• SC 121

    Éphrem de Nisibe

    Commentaire sur l'Évangile concordant ou Diatessaron
    traduit du syriaque et de l'arménien

    novembre 1966

    Introduction, traduction et notes par Louis Leloir.

    Ouvrage publié avec le concours de la Fondation Calouste Gulbenkian.
    ISBN : 9782204034098
    438 pages

    Les quatre Évangiles en un, le Diatessaron, par le plus grand écrivain syriaque.

    Présentation

    « Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et il a caché dans sa parole tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite… Que celui qui obtient en partage une de ces richesses n’aille pas croire qu’il n’y a dans la parole de Dieu que ce qu’il y trouve ; qu’il se rende compte plutôt qu’il n’a été capable d’y découvrir qu’une seule chose parmi bien d’autres. »
    Les quatre Évangiles sont ici commentés, tous ensemble, par le plus grand écrivain syriaque : Éphrem. Composé par Tatien en 165, le « Diatessaron », cette harmonie des quatre Évangiles, est, encore au troisième quart du IVe siècle, si largement diffusé en Orient que c’est tout naturellement qu’Éphrem entreprend de l’interpréter. Le poète né à Nisibe et réfugié à Édesse après 363 est notre meilleure source pour cet Évangile concordant, mais aussi pour toute une tradition exégétique à l’originalité de laquelle Éphrem prête encore son génie propre.
    Son Commentaire, connu uniquement dans une version ancienne en arménien, a été en partie retrouvé en syriaque, sa langue originale, en 1957. Ce volume en offre la toute première traduction en français.

    Dom Louis Leloir, o.s.b. (1911-1992), moine à l’abbaye de Clervaux, au Luxembourg, était un spécialiste des littératures syriaque et arménienne, des écrits apocryphes et du monachisme ancien.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Le Diatessaron, ouvrage qui a fait la célébrité de Tatien (né vers 120) et que nous ne pouvons reconstituer que par bribes, est un essai audacieux d’une fusion harmonieuse des évangiles séparés en un récit suivi de la vie et des enseignements de Jésus. Il combine phrases et péricopes des quatre évangiles selon un ordre inspiré, semble-t-il de Matthieu.
    Témoin du texte, le commentaire d'Éphrem (306-373) nous introduit en même temps à la méthode exégétique du diacre d’Édesse et nous ouvre de riches aperçus sur sa christologie et sa doctrine monastique. Ses rapprochements symboliques et son génie poétique nous suggèrent l’unité profonde et vivante de l’Ancien et du Nouveau Testament qu’il interprète en sans cesse en référence l’un à l’autre.

    « L’Écriture entière est comme une lyre ; une corde ne produit pas de son harmonieux par elle-même, mais en union avec les autres. »

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le Commentaire de l’Évangile Concordant ou Diatessaron constitue le témoin majeur de cette harmonie des quatre Évangiles rédigée vers 175-180 par Tatien, un disciple de Justin, probablement en syriaque (ou en grec : le débat reste ouvert). L’ordre des phrases et des péricopes est globalement inspiré de Matthieu, avec au début et à la fin des extraits de Jean. Pendant trois siècles environ, le Diatessaron demeure le seul Évangile utilisé par l’Église syriaque ; au IVe siècle, à Édesse, il est le seul texte utilisé dans la liturgie, avant d’être peu à peu remplacé par la Peshitta. Il a influencé diverses versions des évangiles telles que les « vieilles syriaques », mais aussi les versions arménienne et géorgienne, et il est traduit par la suite en arabe, en persan et en latin. 

    Dans son Commentaire, rédigé à Édesse après 363, Éphrem pratique une méthode exégétique qui fait de lui un représentant de la « theôria » d’Antioche. Son exégèse se caractérise notamment par l’emploi de symboles, puisés puisent dans le texte biblique, mais aussi dans la nature. Concevant les Écritures comme une unité en harmonie, il interprète l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau, avec un art consommé du parallélisme. Il commence d’ailleurs par exposer le mystère de l’Incarnation, avec les premiers mots de Jean. Après les textes sur la résurrection (Jn 21 en particulier), le dernier chapitre évoque l’envoi des apôtres (Lc 24,49 ; Ac 1,4), puis, dans ce qui constitue la conclusion, exhorte à scruter les Écritures et à préférer les actes aux paroles et, pour finir, loue la puissance et la miséricorde de Dieu. Le Commentaire est suivi d’une prière adressée à la miséricorde divine et d’une série de sentences sur la crainte ou l’amour de Dieu.

    L’œuvre est ici traduite par Louis Leloir à partir du syriaque et de la version arménienne, transmise dans deux manuscrits conservés dans la bibliothèque des Méchitaristes de Venise et éditée par Louis Leloir en 1953. En1957, celui-ci apprit l’existence d’un manuscrit syriaque de la fin du Ve siècle ou bien au début du VIe qui, malgré de très larges lacunes, s’avère comporter une partie du Commentaire, en tout 65 folios : le Chester Beatty 709. Les différences observées entre l’arménien et le syriaque montrent que la version arménienne, caractérisée par certains ajouts ou retranchements, est issue d’une autre tradition que celle du manuscrit syriaque. Toutefois, les deux traditions s’avèrent complémentaires.

    Extrait(s)

    p. 46 (§7)

    Et la lumière elle-même luisait dans les ténèbres (Jn 1,5). Considère ces ténèbres et leur opposition à la lumière des hommes ; comprends comment la lumière « luisait » dans les ténèbres. Interprète dignement : elle « luisait », et déduis des paroles : elle « luisait dans les ténèbres » que ces ténèbres étaient, selon l’évangéliste, l’époque qui précéda l’avènement du Christ ; il affirme que le Verbe a lui dans ces ténèbres. Un autre passage évangélique, repris des prophètes, en parle à nouveau : Terre de Zabulon et de Nephtali, route de la mer et passage du fleuve Jourdain, Galilée des nations, le peuple qui se trouve dans les ténèbres a vu une lumière (Mt 4,15-16 ; Is 8,23 ; 9,1). Tribus dispersées, qui habitaient au bord de la mer, elles étaient soustraites à la discipline et à la doctrine de la loi ; aussi l’évangéliste les appelle-t-il « peuple qui se trouve dans les ténèbres ». L’évangéliste a parlé de ces mêmes ténèbres, lorsqu’il a dit que les ténèbres de l’erreur n’avaient pas saisi cette lumière de la doctrine de sagesse du Verbe. Commençant par le début le récit de l’économie du Verbe Incarné, il dit : Celui que les ténèbres n’ont pas saisi apparut aux jours d’Hérode, roi de Judée (Jn 1,5 ; Lc 1,5).

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