• SC 397

    Évagre le Pontique

    Scholies à l'Ecclésiaste
    Edition princeps du texte grec

    décembre 1993

    Édition princeps du texte grec, introduction, traduction, notes et index par Paul Géhin.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204048736
    200 pages
    Petites notes spirituelles sur la vie en Christ, véritable « Ecclésiaste », par le « philosophe du désert ».

    Présentation

    Les Scholies à l’Ecclésiaste d’Évagre font partie des textes récemment découverts. Les voici réunies et éditées ici pour la première fois. L’Ecclésiaste est obsédé par la vanité de toute chose et par l’inanité qui frappe toute activité humaine. Évagre reprend à l’auteur de ce livre biblique les éléments qui s’accordent à sa propre sensibilité monastique, mais dans le même temps modifie la portée générale du livre. Son interprétation est liée à sa conception particulière de la vie spirituelle et du salut des créatures. A son habitude, il donne un commentaire discontinu, fait de notes généralement assez brèves. Ici ou là, on sent l’influence d’Origène.

    Paul Géhin est chargé de recherche au C.N.R.S., rattaché à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes de Paris. Il a déjà publié dans la collection des Sources Chrétiennes les Scholies aux Proverbes d’Évagre et travaille actuellement, avec A. et C. Guillaumont, à la poursuite de l’édition de l’œuvre évagrienne.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Avec les Scholies à l'Ecclésiaste d'Évagre le Pontique, venant après l'édition de ses Scholies sur les Proverbes (SC 340), due elle aussi à P. Géhin, chercheur au CNRS attaché à l'IRHT de Paris, la Collection s'enrichit une fois encore d'un texte édité pour la première fois. Les Scholies, un genre exégétique particulier, ne s'attachent qu'à certains versets du texte biblique, généralement commentés de manière brève. Du livre de l'Ecclésiaste, Évagre fait une lecture philosophique et spirituelle, en s'efforçant de tempérer le pessimisme excessif de son auteur, pour finalement découvrir, grâce à une exégèse symbolique, le Christ dans le personnage de l'Ecclésiaste et, dans ses déclarations, les linéaments de l'histoire du salut.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Découvertes en 1979 par Paul Géhin, les Scholies à l’Ecclésiaste d’Évagre représentent la deuxième étape de la progression spirituelle, puisque l’Ecclésiaste, selon la tradition venue d’Origène, est le second des livres sapientiaux dont la lecture fait progresser le croyant, après les Proverbes et avant le Cantique. 73 scholies, de 1 à 30 lignes, représentent la lecture évagrienne de l’Ecclésiaste, parfois tâtonnante, pratiquant toujours une exégèse symbolique, principalement mais non exclusivement orientée vers la « physique », c’est-à-dire la connaissance du monde, celui des humains plutôt que celui des phénomènes naturels. Comme pour Proverbes, le texte biblique d’Évagre est proche de celui de l’Alexandrinus.

    Les Scholies figurent dans deux manuscrits grecs (plus un troisième, copie d’un des deux) et dans 4 types différents de chaînes, dont certaines dérivées de l’Epitomé de Procope ; on rencontre en outre trois scholies isolées parmi des extraits d’autres auteurs.

     

    Évagre commente des versets ou des groupes de versets isolément, en changeant de sujet fréquemment. Son choix de versets commentés est très irrégulier : il n’y a plus grand chose après le chapitre 7. Ce qui structure le contenu de son exégèse est la distinction entre le monde sensible et le monde intellectuel ou spirituel, le premier étant un langage pédagogique pour renvoyer au second, auquel on accède par la purification, puisque « la maison des prisonniers (Qo 4, 14) est le monde sensible dans lequel chacun est attaché par les chaînes de ses propres péchés (Pr 5, 22) ». Ce qui traverse l’ensemble est la thématique du progrès spirituel, ses étapes, parfois ses retours en arrière, ses obstacles amassés par l’envie du diable, sa visée ultime : « la science de Dieu et un doux repos » pour ceux qui auront accompli en cette vie leur purification. En tout cela s’exerce par le Christ la providence de Dieu. La science de Dieu est la nourriture et la boisson de l’intellect, sa richesse, sa joie (Qo 5, 17-19). Quand on a cette science-là, on a déjà quitté la vie sensible.

    Extrait(s)

    Scholie 2, SC 397, p. 59-61, sur Qo 1, 2

    Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. à ceux qui sont entrés dans l’église intelligible et qui admirent la contemplation des êtres créés, le texte dit : Ne pensez pas, vous autres, que ce soit le terme ultime déposé pour vous dans les promesses, car tout cela est vanité des vanités face à la science de Dieu lui-même. De même que les médicaments sont vains après la complète guérison, de même les raisons (logoi) des siècles et des mondes sont vaines après la science de la sainte Trinité.

    Scholie 8, SC 397, p. 71-73, sur Qo 2, 10

    Et tout ce que mes yeux ont demandé, je ne le leur ai pas soustrait, je n’ai écarté mon cœur d’aucune joie. Ce n’est pas par la parole que l’âme demande la science, mais par la pureté, car il est dit : Ce n’est pas celui qui me dit : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père (Mt 7, 21). C’est en effet en fonction de notre état que nous recevons la science, s’il est vrai que c’est avec la mesure avec laquelle nous mesurons que l’on mesurera pour nous. La demande intelligible est par conséquent l’impassibilité de l’âme raisonnable qui attire la sainte science. Ainsi donc il ne soustrait rien à ses yeux, celui qui se rend capable de recevoir toute la science : je veux parler de toute la science qui peut naturellement survenir dans une âme liée au sang et à la chair.

    Scholie 25, SC 397, p. 101 sur Qo 4, 4

    Et moi, j’ai vu que toute la fatigue et toute la force virile de la créature, c’est jalousie de l’homme envers son compagnon ; et cela aussi est vanité et choix de l’esprit. J’ai vu, dit-il, toute la malice, et le Malin qui y développe sa force virile ; car celui-ci, il l’appelle aussi viril en impiétés, opprimant les pauvres, et encore « créatures », parce qu’« il a été créé pour être la risée des anges » de Dieu. J’ai vu aussi toute la jalousie qu’il possède à l’égard des hommes, jalousie qui est vaine et qui donne de l’assurance à son cœur, car il faut que Dieu, assurément, soit tout en tous et que soit accomplie cette prière du Christ : « Donne-leur d’être, eux aussi, un en nous, comme toi et moi sommes un, Père. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    40

    l. 9 ab imo

    sour

    sous

     

    125

    l. 7

    le vie des hommes

    la vie des hommes

     

Du même auteur

  • SC 615
    couverture SC615

    Scholies aux Psaumes, tome II (Psaumes 71-150)

    mai 2021

    Les Psaumes lus par le « philosophe du désert », dans la première édition intégrale des Scholies

  • SC 614
    couverture SC614

    Scholies aux Psaumes, tome I (Psaumes 1-70)

    mai 2021

    Les Psaumes lus par le « philosophe du désert », dans la première édition intégrale des Scholies

  • SC 591
    SC 591

    À Euloge

    décembre 2017

    Le combat contre les vices, par le « philisophe du désert »

  • SC 589
    SC 589

    Chapitres sur la prière

    octobre 2017

    153 chapitres, autant de « poissons » spirituels à déguster.

  • SC 514
    SC 514

    Chapitres des disciples d'Évagre

    août 2007

    L'ascèse de l'esprit, ou le développement d'un enseignement spirituel, au début du 5e siècle.

  • SC 438
    SC 438

    Sur les pensées

    novembre 1998

    L'âme humaine, théâtre de bataille et enjeu d'un intense combat spirituel, éclairé par un maître spirituel à la fin du 4e siècle.

  • SC 356
    SC 356

    Le Gnostique

    mai 1989

    Comment connaître Dieu ? La fine pointe de l'enseignement d'un maître spirituel à la fin du 4e siècle.

  • SC 340
    SC 340

    Scholies aux Proverbes

    décembre 1987

    Petites notes spirituelles sur le commencement de la sagesse, par le « philosophe du désert ».

  • SC 171
    SC 171

    Traité pratique ou Le Moine, tome II

    décembre 1971

    Acquérir l'impassibilité, première étape vers la connaissance de Dieu, par un maître spirituel à la fin du 4e siècle.

  • SC 170
    SC 170

    Traité pratique ou Le Moine, tome I

    décembre 1971

    Acquérir l'impassibilité, première étape vers la connaissance de Dieu, par un maître spirituel à la fin du 4e siècle.