• SC 400

    Athanase d'Alexandrie

    Vie d'Antoine

    octobre 2004

    Introduction, texte critique, traduction et notes par G. J.M. Bartelink.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique et de l'Œuvre d'Orient.
    ISBN : 9782204076760
    450 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    L’acte de naissance de la vie monastique et la source de toutes les aspirations au désert.

    Présentation

    Athanase et Antoine sont des personnages de première grandeur. Le second, qui n’est pas à proprement parler l’initiateur de la vie monastique, en est devenu la figure emblématique par la force de l’expérience spirituelle et la justesse du discernement qui transparaissent déjà dans ses lettres et ses apophtegmes. c’est l’évêque d’Alexandrie qui lui a conféré son immense notoriété, nullement atténuée depuis des siècles. Grâce à Athanase, comme Grégoire de Nazianze l’avait senti, le récit des faits devient une véritable charte de la vie spirituelle la plus haute en christianisme ; en même temps le pasteur assigne dans la grande Église sa juste place au monachisme.

    La densité de cette œuvre, si largement lisible, explique sa diffusion très rapide, en grec, en latin, mais aussi en arménien, en copte, en éthiopien, en géorgien, en syriaque et en vieux slave. Tous les monastères en avaient une copie. Et le pauvre peuple a trouvé un merveilleux intercesseur en cet Antoine dont Athanase avait divulgué la sainteté et la bonté rayonnantes.

    Fondée sur cinquante manuscrits, la présente édition renouvelle le texte de Montfaucon utilisé depuis 1698. L’authenticité athanasienne y est confirmée. L’enracinement d’abord biblique du témoignage d’Antoine y est amplement montré.

    Gérard J.M. Bartelink (1924-2012), professeur à l’Université de Nimègue, a aussi publié dans la collection des Sources Chrétiennes la Vie d’Hypatios de Callinicos (SC 177).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Ce volume attendu, préparé par G.J.M. Bartelink, professeur émérite à l'université de Nimègue, et signalé à l'attention du public par une belle jaquette, donne accès à un texte fondateur, très tôt traduit du grec en de nombreuses langues, dont l'influence s'est exercée sur tout le monachisme oriental et occidental et dont la postérité littéraire et artistique est immense. Au-delà d'anecdotes plaisantes ou merveilleuses, dans un monde où l'homme est sans cesse confronté à de multiples tentations, Athanase propose avec cette Vie d'Antoine un itinéraire spirituel, qui passe par la retraite en des lieux toujours plus désertiques, mais ne s'achève véritablement que dans la conquête du « désert intérieur ».

    (J.-N. Guinot, 1994)


    Antoine du désert est devenu, grâce à Athanase d'Alexandrie et à sa Vie d'Antoine, la figure emblématique de toute expérience spirituelle, liée à la vie érémitique et monastique. Athanase a sans aucun doute beaucoup fait pour la notoriété d'Antoine et la diffusion du choix de vie qui fut le sien, dont allait s'inspirer l'Orient et l'Occident. L'auteur de la Vie des Pères du Jura n'écrit-il pas qu'on lisait quotidiennement au monastère de Condat les Règles de Basile, de Pachôme, des Pères de Lérins et de Jean Cassien ? Que de chemin parcouru depuis le désert d'Égypte !

    La Vie d'Antoine est donc un texte source, et cela suffit à expliquer qu'il ait été nécessaire de réimprimer sans plus tarder le numéro 400 de la Collection. En raison de la nature et de l'importance de ce texte, il a fallu joindre à sa réimpression des compléments bibliographiques et historiques plus étendus qu'à l'ordinaire, pour tenir compte des recherches intervenues depuis la première édition qu'en a donnée le professeur G.J.M. Bartelink de l'Université de Nimègue, en 1994. Je tiens ici à remercier tout particulièrement Mme Annick Martin (Université de Rennes) et Mme Monique Alexandre (Université Paris IV-Sorbonne) pour l'aide précieuse qu'elles m'ont apportée dans ce travail.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La Vie d’Antoine par Athanase est un des textes les plus célèbres de l’Antiquité chrétienne, qui fut traduit deux fois en latin dans les années qui suivirent sa rédaction (et aussi en copte, syriaque, vieux slave). Augustin dans les Confessions, raconte l’effet que fit le livre sur deux hauts fonctionnaires romains qui le trouvèrent et le lurent un jour près de Trèves, et décidèrent aussitôt de devenir moines. L’œuvre, avec ses récits de visions et de tentations, a inspiré aussi une multitude d’œuvres littéraires ou de peintures.

    Athanase a composé son récit dans les mois qui suivirent la mort d’Antoine en 356. Il avait lui-même assez peu rencontré Antoine, mais s’était renseigné auprès de témoins (dont Sérapion de Thmuis) ; il a mis aussi beaucoup de lui-même dans cette biographie, à utiliser par l’historien avec prudence. Elle est très construite, montrant Antoine s’éloignant progressivement du monde dans sa quête de perfection, fuyant les gens et sans cesse rejoint par eux, qui avaient besoin de son discernement et de son exemple. Athanase fait aussi d’Antoine, pour les besoins de l’église du temps, un champion de la foi contre les païens, un champion de l’orthodoxie contre l’arianisme, et un ami des évêques (à une époque où il y avait souvent des tensions entre l’épiscopat et le monde monastique qui tenait à son indépendance).

    Après des controverses entre le XVIe siècle et le XXe siècle, il n’y a plus guère de doutes aujourd’hui sur l’authenticité athanasienne de la Vie, ni sur la priorité de la version grecque par rapport à la version copte. Plus de 165 manuscrits grecs nous transmettent le texte d’Athanase.

     

    En 94 chapitres la vie d’Antoine est contée de sa naissance à sa mort, entrecoupée par des discours censément tenus par Antoine en diverses circonstances (mais où le style d’Athanase est bien reconnaissable aussi). Après une préface d’Athanase aux moines qui lui avaient demandé ce récit, les premiers chapitres racontent brièvement l’enfance et la vocation d’Antoine entendant le précepte de Mt 19, 21 de tout donner pour suivre le Christ. Il se dépouille en plusieurs étapes, et commence la vie ascétique, en suivant l’exemple d’ascètes plus âgés, d’abord près de sa maison, puis à proximité du village, puis plus loin dans un tombeau abandonné ; vers 35 ans il décide de s’enfoncer dans le désert et s’installe dans un ancien fort où il restera près de 20 ans. Les tentations ne lui manquent pas, envoyées par les démons qui veulent sa chute. à cet endroit de la Vie est inséré le premier discours d’Antoine, le plus long (chap. 16-43), en particulier sur le discernement des visions envoyées par Dieu ou par le démon. Assailli de visites, Antoine décide de s’enfoncer plus encore au désert, dans la « montagne intérieure » présentée (chap. 49-50) comme un véritable paradis retrouvé. Antoine y passera le reste de ses jours, plus que centenaire, non sans continuer à y recevoir des visiteurs (là s’insère un second discours, bref, sur l’examen de conscience : chap. 55), ni sans retourner de temps en temps, à la demande des gens, vers la « montagne extérieure » (son ancien fort), et une fois jusqu’à Alexandrie pour combattre l’arianisme et réfuter au passage des philosophes païens : c’est son troisième discours (chap. 74-80). Sa fin à 105 ans est racontée (chap. 89-92), suivie d’un ultime portrait (93) et d’une conclusion sur l’utilité de lire sa Vie (94).

    On trouve dans cette Vie, modèle de beaucoup d’autres, des thèmes qui resteront courants dans la littérature monastique : comparaison du moine avec telle figure biblique (Moïse, élie, les Apôtres…), l’état de vie monastique comme retour au paradis, la thaumaturgie, la clairvoyance, la victoire sur les démons qui suscitent de multiples tentations, le moine successeur du martyr, les visions bienheureuses ou diaboliques, objet d’un nécessaire discernement.

    Extrait(s)

    (chap. 14, SC 400, p. 173-175)

    Comme beaucoup désiraient et voulaient imiter son ascèse et comme d’autres de ses familiers étaient venus, avaient forcé et brisé sa porte et voulaient le pousser dehors, Antoine sortit comme du fond d’un sanctuaire où il aurait été initié aux mystères et inspiré d’un souffle divin. C’est alors que, pour la première fois, il sortit du fort et se fit voir à ceux qui venaient à lui. Quand ils le virent, ils furent dans l’admiration de voir que son corps avait gardé le même état : ni empâté par le manque d’exercice physique, ni amaigri par le jeûne et la lutte contre les démons, mais tel qu’on l’avait connu avant qu’il fît retraite. Quant à son âme, elle était dans un état de pureté, ni resserrée par la tristesse, ni relâchée par le plaisir, ni sujette au rire ou au chagrin. (…)

    Il persuada ainsi beaucoup de gens d’embrasser la vie solitaire. C’est ainsi que dès lors, même dans les montagnes il y eut des ermitages, et le désert fut comme une cité de moines, débarrassés de leurs biens, imitateurs de la cité céleste.

    (p. 231-233)

    Le discernement des esprits

    4. En effet, il est facile et possible de distinguer la présence des mauvais et des bons, si Dieu l’accorde. La vue des saints n’est pas accompagnée de troubles. Car il ne disputera pas, il ne criera pas et l’on n’entendra pas leur voix. Elle se produit tranquillement doucement, de sorte qu’aussitôt la joie, l’allégresse et le courage s’insinuent dans l’âme. 5. Car avec eux est le Seigneur, qui est notre joie et la force de Dieu le Père. Les pensées de l’âme demeurent sans trouble et sans agitation, si bien qu’illuminée, elle voit par elle-même ceux qui apparaissent. Un désir des biens divins à venir l’envahit, et elle voudrait absolument s’unir à eux, si elle pouvait s’en aller avec eux.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    151

    l. 7 de la trad., à partir du bas

    Il résout

    Il résolut

     

    450

    Ligne 25

    426

    444

    La pagination de la carte doit figurer après les annexes et non avant.

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