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SC 459
Éphrem de Nisibe
Hymnes sur la Nativité
avril 2001Introduction par François Graffin, s.j. — Traduction du syriaque et notes par François Cassingena-Trévedy, o.s.b.
Révision assurée par Jean-Noël Guinot.ISBN : 978-2-204-06675-4344 pagesIndisponible chez notre éditeurLe Dieu devenu Tout-Petit, par le plus grand poète syriaque.Présentation
Au IVe siècle, les communautés mésopotamiennes de langue syriaque ne connaissent encore, comme la plupart des régions du monde chrétien d'alors, qu'une seule fête de Noël-Épiphanie, célébrée douze jours après le solstice d'hiver, le six de Kanoun (janvier). C'est pour solenniser ce Mystère, résumé par le seul nom bien évocateur d'Orient (Dénhâ) et vraisemblablement dans le cadre de vigiles nocturnes développées, qu'Éphrem (306-373) a composé de longues séquences poétiques (madrâshé), véritable tissu dans lequel la postérité découpera parfois arbitrairement, au gré de ses propres besoins liturgiques.
Une tradition manuscrite a donné au noyau originel de cette collection d'hymnes le titre fort opportun de « Berceuses » (nūsratâ), attendu qu'elles sont placées, en grande majorité, sur les lèvres de Marie. En ces « Orientales », toutes foisonnantes de figures bibliques, nous reconnaissons aujourd'hui un monument hors pair de la mariologie primitive.
Méditations théologiques, ces pièces annoncent déjà, avec leurs trouvailles littéraires aussi naïves que charmantes, la grâce de nos Noëls populaires. Au cœur de cette Nuit qu'il enchante et qu'il peuple de tant de santons, Éphrem est sans conteste un « ravi » qui confesse parfois, par le truchement de Marie, sa propre expérience du « verbe » poétique et de sa conception.
La traduction intégrale de ces Hymnes – la première en langue française – a été réalisée à partir du texte critique établi par dom Edmund Beck, moine de Metten (1991 †).Le Frère François Cassingena-Trévedy, ancien élève de l'École Normale Supérieure, est moine de l'abbaye Saint-Martin de Ligugé. François Graffin, ancien directeur de la Patrologia Orientalis, a publié dans Sources Chrétiennes les Hymnes sur le Paradis d'Éphrem.
Le mot des Sources Chrétiennes
D'Éphrem de Nisibe, sans aucun doute l'un des noms les plus illustres de l'Église de langue syriaque, la Collection a déjà fait connaître son Commentaire sur l'Évangile concordant (SC 121) et ses Hymnes sur le Paradis (SC 137). Né à Nisibe en Haute-Mésopotamie, au début du IVe siècle, il y vécut jusqu'à ce que la ville, en 363, passe aux mains des Perses, après la défaite de l'empereur Julien. Il se retira alors à Édesse, en territoire romain, où il continua jusqu'à la fin de ses jours (vers 373) à instruire des disciples, à prêcher et à écrire. Ce vigoureux défenseur de la foi de l'Église avait aussi l'âme d'un poète. Aussi a-t-il choisi la forme versifiée dans la plupart de ses écrits autres qu'exégétiques. Les Hymnes sur la Nativité (SC 459), que nous présentons ici, appartiennent à toute une série d'hymnes liturgiques, qui forment comme une longue méditation poétique sur les mystères de la vie du Christ et l'histoire du salut.
L'ensemble primitif des Hymnes sur la Nativité comportait probablement une cinquantaine de pièces. Du recueil composite que forment aujourd'hui ces 28 hymnes, les « Berceuses de Mar Éphrem » (Hymnes V à XX) constituent le noyau central. La majeure partie de ces hymnes est, en effet, placée sur les lèvres de la Vierge Marie. Avec les anges – les Veilleurs –, avec Joseph, avec les ancêtres et les figures du Christ depuis Adam jusqu'à Jean-Baptiste, avec les femmes depuis Ève et Sara jusqu'à Anne et Élisabeth, avec l'Église dont Marie est la mère, c'est toute une série de personnages, de « santons » qui peuplent cette crèche poétique et célèbrent avec émerveillement la naissance du Nouveau-né. À cet ensemble primitif seront ajoutées, au VIe siècle, les quatre premières hymnes, reconnues comme authentiques, puis les huit dernières qui proviennent peut-être d'une compilation d'hymnes authentiques. Destinées à l'utilisation liturgique, mais aussi à l'instruction du peuple chrétien, dont Éphrem veut affermir la foi, ces hymnes introduisent au cœur du mystère de l'Incarnation celui qui consent à se laisser porter par la mélodie poétique et à entrer dans la ronde des strophes. Éphrem est à cet égard un des maîtres de la mystique syrienne, indissociable ici, selon l'heureuse formule du P. F. Graffin, d'une « esthétique de l'émerveillement » :Merveille que ta mère ! Il est entré en elle Seigneur,
Et il est devenu Serviteur ; il est entré Parole :
En elle il est devenu silence... (Hymne XI, 6)Avec un rare bonheur, le Père François Cassingena-Trévedy, de l'abbaye de Ligugé, est parvenu à rendre sensible au lecteur de langue française la charge poétique de ces textes, l'émotion spirituelle qui leur a donné naissance, l'émerveillement attendri d'Éphrem devant le mystère du Verbe incarné. Le volume a bénéficié de la collaboration du Père François Graffin, auteur de la traduction des Hymnes sur le Paradis, qui a rédigé l'introduction générale.
(J.-N. Guinot, 2001)
Jean-Noël Guinot
Extrait(s)
(P. 185)
Dieu a faim des hommes
Nous venons te voir en tant que Dieu : Te voici homme !
Nous venons te voir
En tant qu’homme : l’enseigne de ta divinité
Resplendit ! Qui peut soutenir
Ta diversité, ô Véridique ?Nous venons voir le train de vie qui t’échut
De la maison de David : d’une crèche te voilà nanti
Au lieu de ses divans ; une grotte t’est assignée
Au lieu de ses appartements ; au lieu de sa charrerie
Un âne vulgaire en partage soudain t’est advenu.Qui croirait que c’est toi l’héritier
Du trône de David ? Allons donc! Nous te
[mépriserons
Et ferons fi de toi ! Le ciel alors s’écrie,
Et la terre, ici-bas : après t’avoir méprisé
Nous nous inclinons devant toi, Puissance cachée.Comme tu es hardi, ô Tout-Petit qui à tous Te prodigues !
À qui te rencontre,
Tu donnes ton sourire ; à qui te regarde,
Tu te montres accueillant : c’est comme si ton amour
Avait faim des hommes !Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
11
l. 9
E. BECK
E. BECKS
11
l. 14
« saint Mar Éphrem »3
« saint Mar Éphrem3 »
66
l. 2
qu’on le saisït.
ceux qui le saisissent.
135
l. 8
l’accoutumée ;
l’accoutumée :
145
n. 3
Symbols
Symbols
153
l. 4
Créateur ? »
Créateur » ?
153
l. 5
Très-Haut ? »
Très-Haut » ?
172
n. 3
16-20
16-20.
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