• SC 299

    Basile de Césarée

    Contre Eunome, tome I
    Livre I

    octobre 1982

    Introduction, traduction et notes par Bernard Sesboüé, s.j., avec la collaboration, pour le texte et l'introduction critiques, de Georges-Matthieu de Durand, o.p., et Louis Doutreleau, s.j.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204019606
    274 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    Dieu ne peut être engendré, donc le Fils n'est pas Dieu ? Magistrale réponse du grand Cappadocien.

    Présentation

    Reflet des controverses qui opposaient et déchiraient le christianisme antique, le Contre Eunome met en lumière les thèses ariennes radicales (anoméennes) défendues par Eunome et la réponse de l’« orthodoxie » incarnée par Basile qui défend la même nature divine des trois personnes de la Trinité.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    L'importance, dans les années 360-364, du débat entre Eunome et Basile tient à son objet : dans le dogme trinitaire, divinité du Fils et divinité aussi du Saint-Esprit. C'est le conflit de la philosophie grecque et de la révélation chrétienne, de la raison et de la foi, à un niveau encore jamais atteint auparavant. C'est ce qui rend passionnante l'étude du Contre Eunome.

    (1982)

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Contre Eunome

    Le Contre Eunome est une réfutation, en trois livres, du chef de file du parti anoméen et d’un des principaux écrivains ariens. La tradition fait état de 15 manuscrits et d’une solide tradition indirecte (Euthyme Zigabène, Grégoire de Nysse…), ainsi que d’une version syriaque dans un nombre très restreint de témoins. Il existe plusieurs éditions anciennes : l’édition princeps composée à Venise en 1535 ; l’édition originale bâloise de Janus Cornarius (1551) ; celle de Théodore de Bèze imprimée à Genève en 1570. Il existe une édition parisienne de 1618.

    Nommé évêque de Cyzique dans l’Hellespont en 360, Eunome († 395) assimilait l’essence divine au fait d’être inengendré (agennetos) et en déduisait que le Verbe, parce qu’il est engendré (gennetos), était d’une nature différente de celle de Dieu (anomoios) et n’était qu’une créature. Déposé en 361, Eunome rédigea entre 360 et 361 une première Apologie, éditée en SC 305, avec la réfutation qu’en fit Basile peu après (entre 363 et 365). Eunome, dans son Apologie, a présenté sa conception trinitaire arienne : la négation de la divinité du Fils et de l’Esprit, qui sont la conséquence de la logique hellénique, qui ne peut accepter que Dieu ait un Fils égal et consubstantiel à lui-même : un engendré ne peut être Dieu au même titre que l’Inengendré. Basile, lui aussi éduqué aux mamelles de la paideia grecque, va ouvrir les catégories de la raison et élaborer conceptuellement la distinction entre les attributs de la substance et les propriétés des personnes.

    Après avoir réfuté, dans le Livre I, le concept d’« inengendré » utilisé comme argument par Eunome pour nier la divinité du Fils, Basile défend dans le Livre II la doctrine de la consubstantialité (homoousios) du Père et du Fils, proclamée par le concile de Nicée (325), et, dans le Livre III, celle du Saint-Esprit avec les deux autres personnes de la Trinité. En réponse à la réfutation de son Apologie par Basile (les réfutations d’Eunome par Didyme l’Aveugle, Apollinaire de Laodicée, Théodore de Mopsueste ne nous sont pas parvenues), Eunome écrivit, quelque douze ans plus tard (378), une seconde Apologie, beaucoup plus longue, mais disparue, comme la plupart de ses autres ouvrages après sa condamnation ; on ne la connaît que par les extraits qu’en donne Grégoire de Nysse dans ses traités Contre Eunome, rédigés vers 380.

    Basile a subi diverses influences : Origène en ce qui concerne la doctrine trinitaire, tout en sachant s’en éloigner lorsque celui-ci utilise des termes peu précis ou douteux. Influence également de l’Ecriture mais aussi des philosophes avec l’usage des catégories stoïciennes ou de la conception de la matière de la même école philosophique. On note une part aristotélicienne, comme dans le vocabulaire de la substance ainsi que l’influence de Platon et du néo-platonisme.

    Contre Eunome tome I

    Pour Basile, l’Apologie d’Eunome, qui revêt une forme de discours, n’est qu’une comédie, car il ne voit pas quand Eunome a eu besoin de se justifier (I, 2), étant donné que son parti était à l’époque dominant. Le texte de ce volume I présente 7 réfutations, après une captatio benevolentia (1) :

    1e réfutation : Eunome est un menteur, son apologie n’est qu’une fiction (2) ; il s’oppose à toute la tradition, se donne pour un modèle de courage (3)

    2e réfutation : il dissimule ses positions sous le couvert d’une confession de foi ancienne et prétend corriger la profession de foi (4-5)

    3e réfutation : contre la thèse : l’inengendré est la substance de Dieu (5)

    4e réfutation : contre la même thèse établie par élimination des modes d’attribution : a) le concept : (5-8) ; b)° la privation (9-10) ; c) l’inengendré n’est donc pas la substance de Dieu, qui est au-delà de la compréhension humaine (11-15)

    5e réfutation : contre la thèse : l’inengendré ne peut engendrer et le Fils est étranger au Père (16-18)

    6e réfutation : communauté de substance et idées d’ordre, de temps et de « siècles » (19-21)

    7e réfutation : contre l’affirmation que la simplicité divine entraîne l’inégalité du Fils et du Père (22-27)

    Extrait(s)

    23. Pour ma part, je ne peux pas croire que même en plein délire tu oserais jamais affirmer que le Fils est autre chose qu’incorporel, sans forme, sans figure et tout ce que tu dirais du Père. Comment donc manquerait-on à la religion en comparant celui qui n’a pas de forme à celui qui n’a pas de forme ? Et celui qui n’a pas de quantité à celui qui n’en a pas ? Et celui qui est libre de composition, en un mot, avec celui qui est sans composition ? Mais Eunome met la similitude dans la forme et l’égalité dans la masse ; quant à la quantité, lui-même pourrait expliquer avec précision en quoi elle diffère dans sa pensée de la masse. La raison, dit-il pour laquelle Dieu n’est ni égal ni semblable, c’est qu’il est sans qualité et sans forme. Pour ma part, c’est justement là que je mets la similitude. De même que le Père est entièrement libre de toute composition, de même le Fils est aussi parfaitement simple et sans composition, et sa similitude n’est pas à considérer par rapport à l’identité de la forme, mais par rapport à la substance elle-même. Car pour tout ce qui présente forme et figure, c’est l’identité de la forme qui constitue la similitude ; mais il ne reste à la nature sans forme et sans figure que la substance elle-même pour posséder la similitude, et que l’identité de la puissance pour vérifier l’égalité, à défaut de la mesure comparée des masses. Le Christ, est-il dit, est puissance de Dieu, c’est-à-dire que la puissance paternelle tout entière vient reposer en lui. C’est pourquoi, tout ce qu’il voit faire au Père, le Fils le fait pareillement. (…)

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    138

    l. 7, manuscrit G

    Vaticanus gr. 108

    Vaticanus gr. 408

     

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