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SC 593
Jérôme
Douze homélies sur des sujets divers
mars 2018Texte de dom Germain Morin (repris du CCL 78 et révisé) ; introduction, traduction et notes de Jean-Louis Gourdain.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.Révision assurée par Laurence Mellerin.ISBN : 9782204124799234 pagesLe temps de quelques homélies, écouter saint Jérôme parler à ses frères de Bethléem.
Présentation
À côté des Homélies sur les Psaumes ou des Homélies sur Marc, dont l’unité se constitue autour du livre biblique commenté, ces douze Homélies sur des sujets divers témoignent des différentes facettes de la prédication de Jérôme à Bethléem. On y retrouve certes le savant exégète, attentif à souligner les traits majeurs et l’enseignement spirituel qu’on peut tirer de la lecture du jour. On y perçoit également l’enthousiasme du chrétien lors de la célébration des grandes fêtes de l’année liturgique – Noël, Épiphanie – et singulièrement au jour de Pâques, ce « huitième jour » qui inaugure les temps nouveaux. On y entend surtout le supérieur du monastère qu’il a fondé s’adresser spécifiquement à ses moines pour leur rappeler, chaque fois qu’il est possible et dans deux homélies qui leur sont plus particulièrement consacrées, les exigences du « saint propos » qu’ils ont librement choisi et auquel il ne leur appartient plus de renoncer.
C’est ainsi un Jérôme, certes sévère et rigoureux, mais aussi fraternel et soucieux des besoins de son auditoire, qui se découvre ici.Professeur agrégé de Lettres classiques, Jean-Louis Gourdain a enseigné longtemps en second cycle, puis en classes préparatoires littéraires au Lycée Jeanne-d’ Arc de Rouen. À présent il donne des cours de latin, grec et patristique au Centre Théologique Universitaire de cette ville. Ses travaux portent sur l’exégèse et la prédication de Jérôme, auquel il a consacré sa thèse de doctorat et dont il a édité, en 2005, les Homélies sur Marc dans la collection (SC 494).
Le mot des Sources Chrétiennes
Après les Homélies sur Marc parues en 2005 (SC 494), voici un deuxième volume d’homélies de Jérôme, également préparé par Jean-Louis Gourdain. Il ne s’agit pas cette fois d’une série, mais d’un ensemble composite rassemblant des prédications liées à une période ou une fête liturgique – Nativité, Épiphanie, Carême, Vigile pascale, dimanche de Pâques (2) ; portant sur des passages évangéliques – le prologue de Jean, la péricope de Lazare et du riche (Lc 16, 19-31), les « scandales » de Mt 18, 7-9 ; ou encore sur des thématiques monastiques comme l’obéissance et la persécution des chrétiens.
Prêchées à Bethléem, sans doute au début du Ve siècle, pour un auditoire de pèlerins, de catéchumènes, mais surtout de moines, elles ont en commun de toutes s’appuyer sur l’Écriture et de mettre en œuvre les principes de l’exégèse de Jérôme : une lecture spirituelle, qui se détache de la « chair crue » de l’histoire, mais se tient également à distance des allégories et de leur « interprétation fumeuse » (Hom. Ex. 3, p. 160-162). Leur contenu théologique est loin d’être négligeable : elles abordent ainsi, à l’adresse des néophytes, le baptême comme nouvelle naissance ; ou encore le rôle central de la virginité perpétuelle de Marie, Jérôme établissant un beau parallèle entre la mystérieuse entrée de Jésus par les portes closes du ventre de Marie et sa sortie du tombeau clos (Hom. Ioh. 6, p. 106-115). Le Stridonien réaffirme nettement la foi trinitaire contre les hérésies, en particulier ariennes : il ne fut pas de temps où le Fils n’était pas ; l’Esprit Saint n’est pas une créature.
Dans ces textes très vifs et directs, Jérôme se montre pour ses moines un guide spirituel exigeant, sévère et rigoureux : insistant sur la liberté de leur engagement, il les renvoie chacun à sa responsabilité propre, leur rappelant, sans rien adoucir de la difficulté de l’ascèse, la grandeur de cet état de vie qu’ils ont choisi de façon désormais irréversible. Mais il sait aussi se montrer un pasteur attentif aux besoins de ses auditeurs, habité d’un vrai souci pédagogique. Par ses invectives, au pluriel le plus souvent – « voyez », « imitez », « imaginez », « comprenez ! » –, mais aussi au singulier – « ô moine ! » –, par les quelques accents personnels qui affleurent, manifestés par le recours ponctuel à la première personne du singulier – pour dire par exemple son ignorance, son étonnement devant le mystère de l’Incarnation, sa joie au jour de Pâques –, Jérôme offre dans ses homélies un visage plus fraternel que dans sa correspondance.Laurence Mellerin
Extrait(s)
Homélie sur Jean l’Évangéliste, 1, 1-14, § 6 (p. 107-109)
Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Le Verbe s’est fait chair et nous ignorons comment. Je tiens la raison de Dieu, je n’en tiens pas la science. Je sais que le Verbe s’est fait chair et je ne sais pas comment. Tu t’étonnes que je l’ignore ? Toute créature l’ignore. En effet le mystère qui a été caché dans tous les siècles, a été révélé dans notre siècle. On pourrait dire : S’il a été révélé, comment peux-tu dire que tu l’ignores ? Ce qui s’est fait a été révélé, mais la façon dont cela s’est fait reste cachée. En effet Isaïe dit : Sa génération, qui la racontera ? Et comment avait-il dit : Voici que la vierge concevra en son sein et enfantera ? Il dit ce qui s’est fait, mais quand il dit : Sa génération, qui la racontera ? il nous montre qu’il est né, mais comment il est né, nous l’ignorons.
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