• SC 552

    Amphiloque d'Iconium

    Homélies, tome I
    Homélies 1-5

    novembre 2012

    Introduction, traduction, notes et index par Michel Bonnet — Avec la collaboration de Sever J. Voicu.

    Révision assurée par Catherine Syre.
    ISBN : 9782204099790
    375 pages
    « Une seule parole, beaucoup de miracles » : brillant orateur que ce « quatrième mousquetaire » cappadocien !

    Présentation

    Amphiloque, évêque d'Iconium en Cappadoce, ami et disciple de Basile, est aujourd'hui un inconnu. Il fut dans l'Antiquité très cité et imité, et jouissait d'une belle réputation de prédicateur. La présente édition, appelée à faire référence, regroupe toutes ses homélies – même celles dont l'authenticité est contestée – et tous les fragments retrouvés, y compris en version syriaque. Le texte grec lui-même a été amélioré sur plus d'un point et s'accompagne de la première traduction française intégrale.

    Les homélies qu'on trouvera dans cet ensemble de deux volumes (n° 552 et n° 553) ont été prononcées pour des temps liturgiques précis (Noël, Pâques) ou pour commenter des récits évangéliques (la rencontre de Syméon au Temple, la résurrection de Lazare, Zachée, la pécheresse) ; d'autres enfin pour lutter contre l'hérésie arienne. Partout le lecteur découvrira une éloquence vive et saisissante, n'hésitant pas à mettre en scène les personnages pour créer un fort effet dramatique. En parcourant ce recueil, le lecteur comprendra pourquoi Amphiloque fut longtemps considéré comme un maître de l'éloquence chrétienne.

    Michel Bonnet, professeur d’histoire honoraire, ancien chargé de cours à l’Université de Grenoble 2, a consacré des années de recherches à Amphiloque.

    Sever Voicu, ancien scriptor à la Vaticane, enseigne la patristique grecque à l’Augustinianum de Rome.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Amphiloque, évêque d’Iconium en Cappadoce à la fin du IVe siècle, est pour la plupart aujourd’hui un inconnu. Il fut pourtant, pendant toute l’Antiquité, célèbre pour son éloquence. Ses homélies révèlent un grand art de la mise en scène dramatique. Mais il a été éclipsé par de trop grands amis : Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze, auxquels pourtant saint Jérôme le comparait. Il a consacré comme ceux-ci beaucoup d’efforts à réfuter l’arianisme. La présente édition renouvelle le texte critique de plusieurs homélies et ajoute des fragments, ainsi qu’un sermon en syriaque.

    Le mieux est d’écouter Amphiloque prêcher, en proposant quelques extraits de ses homélies qui sont autant de beaux morceaux oratoires. Dans l’homélie 3 par exemple, l’auteur commente la résurrection de Lazare en insistant sur la divinité du Christ :

    « 'Lazare, ici, dehors !' Ami, toi qui entends cela, ne va pas penser que le Seigneur a eu à supplier en pleurant comme Élie, qu’il a été dans l’embarras comme Élisée… Une seule parole, beaucoup de miracles. Lazare, ici dehors, et les chairs se raffermissent, les cheveux repoussent, les articulations se relient entre elles, les veines se remplissent à nouveau d’un sang pur… Et le plus fort : l’âme captive, rappelée par les anges, revenait se fondre dans ce corps, qui était à elle et elle à lui ».

    L’homélie 1 célèbre la naissance du Christ :

    « Par elle le ciel s’est ouvert et la terre s’est soulevée vers la hauteur divine, par elle le paradis a été rendu aux hommes et l’empire de la mort aboli, par elle la puissance de la corruption a été piétinée et la vénération fatale du diable a pris fin… ».

    Dans l’homélie 5 sur le Samedi saint, Amphiloque médite sur le paradoxe de ce Dieu souffrant :

    « Le créateur acceptait cet outrage, ceinturé de liens, lui qui a ceinturé de sable la mer, abreuvé de fiel, lui qui fit don des sources de miel, couronné d’épines, lui qui a couronné la terre de fleurs, couvert de crachats, ce visage que les chérubins ne peuvent regarder… ».

    Qu’il s’agisse de la Mère de Dieu, de Zachée, de la femme pécheresse, l’évêque excelle dans l’art de donner à voir, de faire ressentir, de projeter son auditoire dans la scène évoquée, pour le rendre contemporain de l’évangile et le mettre en présence du Christ. émouvoir et convertir à la vraie foi, telle est la mission que le compagnon des grands Cappadociens s’est donnée et qu’il a brillamment remplie.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Amphiloque, évêque cappadocien « mineur » disciple de Basile et cousin de Grégoire de Nazianze, fut de son temps un prédicateur célèbre. Nous avons de lui une dizaine d’homélies pour des fêtes (Nativité, Hypapantè, Samedi saint, aux nouveaux baptisés de Pâques) ou sur des textes d’évangile (Lazare, la pécheresse, Zachée), ou encore sur des versets controversés (Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne ; le Fils ne peut rien faire de lui-même ; le Père est plus grand que moi).

    L’homélie 1 n’est connue que par 2 mss (dont le second, du XVIIe s., est une copie du premier) ; l’homélie 2, qui a connu un emploi liturgique, par 63 mss ; l’homélie 3 par une quinzaine ; l’homélie 4 par 33 ; l’homélie 5 par 11. L’homélie 6 n’a que 2 mss, l’homélie 7 en a 3, l’homélie 8 un seul. Toutes ces homélies ont au moins un manuscrit qui remonte au IXe siècle, sauf la 1 (XIe siècle) et la 6 (XVe s.). L’homélie 9, en réalité un fragment sur Jn 5, 19, se trouve dans une chaîne sur Jean (Vallic. gr. E 40, Xe-XIe s.). L’homélie 10 se trouve, en traduction syriaque, dans un unique manuscrit, et on en a quelques fragments grecs. On a enfin des fragments de plusieurs autres homélies, en grec, latin ou syriaque, par tradition indirecte, souvent dans des florilèges dogmatiques.

    Toutes ces homélies datent de l’épiscopat, entre 373 et la fin du siècle, sans qu’elles soient précisément datables. L’authenticité des homélies 1, 2, 3 et 7 est en débat.

    Orationes 1-5

    Homélie 1 (sur la Nativité) : importance de la Nativité qui fait advenir le salut ; ses préfigurations dans les théophanies de l’AT, ses annonces prophétiques ; hymne à la Nativité ; célébration de ses effets ; renouvellement de l’humanité, appelée à la fraternité et à l’adoption filiale ; exhortation des chrétiens à être des modèles de vertu.

    Homélie 2 (sur la Mère de Dieu, Syméon et Anne) : éloge de la virginité et éloge du mariage ; sur Lc 2, 23 citant Ex 39, 19 : le seul premier-né saint est Jésus ; sa naissance virginale ; Anne, modèle des veuves, a prophétisé sur Jésus ; le veuvage préférable au remariage. Syméon a prédit la croix à la vierge ; la croix nous sauve tous par Jésus.

    Homélie 3 (sur les quatre jours de Lazare) : la résurrection de Lazare constitue les prémices de celle du Christ et elle a mis les juifs en fureur. Réalité de la mort de Lazare ; Jésus l’a acceptée pour nous instruire, grâce au témoignage des habitants de Béthanie. Jésus avec Marthe et devant le tombeau. Son autorité toute puissante révélée par l’appel : Lazare, ici, dehors. Sa résurrection est irréfutable.

    Homélie 4 (sur la femme pécheresse qui oignit le Seigneur de parfum) : Jésus s’attable avec les humains, pour leur joie ; ce faisant il reste Dieu ; murmures des pharisiens à propos des impurs fréquentés par Jésus ; celui-ci, du coup, accepte l’invitation d’un pharisien ; la virginité, le mariage et la femme pécheresse ; réflexion de celle-ci qui veut approcher Jésus pour être guérie ; elle confesse en silence son péché par ses larmes ; grandeur de son attitude ; pensées du pharisien ; l’homéliste s’adresse au pharisien, qui se méprend sur Jésus et ignore son pouvoir ; il s’adresse à Judas qui regrette le gaspillage d’argent ; reproches de Jésus à Judas ; parabole des deux débiteurs ; nécessité de se convertir : la prostituée en a montré l’exemple.

    Homélie 5 (sur le Samedi saint) : la mort a cru engloutir le Christ ; maîtrise du Christ sur l’univers : tout est volontaire, même sa mort ; les précautions des juifs autour du tombeau sont impuissantes ; la résurrection de Lazare préfigure celle du Christ, mais les juifs restent dans l’incrédulité.

    Extrait(s)

    La confession silencieuse de la prostituée (Hom. 4, 6, SC 552, p. 327-329)

    Comme elle sait que Jésus sait tout et qu’on ne peut rien lui cacher, elle verrouille sa langue et laisse parler ses larmes. (…) Il n’y avait aucune des fautes accomplies par elle que, tel un acteur tragique, elle n’exposât par ses larmes. Elle savait en effet qu’elle recevait le pardon de ce qu’elle confessait. Car il est dit : J’ai dit, je confesserai mon iniquité à mon Seigneur et toi, tu n’as pas tenu compte de l’impiété de mon cœur. Et non seulement, sans paroles, elle s’exprimait priant le Seigneur par les gémissements de son cœur, mais encore par son attitude elle décrivait la beauté de la conversion. Elle pleura puisqu’elle avait beaucoup ri, pour laver de ses belles larmes le rire mauvais et pour laver par les gouttes qui tombaient de ses yeux la souillure de ses joues, afin que par là où elle avait péché, par là-même elle présente sa défense.

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