• SC 55

    Eusèbe de Césarée

    Histoire ecclésiastique, tome III
    Livres VIII-X et Les martyrs en Palestine

    décembre 1958

    Texte grec, traduction et notes par Gustave Bardy.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204022378
    360 pages
    La première histoire de l'Église, une mine de documents et plus encore : une vision de l’histoire.

    Présentation

    Le grand ouvrage d'Eusèbe de Césarée – première vue d'ensemble sur la naissance du christianisme – s'achève par trois livres, VIII, IX et X, qui forment un bloc original. L'auteur le déclare nettement dans le court prologue qui ouvre cet ensemble : il abandonne l'exposé de la « succession des apôtres » – pivot de son ecclésiologie historique – et se fait « journaliste ». Il ne reniera rien de son goût pour les pièces d'archives, mais il affirme : « Les événements contemporains méritent d'être rapportés d'une façon spéciale. » De fait, une ferveur particulière soutient la narration, d'abord de la grande persécution dont il a pâti (VIII-IX), puis du triomphe de la foi où son rôle n'a pas été négligeable (X). Confronté aux soubresauts de la politique religieuse impériale, Eusèbe a dû remanier plusieurs fois le compte rendu de cette actualité sienne. De là des manques de cohérence dans le détail et certaines incertitudes dans la progression des livres et des chapitres. C'est la contrepartie d'une intense présence à l'événement.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Histoire Ecclésiastique VIII-X

    Dès les premières années du 4e siècle peut-être, l’évêque érudit de Césarée a eu le projet d’écrire pour la première fois une histoire de l’église depuis les origines jusqu’à son temps, en suivant, pour chaque grand siège, les successions des évêques. Il s’est appuyé sur la documentation déjà réunie pour sa Chronique, publiée vers 303. Il a plusieurs fois remanié son Histoire, qui connaît selon les manuscrits des états divers. L’état définitif compte 10 livres et va jusqu’à 324 et la victoire de Constantin sur Licinius racontée au livre X. Une première édition a pu s’achever avec le livre VII, au tournant de l’an 300, juste avant la grande persécution de Dioclétien, ou avec le livre VIII et l’édit de Galère (311). Il est difficile de reconstituer avec précision ces états successifs, qui ont entraîné parfois des coupures ou des réécritures dans les livres déjà achevés, surtout les derniers.

    L’Histoire ecclésiastique est non seulement le premier ouvrage historique consacré exclusivement au christianisme, mais il est le premier à citer des documents au lieu de les résumer ou les réécrire comme l’historiographie classique le faisait couramment. On a parfois contesté l’authenticité de ces documents, mais elle est aujourd’hui largement admise. L’œuvre a été transmise par de très nombreux manuscrits grecs, allant de la fin du 9e au 17e siècle et a fait l’objet d’une version syriaque (elle-même traduite en arménien) et d’une version latine avec continuation, par Rufin d’Aquilée, vers 400. Ce troisième volume contient les livres VIII à X et couvre la période allant de 300 environ à 324.

    Contenu

    VIII. Temps de prospérité et de relâchement pour les chrétiens avant la grande persécution. L’édit de Dioclétien (mars 303). Mensonges du pouvoir. Refus des chrétiens de sacrifier. Premiers martyrs à Nicomédie, à Tyr, en égypte, en Phrygie, à Antioche, dans le Pont… Des évêques martyrs en Orient ; retrait de Dioclétien et division de l’empire. Mauvaises mœurs de Maxence à Rome, persécutions de Maximin en Orient. Fin de la persécution après plusieurs années. Maladie et édit de Galère (311). Appendice : sort des empereurs persécuteurs.

    IX. Brève paix de l’église puis reprise des persécutions par Maximin en Orient. Les Actes de Pilate. L’édit de persécution de Maximin. Punition divine : guerre d’Arménie, famine et peste. Victoire de Constantin sur Maxence. édit de Milan ; Maximin doit s’aligner, puis il affronte Licinius et meurt. Son entourage est puni, ainsi que d’autres persécuteurs, par Licinius.

    X. Paix de l’église, reconstruction des églises endommagées, faveur de l’empereur, dédicace de nouvelles églises ; long panégyrique d’Eusèbe pour celle de Tyr. Copie des ordonnances de Constantin et Licinius en faveur des chrétiens : restitution des locaux et des biens, convocation à Rome d’un synode sur le donatisme et d’un autre à Arles, donation aux églises, exemption des charges publiques pour les clercs africains. Licinius complote contre Constantin et persécute les chrétiens. Constantin vainqueur réunifie l’empire.

    Les martyrs de Palestine

    Les Martyrs de Palestine sont un opuscule d’Eusèbe conçu comme une sorte d’appendice à son Histoire ecclésiastique (et annoncé au livre VIII de celle-ci), consacré exclusivement aux martyres qu’il a plus directement connus dans sa province de Palestine lors de la persécution de Dioclétien. Il déchargeait ainsi son grand ouvrage en réservant une monographie à part au sujet sur lequel il avait une documentation plus abondante.

    Le texte nous est parvenu en deux recensions, qui paraissent authentiques toutes deux : la recension brève, en grec, se trouve à la fin de certains manuscrits de l’Histoire ecclésiastique, soit après le livre VIII, soit après le livre X. La recension longue nous est parvenue entière seulement en syriaque, avec quelques fragments grecs.

    Contenu

    Les décrets de persécution à partir d’avril 303. Premiers martyrs : Procope et d’autres ; mensonges du pouvoir. Romain à Antioche, Timothée, Agapios et Thècle à Gaza ; martyres volontaires à Césarée. Arrivée au pouvoir de Maximin Daia ; martyre d’Apphianos. Martyre de deux jeunes frères à Tyr. Martyre d’Agapios à Césarée devant Maximin. Tortures diverses imaginées par le gouverneur Urbanus. Emprisonnement de Pamphile. Disgrâce et mort d’Urbanus. Son successeur torture des chrétiens condamnés aux mines. Deux femmes martyres à Gaza, Paul décapité, 130 confesseurs d’égypte condamnés aux mines. Bref répit et reprise de la persécution (308). Des martyrs interdits de sépulture ; prodige de la terre qui pleure. Autres martyrs. Pamphile, maître d’Eusèbe, subit le martyre avec ses compagnons (recension longue du récit) : leur union, le travail de Pamphile, leur mort ; la mort du serviteur Porphyre, de Séleucus, Julien et d’autres. Mort de Firmilien le persécuteur. Eusèbe passe sous silence la mauvaise conduite de certains évêques. Vie des confesseurs aux mines. Jean, confesseur aveugle qui connaît par cœur les écritures. Décapitation de 39 d’entre eux.

    Extrait(s)

    Histoire Ecclésiastique X, 2, 1-2 (p. 79-80)

    Tous les hommes donc étaient délivrés de l’oppression des tyrans et exempts des maux anciens. Chacun de son côté reconnaissait comme seul vrai Dieu celui qui avait combattu en faveur des hommes pieux. Mais pour nous surtout, qui avions placé nos espérances dans le Christ de Dieu, une joie indicible, un bonheur divin s’épanouissaient pour tous dans tous les édifices qui avaient été peu auparavant renversés par les impiétés des tyrans, et qui revivaient en quelque sorte comme d’une longue et mortelle dévastation. Nous voyions les temples se relever à nouveau de leurs ruines jusqu’à une hauteur infinie, et recevoir une splendeur de beaucoup supérieure à celle des temples qui autrefois avaient été détruits.

    Mais les empereurs du rang le plus élevé fortifiaient encore pour nous, accroissaient et étendaient, par des législations continuelles en faveur des chrétiens, ce qui venait de la magnificence de Dieu. De plus, les évêques recevaient personnellement et d’une manière courante des lettres, des honneurs, des riches cadeaux de l’empereur. Il ne sera peut-être pas hors de propos, selon l’occasion convenable du récit, d’insérer dans ce livre, comme sur une stèle sacrée, les termes mêmes de ces documents traduits du latin en grec, afin qu’ils soient conservés dans la mémoire de tous ceux qui viendront après nous.

    Martyrs IV, 8-11 (p. 131-133)

    Une seconde attaque contre nous eut lieu sous Maximin, dans la troisième année de la persécution dirigée contre nous. (…) Alors que de toutes parts on était submergé par une tempête indicible de maux, Apphianos, sans aucune crainte, sans que personne sût ce qu’il allait faire, s’en étant même caché de nous qui étions avec lui dans la maison et aussi de toute l’escorte militaire qui entourait le gouverneur, s’avança vers Urbanus qui offrait une libation, le prit tranquillement par la main droite, l’empêcha aussitôt de sacrifier. Puis, d’une manière tout à fait convaincante, et avec une divine assurance, il l’exhorta à quitter son erreur ; car il n’était pas beau d’abandonner le seul et unique vrai Dieu et de sacrifier aux idoles et aux démons. Ce tout jeune homme, à ce qu’il semble, agit de la sorte sous la conduite de la puissance divine qui le dirigeait. (…)

    Là-dessus celui dont nous parlons, ainsi qu’il était vraisemblable après un acte aussi audacieux, fut tout aussitôt déchiré, comme par des bêtes sauvages, par ceux qui entouraient le gouverneur ; il supporta très courageusement des milliers de plaies sur tout son corps jusqu’à ce qu’on le mît en prison. Là, pendant un jour et une nuit, il fut distendu avec les deux pieds dans des ceps, et le lendemain on l’amena devant le juge. Ensuite, contraint à sacrifier, il manifesta une fermeté totale devant des tourments et des souffrances à faire frémir. Il eut les flancs déchirés, non pas une seule fois ni deux, mais à plusieurs reprises jusqu’aux os et jusqu’aux entrailles elles-mêmes : il reçut tellement de plaies sur le visage et le cou que ceux mêmes qui l’avaient bien et exactement connu autrefois ne reconnaissaient plus son visage gonflé.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

     

     

     

     

    Les corrections ont été enregistrées dans l’édition en 1 vol. de la traduction.

    53

    n. 1, l. 11

    fort bref

    fort bref.

     

    80

    l. 3 ab imo

    femmes4

    femmes

    Supprimer la référence scripturaire.

    89

    § 25, l. 9

    intelligence

     

    Ex. 35, 31.

    92

    § 34, l. 3

    un lis

     

    Ct. 2, 2 ; cf. Is. 35, 1-2.

    92

    § 34, l. 5

    désert

     

    Is. 35, 6.

    92

    § 34, l. 6

    salutaire

     

    Cf. Tt 3, 5

    92

    § 34, l. 8

    marécage

     

    Is. 41, 18.

    92

    § 38, l. 8

    altérée

     

    Is. 35, 7.

    92

    § 34, l. 9

    source d’eau

     

    Ap. 21, 6.

    92

    § 34, l. 12

    les genoux

     

    Is. 35, 3.

    92

    § 36, l. 2

    ne craignez pas

     

    Is. 35, 4.

    99

    § 56, l. 3

    ressemblance

     

    Cf. Gen. 1, 26.

    101

    l. 6

    (62)

    [62]

     

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