• SC 212

    Grégoire le Grand

    Morales sur Job, Livres XI-XIV
    Troisième partie

    décembre 1974

    Texte latin, introduction, traduction et notes par Aristide Bocognano.

    ISBN : 9782204036474
    447 pages
    Le manuel de théologie morale et spirituelle pour tout le Moyen Age latin, par celui qui allait devenir pape à la fin du 6e siècle.

    Présentation

    L’immense commentaire du livre de Job, écrit par Grégoire pendant les années où il était légat de son prédécesseur Pélage II à Constantinople, destiné d’abord, sous forme d’entretiens, à la communauté de frères où il vivait, comprend plusieurs grandes parties. Le présent volume entame la troisième partie (livres XI-XVI), où l’auteur a tenu à conserver le style oral de son propos, alors qu’il avait davantage récrit ses premiers livres.

    Grégoire rappelle en liminaire que Job en ses souffrances représente « le Seigneur et son corps, c’est-à-dire la sainte Église » : tel est le fil directeur. Il s’interroge, bien sûr, sur le mal et l’apparente prospérité des méchants ; mais surtout, dans la ligne des Pères, il s’attache à un détail, une parole, un mot, pour y trouver un symbole à portée morale qui fera progresser. Les questions parfois rudes de Dieu, l’arrogance des compagnons de Job, les plaintes de celui-ci, tout lui permet d’aider l’auditeur ou le lecteur à méditer le dessein de Dieu, à ne pas être dupe de ses propres élans, et à imiter la confiance de Job.

    Aristide Bocognano, agrégé de l’Université, après avoir traduit Boèce, a traduit l’ensemble des livres 11 à 16 des Morales sur Job.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le volume 212 (1974) comprend la 3e partie des Moralia (livres XI à XIV) commentant les versets Jb 12, 6 à 24, 20.

    L’introduction aborde le problème du mal, central dans l’interrogation que suscite chez le croyant le sens des épreuves subies par Job. La souffrance de l’homme, quand les justes se voient en proie à l’adversité, tandis que les injustes se réjouissent dans la prospérité, peut engendrer un sentiment d’injustice, ou du moins l’impression d’une indifférence de Dieu. Mais, selon Grégoire, c’est là l’erreur de l’impie, victime de la tentation du diable. En effet, le bonheur n’est pas une récompense, ni le malheur une punition, la perspective du chrétien ne devant pas se borner à la vie présente et aux rétributions terrestres, mais agir en fonction de la promesse qui lui est faite de la vie éternelle. Et de cela, nous avons l’espérance par la Résurrection du Christ, qui préfigure la nôtre. Pour cela, le chrétien se doit de mener une vie ascétique, tournée à la fois vers l’introspection critique et la bienveillance envers autrui.

    Livre XI : Où est la justice de Dieu, quand le méchant triomphe, tandis que le juste est bafoué ? La réponse de Grégoire est que Dieu n’a en vue que la vie éternelle de l’homme, il n’intervient jamais que pour son salut et ne punit qu’en considération du Jugement dernier. Job nous montre que la justification de l’homme, fût-il aussi vertueux que Job, ne peut venir que de Dieu.

    Livre XII : L’homme se relèvera-t-il après sa mort ? À l’heure du Jugement, le juste aura sa récompense. Dieu pardonne à celui qui fait pénitence, mais l’orgueil sera cause de perdition, ce qui s’applique aux hérétiques et à tous ceux qui sont esclaves de leurs passions, aux puissants et aux riches s’ils vivent dans l’injustice. Ils sont semblables à l’Antichrist, qui se révolte contre Dieu. L’orgueilleux est comparé par Grégoire à un arbre qui sera déraciné.

    Livre XIII : La souffrance du juste restera-t-elle sans consolation ? Comme Job, l’Église est attaquée par ses adversaires, c’est-à-dire par le diable. Mais, par sa résurrection, le Rédempteur a annoncé une suprême consolation pour l’homme et donné un sens à son malheur ; ainsi, les souffrances de Job ont eu pour effet d’accroître ses mérites. Mais, avant la venue du Rédempteur, Job, bien que pur, était retenu aux enfers avec les premiers saints, non dans l’enfer des supplices, mais dans un repos et une attente.

    Livre XIV : L’absence de Dieu dans une âme est soit ignorance (cas de l’hérétique et de l’impie), soit abandon de Dieu (cas des juifs). La présence de Dieu apporte la vie et l’espérance, comme en témoignent Job, mais aussi Zacharie. La certitude de la résurrection, rappelle Grégoire, comme le spectacle du renouveau de la nature, implique la croyance en la résurrection des corps.

    Extrait(s)

    Livre XIV, 70 (p. 431)

    « De saison en saison aussi, nous observons que les arbres perdent la verdure de leur feuillage et cessent de produire des fruits, et voici que soudain, comme si d’un bois qui se dessèche jaillissait une véritable résurrection, nous voyons les feuilles poindre, les fruits grossir, et l’arbre tout entier se revêtir d’une beauté renaissante. Indéfiniment nous observons que de petites semences d’arbres sont confiées aux sucs de la terre et, bientôt après, nous en voyons surgir des pousses qui grandissent, qui étalent feuilles et fruits. Considérons donc la petitesse d’une semence d’arbre jetée en terre pour produire un arbre, et représentons-nous, si nous en sommes capables, où était caché dans l’exiguïté de cette semence l’arbre tellement immense qui en est sorti, où donc étaient le bois, l’écorce, la verdure du feuillage, la profusion des fruits. Distinguait-on rien de tel dans la semence quand elle était jetée en terre ? Et pourtant, selon le plan secret du maître d’œuvre qui ordonne merveilleusement le devenir universel, dans la délicatesse de la semence était cachée l’âpreté de l’écorce, dans la fragilité de la semence se voilait la force de sa résistance et dans sa sécheresse, la profusion de sa fécondité. Faut-il donc s’étonner qu’une poussière si ténue, qui échappe même à nos yeux une fois réduite à ses éléments, recouvre forme humaine le jour où le veut Celui qui des semence les plus tenues fait surgir dans leur intégrité des arbres immenses ? Puisque donc nous sommes des êtres doués de raison, l’espérance de notre résurrection devrait s’imposer à notre regard, à notre contemplation même devant le monde extérieur. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    5

    Titre

    (Livres XI-XVI)

    (Livres XI-XIV)

     

    436

    § 73 l. 65

    ipse

    ipsa

     

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