• SC 309

    Grégoire de Nazianze

    Discours 4-5
    Contre Julien

    janvier 1984

    Introduction, texte critique, traduction et notes par Jean Bernardi.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.
    ISBN : 9782204021630
    405 pages
    Indisponible chez notre éditeur

    Deux virulentes invectives contre l'empereur païen mort en 363.

    Présentation

    Grégoire le Théologien n’est encore qu’un prêtre débutant quand il écrit cet ouvrage de polémique un peu déconcertant pour la sensibilité actuellement dominante. Il faut y voir l’écho provoqué dans les esprits par le soudain retour de la persécution après un demi-siècle de « paix de l’Église », mais aussi d’installation : quel était donc le sens de l’Histoire ? L’intention était aussi de faire la preuve qu’une plume chrétienne était au moins aussi apte qu’une autre à illustrer tous les genres littéraires : Julien n’avait·il pas exclu les chrétiens de l’enseignement ?
    Après seize siècles, la figure de Julien demeure un signe de contradiction. Il s’en faut qu’elle ait été cernée avec exactitude. Grégoire n’a aucune prétention à écrire l’histoire, mais derrière le pamphlet et ses outrances nécessaires on trouvera ici un témoignage de première main qui mérite d’être pesé avec rigueur et manié avec précaution. Il a été jusqu’à présent peu ou mal utilisé, faute d’être compris.

    Jean Bernardi (1921-2014), professeur de patristique grecque à l’Université Paul Valéry de Montpellier, puis à Paris IV-Sorbonne, a fait de Grégoire de Nazianze le centre de ses recherches. Il a publié dans cette collection, en 1978, les trois premiers discours (SC 247) en même temps qu’il définissait les bases retenues pour l’établissement du texte critique de l’ensemble des Discours de Grégoire. 

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le Contre Julien de Grégoire de Nazianze est constitué de deux longs discours (4 et 5). En fait, ces deux « Philippiques », lancées contre l'empereur apostat après sa mort tragique, ne sont pas à proprement parler oratoires, ce sont plutôt des écrits destinés à nourrir durablement la pensée politique des chrétiens. De là leur importance et leur actualité, comme le souligne l'auteur de cette édition, M. Jean Bernardi, professeur à l'Université Paul Valéry de Montpellier. Cette leçon de réalisme politique s'adresse à tous ceux qui seraient tentés de remettre le fait chrétien en cause.

     

    Claude Mondésert

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Discours 4-5

    Les Discours de Grégoire le Théologien, modèle d’éloquence pour les Byzantins, sont transmis à travers plusieurs collections, dont une collection liturgique et des collections dites « complètes ». Le corpus, tel qu’édité aux tomes 35-36 de la Patrologie grecque, comprend 45 pièces. L’édition des Discours 4-5 aux Sources Chrétiennes est fondée sur un choix de 14 manuscrits, du ixe au xiiie s.

    Discours fictifs, les deux invectives contre Julien ont été rédigées pour l’essentiel après la mort de l’empereur (23 juin 363). Leur titre grec (Kata Ioulianou stèliteutikoi logoi) dit le projet de Grégoire : ériger une « stèle d’infamie » contre son adversaire. La violence du pamphlet, ironiquement truffé de références à la culture littéraire et mythologique de Julien, est à la mesure de la peur causée aux chrétiens par la tentative de restauration du paganisme entreprise par Julien, dont les premières mesures contre les chrétiens pouvaient faire redouter un retour de la persécution après un demi-siècle de « paix de l’Église ».

    Le « discours-fleuve » qu’est le n°4 commence par une invitation à la fête et une action de grâces pour la fin de l’apostasie impériale, haut fait de Dieu en faveur des chrétiens comme autrefois en faveur d’Israël (§1-19) ; il se poursuit par l’évocation de la vie de Julien jusqu’à sa mort (§20-48), souligne l’inanité de ses persécutions et critiques contre les chrétiens (§49-112) et finit par une critique du paganisme à travers ses mythes (§113-124).

    Le Discours 5 aborde quant à lui d’abord le thème de la mort du persécuteur comme signe de la punition divine (§1-18) : échec, à la suite d’une tornade accompagnée d’un séisme, de flammes et d’une croix apparue dans le ciel, de la tentative de Julien de reconstruire le Temple de Jérusalem – tentative perçue par Grégoire comme dirigée contre les chrétiens –, mort lors d’une expédition contre les Perses et conditions peu glorieuses de ses funérailles. Grégoire s’attaque ensuite (§19-24) aux faiblesses de Julien, dont il dit avoir été témoin déjà dans sa jeunesse à Athènes : versatilité, irascibilité… Toute la fin (§25-42) est un « chant de victoire » contre un adversaire réduit au silence, prônant malgré tout une certaine indulgence face aux ennemis.

    Extrait(s)

    La 2e invective se finit ainsi (Discours 5, § 42, p. 381) :

    « Voilà la stèle que nous t’érigeons : elle est plus haute et plus exposée au regard que les colonnes d’Hercule. Ces dernières ne bougent pas de l’endroit où elles se dressent et elles n’ont pas d’autre spectateur que ceux qui viennent les visiter. Mais celle-ci, il est impossible qu’elle ne se mette pas en route pour se faire connaître de tous et partout ; les temps futurs, eux aussi, lui feront accueil, j’en suis certain. Elle te stigmatise (stèliteuousan), toi et les tiens ; elle apprend à tous les autres hommes à ne pas avoir l’audace de fomenter une telle révolte contre Dieu, de peur de s’exposer aux mêmes châtiments en commettant les mêmes crimes. »

    Errata

    Page Localisation Texte concerné Correction Remarques
    99 § 7 l. 9 le Christ, auraient les Christ, ils auraient  
    115 § 20 l. 5 sa perversité la perversité de son caractère  
    285 § 119 l. 13 bas-fonds hauts-fonds  

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