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SC 273
Tertullien
À son épouse
janvier 1980Introduction, texte critique, traduction et notes de Charles Munier.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres.ISBN : 978-2-204-01602-5209 pagesIndisponible chez notre éditeur« Deux en une seule chair » : la lettre d’un chrétien d’Afrique à sa femme, et un idéal du mariage.
Présentation
« J’ai estimé convenable, très chère compagne dans le service du Seigneur, quant aux dispositions que tu auras à suivre après mon départ de ce monde… de m’en remettre à ta fidélité. » Le traité Ad uxorem que, dans sa période « catholique » (entre 193 et 206), Tertullien a dédié à sa femme en guise de testament spirituel est un précieux témoignage sur un dossier complexe : le jugement porté dans l’Église sur le mariage. Dans le premier livre, le Carthaginois recommande à sa femme de ne pas se remarier au cas où elle deviendrait veuve. Dans le second, il l’exhorte, si elle devait se remarier, à n’épouser qu’un chrétien. C’est le problème des secondes noces, de leur opportunité, voire de leur licéité, et celui non moins épineux des mariages « mixtes », qui sont ici abordés.
L’Africain dépeint aussi un idéal d'amour conjugal chrétien : « Quel couple que celui de deux chrétiens, unis par une seule espérance, un seul désir, une seule discipline, le même service ! Rien ne les sépare, ni dans l’esprit ni dans la chair ; au contraire, ils sont vraiment deux en une seule chair… Ils sont l’un et l’autre à égalité dans l’église de Dieu, à égalité au banquet de Dieu, à égalité dans les épreuves, les persécutions, les consolations. »Charles Munier (1922-2011), professeur à l’Université de Strasbourg II, a édité dans la collection deux autres œuvres de Tertullien : La Pénitence (SC 316) et La Pudicité (SC 394-395, avec C. Micaelli), ainsi que l'Apologie de Justin (SC 507).
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Ce texte est le seul traité datant de la période chrétienne de Tertullien qui traite de la morale conjugale.
Deux collections de manuscrits présentent le texte : le Corpus Agobardinum (Ve s.) dont ne subsiste qu’un seul témoin (Agobardinus, Paris, bibl. nationale lat. 1622, IXe s.). La deuxième famille, peut-être constituée en Espagne fin VIe s., est désignée sous le nom de Corpus Cluniacense (XIe s.) ; elle présente deux groupes de témoins : Paterniacensis (bibl. humaniste de Sélestat) et le Montepessulanus (Montpellier H 54), dont le Florentinus Magliabechianus (Florence, bibl. nationale, Conventi soppressi I, VI, 9, fol. 162v-165v) permet de retrouver le texte.
Le deuxième groupe est représenté par le Florentinus Magliabechianus (cette fois I, VI, 10, fol. 78-81v, XVe s.) et le Luxemburgensis (Luxembourg, bibl. nationale 75, fol. 79v-86, fin XVe s.).
Le texte est composé de deux livres : dans le premier, Tertullien recommande à sa femme de ne pas se remarier si elle devient veuve ; le deuxième livre lui conseille, si elle venait à se remarier, d’épouser un chrétien. On peut considérer qu’il constitue en fait une retractatio du premier livre. Tertullien s’inscrit dans un mouvement général de sévérité envers les secondes noces, très répandu dans l’Église paléo-chrétienne, marquée par les tendances rigoristes. Ce premier livre a tenu une place importante dans les débats de morale conjugale, opposant la légitimité du mariage à la nécessité de cultiver l’ascétisme, mais il a aussi soulevé des critiques. Le second livre y répond en envisageant le remariage comme possible, mais en mettant l’accent sur la non-mixité, qui est une vive préoccupation dans les communautés chrétiennes. Si Tertullien accepte finalement de considérer le remariage, se remarier avec un païen constitue pour lui une faute gravissime, comme il tente de le prouver avec l’interprétation qu’il propose de 1 Co 7, 12-14.
Le cadre de la lettre permet à Tertullien d’aborder le problème des secondes noces et des mariages « mixtes » sous une forme traditionnelle, dans laquelle l’interprétation des Écritures a la part belle et les épîtres de Paul occupent une place de choix, même si elles contredisent le Carthaginois : Tertullien prend le parti d’escamoter purement et simplement ce qui gêne sa démonstration ou transforme en préceptes les conseils de continence de l’Apôtre aux Corinthiens.
Parfaitement organisés, les livres suivent ce plan : exorde ; argumentation ; réfutation des objections ; péroraison ; conclusion.
On trouvera à la fin de ce volume un commentaire des termes utilisés par Tertullien (p. 153-194).
Extrait(s)
VII, 1. Quant à nous, le Seigneur, Dieu du salut, nous a révélé que la continence est un moyen de parvenir à la vie éternelle, de prouver notre foi, de préparer notre chair pour le jour où elle se présentera afin de revêtir le vêtement d’incorruptibilité, de nous soumettre, enfin, à la volonté de Dieu. A cet égard en effet je t’engage à bien réfléchir à ceci : personne ne quitte cette vie à moins que Dieu ne le veuille, s’il est vrai que même une feuille ne tombe de l’arbre à moins que Dieu ne le veuille.
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques 40 l. 31 Fautes de Faute de 92 I, 1, 1, l. 1 delectissime delectissima 106 I, 4, 7, l. 44 nulla nullo 106 I, 5, I, l. 4 habeamus habemus 111 l. 12 ceux qui ne sont pas mariés ceux qui sont mariés 111 l. 14 ce qu’ils n’ont plus ce qu’ils n’ont pas 113 l. 7 surl e sur le 137 l. 4 jamaisd es jamais des 138 II, 5, 3, l. 16 Latebisme Latebisne 140 II, 5, 4, l. 28 scièicet scilicet 140 II, 5, 4, l. 29 arbitrium arbitrum 140 II, 5, 4, l. 29 excru ciata excruciata 144 II, 8, 2, l. 12 libertatem libertatem suam
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Foi Vivante 176