• SC 589

    Évagre le Pontique

    Chapitres sur la prière

    octobre 2017

    Édition du texte grec, introduction, traduction, notes et index de Paul Géhin.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre et de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Yasmine Ech Chael.
    ISBN : 9782204122078
    470 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    153 chapitres, autant de « poissons » spirituels à déguster.

    Présentation

    Les Chapitres sur la prière, au nombre de 153, comme les poissons de la pêche miraculeuse, représentent la fine pointe de l’enseignement d’Évagre, exprimé dans une langue ciselée et selon sa forme littéraire préférée. Après Clément d’Alexandrie et Origène, Évagre y aborde à son tour la prière, qu’il présente de manière épurée comme un colloque intime entre l’intellect et Dieu. Alors que dans d’autres traités il avait surtout analysé les passions et les pensées de l’âme, il explore ici l’intellect humain, dont il reconnaît à la fois la prééminence et les faiblesses, et s’emploie à déjouer les pièges empêchant celui-ci d’atteindre la prière « en esprit et en vérité ». Il s’agit notamment de se débarrasser de toute forme de représentation et de multiplicité : car, au rebours de maintes pratiques modernes de méditation, cette contemplation exclut tout usage de l’imagination.

    Le traité a joui d’une grande popularité à la période byzantine, comme le montrent le nombre élevé des manuscrits et l’abondante tradition indirecte. L’authenticité évagrienne du traité, transmis pendant des siècles sous le nom de Nil d’Ancyre, est un point désormais acquis. Cette édition critique, complétée par plusieurs appendices, entend restituer ainsi sa teneur originelle.

    Paul Géhin, Directeur de recherche émérite au CNRS et ancien responsable de la Section grecque de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes (Paris), a publié dans la collection plusieurs textes évagriens, les Chapitres des disciples d’Évagre (SC 514), les Scholies à l’Ecclésiaste (SC 397), les Scholies aux Proverbes (SC 340) et, en collaboration avec Antoine et Claire Guillaumont, le traité Sur les pensées (SC 438).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Les Chapitres sur la prière sont l’œuvre la plus célèbre d’Évagre (v. 345 – 399). Au nombre de 153, comme les poissons de la pêche miraculeuse (Jean 21,11), ils constituent le sommet de son enseignement. Alors que, dans d’autres traités, il avait surtout analysé les passions et les pensées de l’âme, Évagre explore ici l’intellect humain, avec sa grandeur et ses faiblesses. S’adressant sans le nommer à un personnage à la fois très cultivé et très avancé dans l’ascèse, l’ermite des Kellia, dans le désert égyptien, développe une conception très épurée de la prière, formulée comme un colloque intime entre l’intellect et Dieu.

    Du côté grec, Évagre est le troisième à avoir abordé le sujet de la prière, après Clément d’Alexandrie et Origène. Il ne s’intéresse presque pas au « Notre Père », ni aux aspects concrets, pas même liturgiques, de l’oraison. Il vise non son application pratique, mais, d’emblée, ce qu’elle a de « théorétique » : la contemplation, la montée vers Dieu. Sous une forme littéraire originale en la matière, et tout empreints de l’idéalisme hellénique, les chapitres suivent en effet une tradition qui place la contemplation au terme d’un parcours spirituel visant à dépasser toute forme de représentation.

    Dans ce parcours, loin d’être réduite à cause de la solitude ou d’un intellectualisme mal compris, la charité fraternelle est une préoccupation constante :

    « Efforce-toi, écrit Évagre, de ne prier contre personne dans ta prière, afin de ne pas démolir ce que tu construis, en rendant ta prière abominable. (…) Bienheureux le moine qui considère tous les hommes comme dieu après Dieu. Bienheureux le moine qui voit avec plaisir le salut et le progrès de tous comme le sien propre, avec une joie profonde. Le moine est celui qui est séparé de tous et en accord avec tous » (chap. 103.122-124).

    De haute tenue littéraire, les Chapitres sur la prière révèlent un style particulièrement soigné et emploient un vocabulaire choisi, souvent rare. Pour la plupart très brefs, ils illustrent magistralement l’art de la maxime, y mêlant parfois celui des saynètes édifiantes, dignes de celles des Apophtegmes, et même quelques traits satiriques, témoignant d’un humour aussi piquant qu’inopiné.

    Quatre appendices complètent le volume : le premier, sur le symbolisme du chiffre 153, à la lumière de l’arithmétique antique, explique et met en perspective la valeur mathématique et symbolique qu’Évagre lui confère ; le second examine les sources relatives à Jean Colobos (cité au chapitre 107) ; le troisième fournit le « Supplément antimessalien » de l’œuvre, présenté, édité et traduit à nouveaux frais ; le quatrième détaille l’ensemble des collations du Monacensis gr. 498, qui a puisé à deux traditions.

    Le volume offre, de fait, une editio critica maior du texte grec, lequel n’était disponible jusqu’ici que dans des éditions des XVIIe et XVIIIe siècles. L’édition est fondée sur un examen complet de la tradition, à la fois directe – pas moins de 120 manuscrits –, et indirecte, y compris des versions syriaques, arménienne, arabes, géorgiennes, éthiopienne et slave. Certains chapitres maltraités par la tradition ont été restitués pour la première fois dans leur teneur originelle et présentent ainsi un visage inédit.

    Guillaume Bady

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Sur la prière

    Les Chapitres sur la prière sont l’œuvre la plus célèbre d’Évagre (v. 345 – 399). Au nombre de 153, comme les poissons de la pêche miraculeuse (Jean 21,11), ils constituent le sommet de son enseignement. Alors que, dans d’autres traités, il avait surtout analysé les passions et les pensées de l’âme, Évagre explore ici l’intellect humain, avec sa grandeur et ses faiblesses. S’adressant sans le nommer à un personnage à la fois très cultivé et très avancé dans l’ascèse, l’ermite des Kellia, dans le désert égyptien, développe une conception très épurée de la prière, formulée comme un colloque intime entre l’intellect et Dieu. Le volume offre une editio critica maior du texte grec, lequel n’était disponible jusqu’ici que dans des éditions des XVIIe et XVIIIe siècles. L’édition est fondée sur un examen complet de la tradition, à la fois directe – pas moins de cent-vingt manuscrits –, et indirecte, y compris des versions syriaques, arménienne, arabes, géorgiennes, éthiopienne et slave. Certains chapitres maltraités par la tradition ont été restitués pour la première fois dans leur teneur originelle et présentent ainsi un visage inédit.

    Évagre est le troisième Père grec à avoir abordé le sujet de la prière, après Clément d’Alexandrie et Origène. Il ne s’intéresse presque pas au Notre Père, ni aux aspects concrets, pas même liturgiques, de l’oraison. Il vise non son application pratique, mais, d’emblée, ce qu’elle a de « théorétique » : la contemplation, la montée vers Dieu. Sous une forme littéraire originale en la matière, et tout empreints de l’idéalisme hellénique, les chapitres suivent en effet une tradition qui place la contemplation au terme d’un parcours spirituel visant à dépasser toute forme de représentation. Dans ce parcours, loin d’être réduite à cause de la solitude ou d’un intellectualisme mal compris, la charité fraternelle est une préoccupation constante. De haute tenue littéraire, les Chapitres sur la prière révèlent un style particulièrement soigné et emploient un vocabulaire choisi, souvent rare. Pour la plupart très brefs, ils illustrent magistralement l’art de la maxime, y mêlant parfois celui des saynètes édifiantes, dignes de celles des Apophtegmes, et même quelques traits satiriques, témoignant d’un humour aussi piquant qu’inopiné. Quatre appendices complètent le volume : le premier, sur le symbolisme du chiffre 153, à la lumière de l’arithmétique antique, explique et met en perspective la valeur mathématique et symbolique qu’Évagre lui confère ; le second examine les sources relatives à Jean Colobos (cité au chapitre 107) ; le troisième fournit le Supplément antimessalien de l’œuvre, présenté, édité et traduit à nouveaux frais ; le quatrième détaille l’ensemble des collations du Monacensis gr. 498, qui a puisé à deux traditions.

    Extrait(s)

    (14-16, p. 233 ; 103, p. 319 ; 122-125, p. 339-341)

     « La prière est un rejeton de la douceur et de l’absence de colère. La prière est un jaillissement de la joie et de l’action de grâces. La prière est un remède à la tristesse et au découragement» (14-16, p. 233)

     « Efforce-toi de ne prier contre personne dans ta prière, afin de ne pas démolir ce que tu construis, en rendant ta prière abominable. » (103, p. 319)

    « Bienheureux le moine qui considère tous les hommes comme dieu après Dieu. Bienheureux le moine qui voit avec plaisir le salut et le progrès de tous comme le sien propre, avec une joie profonde. Le moine est celui qui est séparé de tous et en accord avec tous. Le moine est celui qui ne pense faire qu’un avec tous parce qu’il croit se voir indéfectiblement en chacun. » (122-125, p. 339-341) 

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

Volumes SC connexes

  • SC 428
    SC 428

    Clément d'Alexandrie

    Les Stromates. Stromate VII

    novembre 1997

    Le portrait du vrai gnostique, ou les prémices de l'ouvrage ultime de Clément sur le Maître divin, au tournant des 2e et 3e siècles.

  • SC 387
    SC 387

    Pères du désert

    Les Apophtegmes des Pères, tome I

    mars 1993

    Vie radicale et humour décapant : ces paroles et histoires édifiantes des ermites d’Égypte font fleurir le désert.

  • SC 474
    SC 474

    Pères du désert

    Les Apophtegmes des Pères, tome II

    octobre 2003

    Vie radicale et humour décapant : ces paroles et histoires édifiantes des ermites d’Égypte font fleurir le désert.

  • SC 498
    SC 498

    Pères du désert

    Les Apophtegmes des Pères, tome III

    octobre 2005

    Vie radicale et humour décapant : ces paroles et histoires édifiantes des ermites d’Égypte font fleurir le désert.

  • SC 400
    SC 400

    Athanase d'Alexandrie

    Vie d'Antoine

    octobre 2004

    L’acte de naissance de la vie monastique et la source de toutes les aspirations au désert.

  • SC 42 bis
    SC 42bis

    Jean Cassien

    Conférences, tome I

    décembre 1966

    Le désert d’Égypte transporté à Marseille, à la faveur des entretiens d’un fondateur avec ses moines provençaux (vers 426).

  • SC 54
    SC 54

    Jean Cassien

    Conférences, tome II

    décembre 1958

    Le désert d’Égypte transporté à Marseille, à la faveur des entretiens d’un fondateur avec ses moines provençaux (vers 426).

  • SC 64
    SC 64

    Jean Cassien

    Conférences, tome III

    décembre 1959

    Le désert d’Égypte transporté à Marseille, à la faveur des entretiens d’un fondateur avec ses moines provençaux (vers 426).

Du même auteur

  • SC 615
    couverture SC615

    Scholies aux Psaumes, tome II (Psaumes 71-150)

    mai 2021

    Les Psaumes lus par le « philosophe du désert », dans la première édition intégrale des Scholies

  • SC 614
    couverture SC614

    Scholies aux Psaumes, tome I (Psaumes 1-70)

    mai 2021

    Les Psaumes lus par le « philosophe du désert », dans la première édition intégrale des Scholies

  • SC 591
    SC 591

    À Euloge

    décembre 2017

    Le combat contre les vices, par le « philisophe du désert »

  • SC 514
    SC 514

    Chapitres des disciples d'Évagre

    août 2007

    L'ascèse de l'esprit, ou le développement d'un enseignement spirituel, au début du 5e siècle.

  • SC 438
    SC 438

    Sur les pensées

    novembre 1998

    L'âme humaine, théâtre de bataille et enjeu d'un intense combat spirituel, éclairé par un maître spirituel à la fin du 4e siècle.

  • SC 397
    SC 397

    Scholies à l'Ecclésiaste

    décembre 1993

    Petites notes spirituelles sur la vie en Christ, véritable « Ecclésiaste », par le « philosophe du désert ».

  • SC 356
    SC 356

    Le Gnostique

    mai 1989

    Comment connaître Dieu ? La fine pointe de l'enseignement d'un maître spirituel à la fin du 4e siècle.

  • SC 340
    SC 340

    Scholies aux Proverbes

    décembre 1987

    Petites notes spirituelles sur le commencement de la sagesse, par le « philosophe du désert ».

  • SC 171
    SC 171

    Traité pratique ou Le Moine, tome II

    décembre 1971

    Acquérir l'impassibilité, première étape vers la connaissance de Dieu, par un maître spirituel à la fin du 4e siècle.

  • SC 170
    SC 170

    Traité pratique ou Le Moine, tome I

    décembre 1971

    Acquérir l'impassibilité, première étape vers la connaissance de Dieu, par un maître spirituel à la fin du 4e siècle.