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SC 356
Évagre le Pontique
Le Gnostique
ou À celui qui est devenu digne de la sciencemai 1989Édition critique des fragments grecs, traduction intégrale établie au moyen des versions syriaques et arménienne, commentaire et tables par Antoine Guillaumont et Claire Guillaumont.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.ISBN : 9782204031905208 pagesIndisponible chez notre éditeurComment connaître Dieu ? La fine pointe de l'enseignement d'un maître spirituel à la fin du 4e siècle.Présentation
Le « gnostique » désigne, selon Évagre, dans une acception pleinement chrétienne, celui qui, après avoir mené à bien la « pratique » et atteint par elle un certain degré d’impassibilité, est parvenu à la science spirituelle. Il a pour tâche désormais d’aider les autres à y accéder à leur tour et à y progresser. Le livre, se situant dans la tradition monastique du désert et dans la tradition scolaire issue de l’hellénisme, est ainsi consacré à l’enseignement du gnostique : à quelles conditions celui-ci pourra enseigner, ce qu’il enseignera (notamment l’exégèse), comment il enseignera, les précautions qu’il devra prendre, ne révélant à chacun que ce qu’il est capable de comprendre et réservant aux plus avancés les vérités les plus hautes.
Le Gnostique est donc la suite logique du Traité pratique. Plus court – cinquante chapitres seulement, où s’illustre la concision du genre –, il n’est transmis intégralement qu’en syriaque et en arménien, avec quelques fragments grecs, conservés depuis la fin du IVe siècle.Antoine Guillaumont (1915-2000), professeur au Collège de France et membre de l’Institut, et son épouse Claire Guillaumont (1916-2005), historiens du christianisme oriental ancien, ont publié plusieurs autres volumes d’Évagre dans la collection : le Traité pratique (SC 170-171), Sur les pensées (SC 438).
Le mot des Sources Chrétiennes
Le nom d'Évagre le Pontique est désormais familier au lecteur de la collection. Avec Le Gnostique (SC 356), qui fait suite au Traité pratique (SC 170-171), l'auteur définit les conditions auxquelles celui qui est parvenu à la science spirituelle pourra aider les autres à y accéder à leur tour et à y progresser. De cet enseignement qui se situe dans la tradition du monachisme égyptien des Kellia, on nous permettra d'extraire seulement cette recommandation qui vaut peut-être aussi pour les collaborateurs de la Collection :
« Que ceux que tu instruis te disent toujours : 'Ami, monte plus haut.' Il serait honteux, en effet, qu'après être monté tu sois ramené vers le bas par les auditeurs » (SC 29, p. 143).
Dominique Bertrand
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Ce traité spirituel de la fin du IVe siècle, dont le titre complet est : Le gnostique ou à celui qui est devenu digne de la science, consiste en une série de 50 brefs chapitres (kephalaia) de 2 à 12 lignes. Il fait suite au Traité pratique ou Le moine et précède les Chapitres gnostiques (Kephalaia gnostica), formant avec eux une sorte de trilogie de la progression spirituelle dont il constitue la seconde étape. écrit au désert des Kellia, il s’adresse aux moines, comme les apophtegmes dont il reprend la forme concentrée. Il se présente comme un écho de l’enseignement des vieillards et veut parler aux croyants avancés, ceux, déjà purifiés, qui ont franchi l’étape « pratique » et arrivent à celle de la « gnose » véritable.
Dans certains manuscrits, ce traité ne fait qu’un avec le Traité pratique dont il est la fin. Nous n’avons de l’original grec que des extraits représentant à peu près la moitié du total et transmis surtout sous le nom de Nil d’Ancyre, ou pour 5 chapitres sous celui de Maxime le Confesseur. L’œuvre au complet a été transmise en arménien et en syriaque dans trois versions successives, la troisième révisant la première. Les manuscrits donnant le texte grec ne sont guère antérieurs au début du XIVe siècle. Pour la tradition indirecte, quelques chapitres sont cités par l’historien Socrate, par Œcuménius, Palamas et des florilèges. Le texte grec, parfois abîmé ou remanié, n’est pas forcément plus fiable que les versions anciennes.
La fonction essentielle du gnostique est d’enseigner, tout en continuant à progresser lui-même dans sa purification des passions. Il est le « sel » des impurs et la « lumière » des purs. Il doit s’adresser aux moines et à ceux qui vivent dans le monde pour les aider à progresser, en ayant sans cesse en vue leur salut, et seulement leur salut.
Les 50 chapitres reviennent tous sur cette thématique de la pédagogie du gnostique, qui doit se faire à la fois proche et exigeant, enseigner en sachant discerner la situation de chacun, ramener à l’écriture et à sa lecture symbolique en sachant en éviter les excès… Les derniers chapitres (44-48) invoquent, pour accréditer cet enseignement spirituel à l’allure ésotérique, l’autorité de grands théologiens : Grégoire de Nazianze, Basile de Césarée, Athanase d’Alexandrie, Sérapion de Thmuis, Didyme d’Alexandrie, parlant tous des principales vertus. Les deux derniers reviennent à la visée fondamentale de la progression spirituelle : la pratique est purification, la physique est révélation, la théologie est conversion vers la Cause première (49) ; dans cette contemplation même le gnostique ne doit cesser de réparer l’image déchue (50).
Extrait(s)
Gnost. 5.29.32.33 (SC 356, p. 95, 143, 149, 151)
5. Toutes les vertus fraient la route au gnostique, mais plus que toutes la maîtrise de la colère. Celui, en effet, qui a touché à la science et qui se laisse aller facilement à la colère est semblable à quelqu’un qui se crève les yeux avec une pointe de fer.
29. Que ceux que tu instruis te disent toujours : Ami, monte plus haut (Lc 14, 10). Il serait honteux, en effet, qu’après être monté, tu sois ramené vers le bas par tes auditeurs.
32. Ferme la bouche à ceux qui déblatèrent à tes oreilles et ne t’étonne pas d’être blâmé par beaucoup, car c’est là une tentation qui vient des démons. Il faut en effet que le gnostique soit exempt de haine et de rancune, ne leur en déplaise !
33. à son insu, celui qui guérit les hommes à cause du Seigneur se soigne également lui-même ; car le remède qu’applique le gnostique guérit son prochain autant qu’il est possible, mais lui-même nécessairement.
Errata
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Remarques
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