste de son apparence, sa haute taille qui dépassait tous ceux qui l’entouraient, la beauté de sa jeunesse, la magnifique noblesse de son corps et la vigueur de sa force invincible : tout cela, mêlé à la bienséance de ses manières et à la douceur de sa clémence impériale, révélait une prodigieuse intelligence, supérieure à toute parole. Arrivé au début du premier rang, il se tint d’abord debout au milieu de l’assemblée, et il ne s’assit sur le petit siège en or massif qu’on lui avait avancé que sur un signe d’assentiment des évêques. Après l’empereur, tous firent de même.

    Errata

    Page Localisation Texte concerné Correction Remarques
    37 col. 2, l. 2 du tableau 2 24-41 24-42  
    344 l. 1     Erreur de numérotation des lignes.
    385 l. 6 coserviteurs   Cf. p. 372, 13.
    introduction/bibliographie       Ceux qui connaissent Eusèbe savent qu’il écrivit 3 ouvrages relatifs à Constantin : la Vita (CPG 3496 ; éditée dans SC 559) ; l’oratio ad sanctorum coetum (CPG 3497), le de laudibus Constantini (CPG 3498). Manquent les indications de la traduction de ce dernier discours par P. Maraval, dans Eusèbe de Césarée. La théologie politique de l’empire chrétien (Coll.Sagesse), Paris, 2001 ; a fortiori pour CPG 3497 ; traduit par P. Maraval également dans Constantin. Lettres et discours (coll. La roue à livres), Paris, 2010, p. 107-155.

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