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SC 365
Tertullien
Contre Marcion, tome I
Livre Idécembre 1990Introduction, texte critique, traduction et notes par René Braun.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique et de la Délégation Générale à la Langue Française.ISBN : 9782204042819315 pagesIndisponible chez notre éditeurUn Dieu méchant, dans l'Ancien Testament, opposé à un Dieu bon révélé par Jésus ? Réfutation en règle par le pugnace Carthaginois.Présentation
Le plus grand hérétique du IIe siècle – dont le système s’explique moins comme le produit d’un paulinisme intégral que comme une des efflorescences de la pensée gnostique – avait dressé, contre l’Église de la tradition judéochrétienne, une Église rivale qui se réclamait de la seule « nouveauté » néotestamentaire. Église florissante à Carthage même où, au début du IIIe siècle, Tertullien entreprend de réfuter sa principale thèse, celle de la nécessaire distinction entre un dieu créateur et juge (celui des juifs) et un « dieu inconnu », « étranger au monde », dieu de toute bonté qui s’est révélé en Jésus-Christ. De cette entreprise est sorti un ouvrage méthodiquement construit en cinq livres, notre principale source pour l’étude de cette hérésie et, en même temps, une « mine pour la théologie, l’histoire, l’exégèse, les formes de la polémique chrétienne » (Labriolle).
Écrit en 207-208, le livre I traite du dithéisme. Il établit l’unicité divine par une réflexion qui s’appuie sur la pensée philosophique comme sur le donné de la Révélation, et il montre l’inconsistance, l’inexistence d’un prétendu « dieu inconnu », artisan du seul salut de l’homme. Vigueur et netteté pour conforter les vérités de la foi, art des formules éclairantes, virtuosité polémique sont également remarquables dans ce premier volet.Professeur émérite de langue et de littérature latines à Nice, René Braun a consacré l'essentiel de sa recherche à la patristique africaine, et notamment à Tertullien.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Contre Marcion
Le Contre Marcion est le plus long des traités de Tertullien. Bien que Tertullien n’ait pas connu directement Marcion, son traité est la principale source de documentation sur l’histoire de l’hérésie et de l’église marcionites. La rédaction de celui-ci s’est échelonnée sur une dizaine d’années. Tertullien avait entrepris deux premières rédactions d’un ouvrage anti-marcionite, une première plus courte, et un deuxième dont l’exemplaire fut volé et qui circula grâce des copies volontairement fautives. Tertullien fut forcé d’entreprendre une troisième rédaction. Il put faire paraître le livre I vers 207-208, puis peu après les livres II et III. En revanche, le livre IV n’a été publié que vers 209, et le livre V vers 211-212. Les deux premières versions de l’ouvrage sont perdues.
La tradition manuscrite des œuvres de Tertullien est très pauvre. Du Contre Marcion, nous possédons deux familles de manuscrits : la première dérive d’un manuscrit du Ve siècle, le Corpus Cluniacense, une collection d’écrits de Tertullien sans doute rassemblée en Espagne que nous avons conservée, et est constituée de manuscrits tardifs ou perdus mais connus par des éditions du XVIe et du XVIIe siècle ; l’autre, unique témoin indépendant de la famille issue de ce corpus, est un manuscrit du XIe conservé à la Bibliothèque de l’université de médecine de Montpellier, qui ne contient qu’une partie de l’œuvre. Le texte de cette deuxième branche est considéré par R. Braun comme le meilleur, et il est à la base de l’édition critique qu’il donne.
Bien que Marcion soit mort depuis plusieurs dizaines d’années, son église est toujours florissante à Carthage, où vit Tertullien, au début du IIIe siècle. Tertullien entreprend de réfuter sa principale thèse, celle de la nécessaire distinction entre un dieu créateur et juge – celui des juifs – et un « dieu inconnu », « étranger au monde », dieu de toute bonté qui s'est révélé en Jésus-Christ. Il construit sa démonstration en cinq livres au plan rigoureux. Le livre I traite du Dieu de Marcion, le livre II du Dieu créateur ; le livre III porte sur le Christ de Marcion, le livre IV, qui fait presque un tiers du traité, sur l’évangile de Marcion et le livre V sur les épîtres pauliniennes lues par Marcion.
Contre Marcion Livre I
Le livre I est consacré au dithéisme. Il forme un tout avec le livre II, dont il n’a été séparé que lors de la troisième rédaction. Tertullien s’attache à mettre en œuvre une méthode de discussion rationnelle fondée sur des arguments logiques plutôt que de recourir à des arguments scripturaires, qu’il réserve à des parties ultérieures de l’ouvrage. La première du livre nie la légitimité du dithéisme marcioniste (l’existence de deux divinités, l’une bonne et l’autre mauvaise) et établit l’unicité divine. La deuxième partie s’attache à montrer l'inconsistance, l'inexistence d'un prétendu deus incognitus (« dieu inconnu ») postulé par Marcion, qui serait le seul artisan du seul salut de l'homme. Tertullien en conclut que ce dieu inconnu ne peut rien avoir créé ni rien produit. La troisième partie est consacrée à ce qui devrait constituer la principale caractéristique de ce dieu, à savoir être un deus optimus (« dieu très bon »). Selon Marcion, ce dieu pose des prescriptions morales rigoureuses et oblige ses fidèles à des principes stricts, mais, étant un dieu très bon, il ne juge ni ne condamne. Tertullien affirme l’incompatibilité de ces deux caractéristiques. Sa conclusion de ce premier livre est brève et renvoie à la suite de l’ouvrage pour les points qu’il n’a fait qu’esquisser. Si Tertullien a emprunté aux écrits d’Irénée pour les livres ultérieurs, le livre I est celui qui doit le moins à l’évêque de Lyon.
Extrait(s)
(XXII, 1-2, p. 201)
Mais comment l’Antichrist s’évanouirait-il radicalement en poussière si l’on ne se donnait pas aussi une place pour écraser ses autres imaginations, en relâchant l’argument défensif des objections de principe préalables ? Arrivons-en donc maintenant à la personne même de son dieu, ou plutôt à cette ombre et ce fantôme conforme à son Christ lui-même et examinons ce dieu sous l’aspect qui le fait préférer au Créateur. Assurément nous aurons aussi des règles certaines pour examiner la bonté de ce dieu. Mais il me faut commencer par la trouver et la saisir ; c’est seulement ainsi que je lui appliquerai des règles. Quand je promène mon regard sur les époques, elle ne manifeste nulle part au point de départ de situations et à l’origine de circonstances où on aurait dû la trouver, et par conséquent agissant dès l’instant où elle aurait dû agir.
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
51
l. 3-4
archarné
acharné
208
n. 1
IRÉNÉE
Augmenter la taille de la première majuscule.
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