• SC 530

    Théodoret de Cyr

    Histoire ecclésiastique, Tome II. Livres III-V

    avril 2009

    Texte grec (GCS, NF 5, 19982) de L. Parmentier et G.C. Hansen, avec annotation par Jean Bouffartigue. — Introduction par Annick Martin, traduction par Pierre Canivet, revue et annotée par Jean Bouffartigue, Annick Martin, Luce Pietri et Françoise Thelamon.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Guillaume Bady.
    ISBN : 9782204088091
    548 pages
    De 323 à 428, un siècle d'histoire vu comme une victoire de la foi, par un zélateur de l'Église d'Antioche.

    Présentation

    Après les livres I et II de l'Histoire ecclésiastique (voir tome I, SC 501), l'entreprise apologétique de Théodoret se poursuit avec un livre III entièrement consacré à l'empereur Julien (361-363) et construit comme un véritable « contre Julien », mettant en scène « l'impiété du tyran » face à la résistance des chrétiens, et plus particulièrement de ceux d'Antioche. Avec les livres IV et V le lecteur retrouve, au fil des séquences narratives, les marques de la « piété » (c'est-à-dire de l'orthodoxie) des empereurs, de Jovien à Théodose II, et de leur soumission aux évêques, à l'exception de l'arien Valens dont la persécution contre les évêques nicéens est longuement rapportée au livre IV. Le seul objectif visé par cette Histoire ecclésiastique, « l'édification de l'Église », continue ainsi de se déployer dans les trois derniers livres, quitte à ce que son auteur s'autorise quelques « petits arrangements » avec la réalité des faits ; une Histoire dans laquelle l'Église d'Antioche tient une place privilégiée, tant par les figures reconstruites d'évêques, de moines, voire de simples laïcs, que par les diverses sources fournies par ses archives épiscopales et sa tradition orale.


    After Books I and II of ‘Ecclesiastical History’ (see tome I, SC 501), Theodoret’s apologetic enterprise continues in Book III, which is entirely devoted to the Emperor Julian (361-363) and constructed like an authentic ‘Contra Julianum’, evoking ‘the tyrant’s impiety’ in the face of Christians’ resistance, especially those of Antioch. With books IV and V, the reader finds, in a series of narratives, the signs of emperors’ piety (i.e. of orthodoxy), from Jovian to Theodosius II, and their submission to the bishops, with the exception of the Arian Valens whose persecution of the Nicene bishops is described at length in book IV. The sole objective of this Ecclesiastical History – ‘the edification of the Church’ – is deployed in the three last books, even if the author permits himself some ‘little arrangements’ with historical fact in a ‘History’ that gives pride of place to The Church of Antioch, through the restored figures of the bishops, monks, even secular characters, and the diverse sources provided by its Episcopal archives and oral tradition.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Avec les livres III à V s'achève la publication en deux volumes de l'Histoire de Théodoret, qui complète elle-même l'ensemble, diligemment poursuivi depuis quelques années, des Histoires ecclésiastiques anciennes, après celles de Socrate et de Sozomène en quatre volumes chacune. Le présent volume recouvre la période de 361 (début du règne de Julien auquel est consacrée la plus grande partie du livre III) à 438 environ, dernier événement datable auquel l'auteur fait allusion (mais il ne dit rien des événements liés au concile d'Éphèse de 431, peut-être parce qu'il y a été trop étroitement mêlé). L'histoire de Théodoret, à la différence de celles de Socrate et Sozomène, qui étaient laïcs et non évêques, est une histoire sainte, celle de l'édification par Dieu de son Église terrestre. La providence divine y est partout attestée : on en prendra un seul exemple, tiré du livre III (chap. 20), où Théodoret relate l'impudence de Julien, l'empereur apostat, qui avait voulu faire mentir Jésus (cf. Mt 24, 2) en reconstruisant le Temple de Jérusalem. Cette mesure de Julien intervenait probablement dans le cadre de sa restauration des cultes sacrificiels, que son prédécesseur Constance II avait entrepris d'interdire (cf. entre autres Code théod. XVI, 10, 2), mais Théodoret préfère en faire un défi au Seigneur, lancé par celui qui incarne le Mal. De multiples prodiges (éboulements, ouragan, tremblement de terre, incendie) mirent tôt fin au chantier, malgré les moyens importants engagés par l'empereur... Tous reconnurent alors la puissance du Dieu qu'ils avaient voulu combattre : seul Julien, tel Pharaon, endurcissait son cœur. On voit dans quel esprit cette histoire est écrite ; cela n'empêche qu'elle est précieuse pour l'historien, citant d'assez nombreux documents qu'elle est seule à nous transmettre, en particulier, comme l'introduction d'Annick Martin le montre bien, pour tout ce qui concerne l'histoire de l'Église d'Antioche.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Livre III : L’empereur Julien. Son enfance, son paganisme caché. Il fait revenir d’exil les évêques. Consécration de Paulin à Antioche. Tracasseries antichrétiennes sous Julien. 4e exil d’Athanase. Déplacement des restes de Babylas. Courage du jeune Théodore et incendie du temple d’Apollon. Diverses interventions divines contre la politique de Julien. Opposition courageuse de chrétiens, dont Valentinien, futur empereur, et persécutions cruelles de Julien. Tentative de reconstruction du temple de Jérusalem. Reprise de la guerre perse et mort de Julien. Fêtes à Antioche.

    Livre IV : Règne du pieux Jovien qui annule certaines dispositions de Julien. Retour d’Athanase. Mort rapide de Jovien. Valentinien accède au trône et s’associe son frère Valens. Consécration épiscopale d’Ambroise. Valentinien suscite en Illyricum un concile sur la foi trinitaire. Profession de foi sur l’homoousios et lettre synodale. Hérésies des audiens et des messaliens. Valens évolue vers l’arianisme. Ses premières attaques contre l’épiscopat nicéen. Résistances orthodoxes : Samosate, édesse, Basile de Césarée. Mort d’Athanase. Son successeur Pierre doit s’exiler. L’arien Lucius le remplace et persécute les moines. Récit de Pierre sur les méfaits et provocations de Lucius et des ariens. Refus de Moïse d’être consacré évêque par Lucius. Persécutions ariennes à Constantinople, résistance orthodoxe à Antioche. Conduite courageuse des moines Aphraate, Julien, Antoine… Didyme et éphrem et leurs ouvrages. échange entre Valens et Valentinien. Divers témoignages de résistance courageuse à Valens. Valens meurt dans le combat contre les Goths. Eudoxe fait passer Ulfila et les Goths à l’arianisme.

    Livre V : Le pieux Gratien maître de tout l’empire. Les évêques rentrent d’exil. Schisme d’Antioche ; hérésie d’Apollinaire ; sagesse de Mélèce. Mort d’Eusèbe de Samosate. Théodose, général victorieux, reçoit de Gratien l’empire d’Orient et convoque un concile à Constantinople (381). L’œuvre du concile. Nouvelle assemblée l’été suivant et synodale de 382. Pendant ce temps, concile à Rome où les Orientaux s’abstiennent de venir, et synodale de Damase. Autre synodale du même contre les hérésies. Mort de Gratien, usurpation de Maxime. Valentinien le jeune influencé par sa mère en faveur de l’arianisme ; remontrances d’Ambroise, de Maxime, de Théodose. Libres remontrances à Théodose des évêques Amphiloque d’Iconium, Ambroise de Milan (après les massacres de Thessalonique), pénitence de Théodose. Foi de sa femme Flacille. Incidents d’Antioche, menaces et clémence de Théodose. Partout lutte contre le paganisme et destruction de temples. Soutien impérial à Flavien d’Antioche et fin du schisme d’Antioche. Victoire de Théodose grâce à sa foi sur l’usurpateur Eugène. Mort de Théodose auquel succèdent Honorius et Arcadius. Consécration de Jean Chrysostome à CP et autres successions épiscopales. Gouvernement exigeant de Jean, son action contre les païens et pour la conversion des Goths à la foi de Nicée, et celle des Scythes. Son action intransigeante contre les marcionites, contre Gaianas. Ses ennemis manœuvrent contre lui, obtiennent sa déposition et son exil, où il meurt. Troubles après sa mort. La communion est rétablie, ses restes sont ramenés. Pieuses actions de l’empereur Théodose II, favorisé par Dieu. Théodote évêque à Ancyre. Persécutions en Perse. Théodore de Mopsueste. Listes d’évêques sur les grands sièges.

    Extrait(s)

    (IV, 1, p. 183-185)

    Après la mort sanglante de Julien, les généraux réunis avec les préfets délibérèrent sur l'homme qui devait recevoir le pouvoir, sauvegarder l'armée en territoire ennemi et raffermir les affaires de Rome qu'avaient mises sur le fil du rasoir, comme on dit, l'imprudence du disparu. Au cours de leur délibération, l'armée, rassemblée en un même endroit, réclama Jovien comme empereur, encore qu'il ne fût ni général, ni de l'état-major, mais personnage en vue, distingué et connu à plusieurs titres. Il avait, en effet, belle taille et beau caractère et il était coutumier des hauts faits dans la guerre mais aussi dans de plus beaux combats. Car à l’impiété il opposa la liberté de parole et, loin de redouter la puissance du tyran, il se rangea par son courage par son courage parmi les martyrs de notre Sauveur. Alors donc les généraux prenant l’accord de l'armée pour une décision divine, présentèrent cet homme valeureux à tous égards et le firent monter sur une grande estrade qu’ils improvisèrent.

    (V, 16, SC 530, p. 399-401 : Amphiloque fait la leçon à Théodose)

    A son retour l’admirable Amphiloque, dont j’ai plusieurs fois fait mémoire, vint pour le prier d’expulser des cités les assemblées d’ariens. Mais l’empereur n’accepta pas la requête qu’il estimait trop dure. Alors, dans sa très grande sagesse, Amphiloque se tut aussitôt et imagina un stratagème digne de mémoire. étant une autre fois revenu au palais et voyant à côté de l’empereur son fils Arcadius récemment promu empereur, il salua l’empereur selon l’habitude, mais n’eut aucune marque de déférence pour le fils. L’empereur, pensant que c’était une distraction de la part d’Amphiloque, le pria d’approcher et de donner le baiser à son fils. Mais lui répliqua que la marque de respect qu’il lui avait adressée suffisait. Contrarié, l’empereur déclara que le manque de respect envers l’enfant était une insulte personnelle. Alors finalement Amphiloque, en sa très grande sagesse, révèle le but de l’affaire en s’exclamant : « Tu vois, empereur, tu ne supportes pas le manque de respect envers ton enfant, et bien au contraire tu en veux amèrement à ceux qui l’insultent. Sois donc persuadé que le Dieu de l’univers éprouve aussi de l’horreur pour ceux qui blasphèment son Fils monogène, et qu’il les hait pour leur ingratitude envers leur sauveur et bienfaiteur. » L’empereur comprit la leçon et s’émerveilla de l’acte et de la parole : aussitôt il rédigea une loi interdisant les assemblées des hérétiques.

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