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L'aventure des Sources Chrétiennes

Texte

Pour comprendre la naissance de la Collection Sources Chrétiennes, il faut imaginer ce qu’était la maison d’études de Fourvière en 1933, quand le P. Claude Mondésert y retrouve le P. Victor Fontoynont, ainsi que les Pères Pierre Chaillet, Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac et Jean Daniélou. Les études patristiques y sont à l’honneur. Déjà un projet de publication de textes de Pères grecs est dans l’air. Il est né de l’intelligence fervente du P. Fontoynont, pénétré de l’urgence de ce ressourcement pour le renouveau de la théologie latine et de la spiritualité orientale, ainsi que pour le rapprochement œcuménique. Un premier projet très élaboré se heurte à des objections matérielles (comment financer ce projet ?) de la part du Supérieur général de la Compagnie, le P. Wladimir Ledochowski (1868-1942).
Et voilà qu’en pleine guerre, peut-être parce que les communications sont difficiles avec Rome, discrètement le projet reprend vie et surtout trouve un éditeur qui accepte de courir le risque, à savoir les Éditions du Cerf, lancées par les dominicains dans l’entre-deux-guerres.
C’est donc en 1942, en pleine période de résistance à l’occupation nazie et de lancement à Fourvière de Témoignage Chrétien, que la collection des « Sources Chrétiennes » fut fondée à Lyon par deux futurs cardinaux, les Pères de Lubac et Daniélou. Il s’agissait, par une édition scientifiquement rigoureuse accompagnée d’une traduction et de notes, de mettre à la disposition du public, et d’abord des théologiens, les textes des grands auteurs chrétiens du premier millénaire, ceux qu’on appelle les « Pères de l’Église ». Ce retour aux sources n’a pas été sans susciter d’opposition, mais il a eu un immense retentissement au Concile Vatican II.

Et depuis, au rythme moyen de 8 volumes par an, l’œuvre éditoriale continue.
Devenues Institut de l’Université Catholique de Lyon en 1969, puis équipe du CNRS en 1977, les Sources Chrétiennes, grâce au travail des meilleurs spécialistes mondiaux, sont actuellement la plus importante collection dans le monde à présenter les textes patristiques dans leur langue d’origine (grec ou latin) et une traduction moderne (le français), ce qui fait que 40 % des ventes de la collection se font à l’étranger ; elles ont joué un rôle déterminant pour le renouveau de la théologie dans la seconde moitié du XXe siècle.
Implantées dans le terreau lyonnais, résolument œcuméniques et internationales, les Sources Chrétiennes sont depuis l’origine un lieu de rencontres fructueuses entre Universités d’État et Universités privées, entre chrétiens et non-chrétiens, entre clercs et laïcs.

 

Aucun de ces maîtres ne nous dispense de chercher et, dans toute la mesure où nous pensons avoir trouvé, de chercher encore. Tous, au contraire, comme Origène exploitant le merveilleux symbole des puits des Patriarches, que les Philistins ne cessent d'obstruer, tous nous apprennent à creuser nous-mêmes, à creuser toujours, et à « boire de l'eau de nos puits ». Ils ne nous dictent pas nos solutions, ne nous dispensent pas de réfléchir : ils nous stimulent. Ils annoncent en nous le mouvement qui ne doit plus s'arrêter. Ils nous initient à une foi qui nous libère autant qu'elle nous engage. […L']actualité [des Pères] est actualité de fécondation.

H. de Lubac