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SC 602
Jérôme
Commentaire sur Daniel
juin 2019Introduction, texte, traduction, notes et index de Régis Courtray.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.Révision assurée par Guillaume Bady – Yasmine Ech Chael.ISBN : 978-2-204-13013-4622 pagesLa fin des temps : terrible prophétie ! En 407, Jérôme interroge Daniel.
Présentation
Avec cette œuvre composée en 407, Jérôme est le premier commentateur latin de Daniel. Ce livre prophétique rédigé en hébreu, en araméen et en grec n’a pas manqué d’intéresser ce spécialiste de la Bible, lui permettant d’exercer ses talents de traducteur et d’examiner, à la suite d’Origène, la canonicité du texte.
Souhaitant se démarquer de ses ouvrages précédents sur les Douze petits prophètes, le moine de Bethléem a tenté ici une nouvelle méthode exégétique, marquée par la brièveté et par un commentaire « à intervalles » ; il s’est ainsi concentré sur les seuls versets qui lui paraissaient les plus importants, en particulier ceux annonçant la venue de l’Antichrist ou concernant la prophétie des soixante-dix semaines.
Ce Commentaire est aussi pour nous une source majeure concernant de nombreux textes aujourd’hui perdus, aidant à reconstituer des livres du Contre les chrétiens de Porphyre ou des Stromates d’Origène, ainsi que certains écrits chrétiens contre Porphyre.
À la fois témoignage de traditions disparues et scénario de la fin des temps, cette exégèse combative est ici livrée dans un texte renouvelé.Régis Courtray est maître de conférences en langue et littérature latines à l'Université Toulouse 2 – Jean Jaurès. Spécialiste de Jérôme, il a publié Prophète des temps derniers. Jérôme commente Daniel (Paris 2009).
Le mot du directeur de Collection
C’est en 407, après ses ouvrages exégétiques sur les Douze petits prophètes, que Jérôme écrit le premier commentaire latin sur Daniel, livre rédigé en hébreu, en araméen et en grec, qu’il s’ingénie à retraduire et à interroger sur sa canonicité. À la différence de ses commentaires précédents, le Stridonien s’y essaye à une rédaction brève et « à intervalles », non sans aborder de manière développée, dans le troisième livre, deux thèmes majeurs : tout d’abord, la difficile prophétie des « soixante-dix semaines d’années » que l’on trouve chez Jérémie (Jr 25, 11-12) et qui peut viser en son terme la venue du Christ ou celle de l’Antichrist ; ensuite, les fins dernières du monde, dans une vision inspirée du contexte historique de 407, qui voit l’empire romain s’écrouler sous les coups des invasions barbares. C’est d’ailleurs l’ensemble du livre de Daniel qui permet à l’exégète de montrer comment, à travers l’histoire et la succession des royaumes terrestres, Dieu conduit l’humanité vers les temps ultimes et vers son propre règne.
Au cours de son commentaire, Jérôme se fait souvent polémiste : il entre ainsi en lutte contre des adversaires de l’Église ou rectifie des erreurs d’interprétation du livre prophétique. Ainsi, il arrive à l’exégète de refuser certaines lectures allégorisantes d’Origène, préférant lire Daniel au sens littéral. Par ailleurs, dès le prologue, le moine condamne violemment la lecture que le païen Porphyre avait faite de Daniel au IIIe siècle, dans son Contre les chrétiens : le philosophe refusait de voir dans l’auteur de l’ouvrage un prophète, affirmant que le livre racontait a posteriori des événements déjà passés. Alors que le philosophe voyait dans la fin de Daniel des épisodes concernant le roi séleucide Antiochos Épiphane (215-164), Jérôme interprète ces versets comme relatifs à l’Antichrist – on notera que les exégètes modernes ont finalement donné raison à Porphyre contre Jérôme !
Certes, l’intérêt du Commentaire, qui a connu une importante postérité au Moyen Âge, n’en est pas moindre aujourd’hui. Mais si Augustin a décrit le Commentaire sur Daniel comme un ouvrage « écrit avec pas mal d’érudition et de soin » (La Cité de Dieu XX, 23), les biographes modernes de Jérôme ont été moins séduits par cet ouvrage, lui reprochant d’avoir été rédigé « à la hâte », de ne pas être digne des commentaires précédents ou accusant le moine, en s’attaquant à l’opinion de Porphyre, de s’être trompé et de s’être battu contre l’évidence. C’est toutefois oublier que ce Commentaire est pour nous un témoin privilégié de nombreux textes aujourd’hui perdus, à commencer par le livre XII du Contre les chrétiens de Porphyre, mais aussi les réponses Contre Porphyre des chrétiens Méthode d’Olympe, Apolinaire de Laodicée ou Eusèbe de Césarée, ou encore les livres IX et X des Stromates d’Origène. Il constitue donc pour les historiens des religions un témoin majeur. Par ailleurs, l’ouvrage offre un aperçu fondamental des conceptions de la théologie de l’histoire et de l’eschatologie de Jérôme. D’autres aspects importants ont encore retenu l’attention des chercheurs, comme les traductions grecques anciennes de Daniel (Aquila, Symmaque) auxquelles Jérôme nous donne accès et qu’il a lui-même lues dans les Hexaples d’Origène, ou les développements historiques nombreux et complexes qu’offre le Commentaire.
Traduit d’après un texte renouvelé, avec apparats et index multiples, l’ouvrage se lit à présent en complémentarité avec la monographie parue en 2009 chez Beauchesne, Prophète des temps derniers. Jérôme commente Daniel, qui en était comme la pierre d’attente.(G. Bady et R. Courtray, 2019)
Régis Courtray
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
Hénoch et Élie dans une Chronique anonyme du Ve siècle
À Sœur Éliane Poirot, grand connaisseur des commentaires patristiques et médiévaux de la geste du prophète Élie, il n’a pas échappé qu’un fragment d’une quinzaine de lignes d’une chronique anonyme du Ve siècle (CPL 535), édité par Th. Mommsen, Chronica minora saec. IV.V. VI.VII. (MGH, A.A., ix, 1, p. 393) d’après le Regin. Lat. 2077 (fin VIe ou début VIIe s.), s’inspirait de près de saint Jérôme (In Danielem, III, ix, 24).
Mommsen et Glorie sont muets à ce sujet, mais dans Élie le prophète, d’après les Pères de l’Église d’Orient et d’Occident (Patrologia. Beiträge zum Studium der Kirchenväter, Bd 43), Bern, 2024, p. 304-305, elle propose de faire quelques corrections, en s’appuyant sur le texte de Jérôme, In Danielem (éd. de F. Glorie, CCL 75 A, 1964, p. 878, l. 414-419) et elle fournit la première traduction française de ce fragment. En outre, l’œuvre de Jérôme étant de 407, cela donne un terminus a quo pour la rédaction de ce fragment (voir l’avis de Jean-Paul Bouhot indiqué p. 304). L’autre fragment cité, également ignoré de Mommsen et de Glorie, est du Contra Iovinianum, III, 40, datable de 393, d’après Yves-Marie Duval, HLL VI ; voir aussi l’éd.de Luce Savoye, SC 637, 2023.
Dans son édition du Commentaire sur Daniel (SC 602, 2019, que Sœur Éliane n’a pas connue à temps), Régis Courtray ignore (p. 376-379) l’édition de Mommsen et a fortiori la page qu’elle a traduite.
Benoît Gain, janvier 2025
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