-
SC 202
Guerric d'Igny
Sermons, tome II
Série des Textes Monastiques d'Occident XLIII
décembre 1973Texte critique et notes par John Morson et Hilary Costell. — Traduction sous la direction de Placide Deseille, o.c.s.o.
Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.ISBN : 978-2-204-03808-9590 pagesIndisponible chez notre éditeurÉcouter la Parole de Dieu pour mieux l'enfanter : l'année liturgique avec un cistercien du 12e siècle.
Présentation
Écouter la Parole de Dieu pour mieux l'enfanter : le lecteur vit ici l'année liturgique en profondeur avec Guerric, abbé cistercien d’Igny (1138-1157). Les 35 sermons ici publiés ont trait à la fois au temps allant du carême à l’Avent et au sanctoral correspondant (s. Benoît, s. Jean-Baptiste, ss. Pierre et Paul, Assomption, Nativité de Marie, Toussaint). Il est difficile de donner une idée de la richesse de ces développements théologiques et liturgiques, exprimés à travers de perpétuelles citations et réminiscences scripturaires et tout pénétrés de la plus pure spiritualité monastique. L’Introduction, publiée au tome I (SC 166) en a dégagé les grands thèmes (Écriture, mystère et sacrement, maternité spirituelle, illumination). Ces textes, très beaux et très nourrissants, d’un authentique disciple de s. Bernard se lisent avec facilité, tant on y éprouve, selon le mot d’un commentateur, « le charme personnel du Bienheureux Guerric ».
Le volume est complété par un riche index scripturaire et par un ample lexique des mots caractéristiques de la langue et de la pensée de Guerric.
John Morson et Hilary Costello sont deux moines trappistes.
Placide Deseille (1926-2018), devenu orthodoxe après avoir été moine trappiste et fondateur du monastère d’Aubazine en Corrèze, est un spécialiste de la littérature monastique antique et médiévale.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Premier sermon pour le Carême : Nous subissons deux genres de tribulations : dans notre être charnel, l’adversité, et dans notre être spirituel, l’iniquité. Lorsqu’abonde la consolation temporelle, il faut user des biens avec modération, « user des biens pour faire le bien ». La tribulation due à l’iniquité doit nous conduire à nous purifier dès maintenant par le feu de la charité ou de la souffrance pour éviter le feu du châtiment éternel.
Sermon pour le samedi de la IIe semaine de Carême sur l’enfant prodigue : Par son humilité, l’enfant prodigue, sans même avoir confessé ses fautes, a mérité le pardon. C’est le fait de la miséricorde prévenante de Dieu. Il en est de même pour nous, pécheurs repentants.
Premier sermon pour la fête de saint Benoît : Nous devons rechercher la sagesse, la justice, la crainte de Dieu, avec leur récompense, la béatitude. La clôture du monastère et la stabilité dans la communauté sont les moyens de porter des fruits dans les vertus. Les exercices propres à la sagesse sont la psalmodie solennelle, l’oraison, la lecture de l’Écriture sainte, la tâche quotidienne ou la règle du silence.
Deuxième sermon pour la fête de saint Benoît : La crainte ne saisira pas l’homme à qui sa confiance dans le Seigneur a fait prendre racine jusqu’à l’eau nourrissante, c’est-à-dire la grâce de l’Esprit-Saint.
Troisième sermon pour la fête de saint Benoît : Benoît fut aimé de Dieu et des hommes. Sommes-nous dignes d’être aimés ? Les amis de Dieu sont ceux qui accomplissent ses commandements ; par le don de la grâce, ils méritent l’amitié de Dieu. Et c’est par l’amour de Dieu que l’on obtient aussi la sympathie des hommes.
Quatrième sermon pour la fête de saint Benoît : Comparaison entre Benoît et Moïse. C’est dans la foi et la douceur que vous serez, vous aussi, des saints. Évocation de la foi véritable.
Premier sermon pour l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie : Occasion de se réjouir au milieu de l’affliction. Éloge de la virginité de Marie et de la chasteté.
Deuxième sermon pour l’Annonciation : La Vierge Marie qui a conçu Dieu par la foi nous promet à nous aussi, si nous avons la foi, de porter le Christ en nous. Il faut, pour cela, écouter la parole de Dieu et garder son cœur avec vigilance.
Troisième sermon pour l’Annonciation : Sur la conception virginale : Marie est vierge et mère ; de même, le Christ est Dieu et homme. Contre les juifs. Dans le sein de sa mère, le Verbe est resté silencieux. Sur l’observance du silence qui fortifie l’esprit.
Premier sermon pour le dimanche des Rameaux : L’homme doit servir Dieu qui lui-même s’est fait son serviteur.
Deuxième sermon pour le dimanche des Rameaux : Méditation sur Jésus-Christ crucifié.
Troisième sermon pour le dimanche des Rameaux : Si l’on considère la procession et la Passion, Jésus apparaît à la fois glorieux et humilié. Dieu l’a exalté (procession) pour l’humilier (Passion), et il l’a humilié pour l’exalter (Résurrection). Cela nous enseigne que nous devons suivre le Christ aussi bien dans la prospérité que dans l’adversité.
Quatrième sermon pour le dimanche des Rameaux : En ce temps de tiédeur et d’infidélité, la grâce est offerte, et elle n’est pas reçue. Le Christ, telle une pierre ou un rocher, est notre refuge.
Premier sermon pour la Résurrection du Seigneur : Parallèle entre Joseph et Jésus.
Deuxième sermon pour la Résurrection du Seigneur : Sur la première et la seconde résurrection, celle de l’âme qui nous ramène à la vie après la mort du péché, puis celle des corps qui nous délivrera de la mort et de toute corruption. Par sa mort et sa Résurrection, le Christ a triomphé du péché et de la mort.
Troisième sermon pour la Résurrection du Seigneur : Par la Résurrection du Christ, les âmes ressuscitent de la mort du péché, elles doivent donc aussi se réveiller du « sommeil de l’indolence » avec une joyeuse ferveur. Il faut montrer assiduité dans la prière et diligence dans l’action, dilater son cœur afin d’accéder à l’illumination de la contemplation.
Sermon pour les Rogations : Il faut se montrer humble et utile, au service des autres, quand on est placé à leur tête. À partir de Lc 11, 5 (« Prête-moi trois pains »), exposé sur le mystère de la Trinité et sur le nombre 3.
Sermon pour l’Ascension du Seigneur : Sur l’institution de l’Eucharistie. Le Christ monté au ciel est comme un aigle qui apprend à ses aiglons à voler. Il faut pour cela s’élever au-dessus des choses de la terre par la contemplation ou par l’amour.
Premier sermon pour la Pentecôte : La grâce de l’Esprit-Saint a été répandue sur toute la terre pour affermir les justes et justifier les pécheurs. Ceux qui sont devenus « participants de l’Esprit-Saint » ne doivent pas se laisser aller à la négligence.
Deuxième sermon pour la Pentecôte : Les apôtres ont reçu les langues de feu pour « embraser nos cœurs d’un incendie d’amour ». Comparaison avec le chien qui lèche « l’ulcère du péché ». L’Esprit consolateur visite celui qui apprend à pleurer. Bienfaits d’une sainte et religieuse tristesse.
Premier sermon pour la Nativité de saint Jean Baptiste : À travers Jean, l’Église célèbre le précurseur, baptiste et martyr du Seigneur. Nous devons nous efforcer d’imiter la sainteté de Jean, qui est un modèle de perfection.
Deuxième sermon pour la Nativité de saint Jean Baptiste : L’ascèse comparée à une lutte avec Dieu pour s’emparer du royaume des cieux. Mais, à travers le Christ, la force de Dieu a su se faire faiblesse par la puissance de l’amour.
Troisième sermon pour la Nativité de saint Jean Baptiste : Dieu a loué Jean. Autres exemples bibliques : Noé, Abraham, Job, Moïse. L’humilité de Jean nous est proposée comme un objet d’imitation.
Quatrième sermon pour la Nativité de saint Jean Baptiste : Jean n’était pas « un roseau agité par le vent ». À partir de l’exemple de Jean au désert, il faut vaincre les tentations par la mortification de la chair.
Premier sermon pour la fête des apôtres Pierre et Paul : Les deux apôtres ont mérité d’être appelés « fils de l’huile de splendeur » ; ils sont les « deux oliviers » qui se tiennent de chaque côté du Seigneur, figuré par le candélabre. Invitation à suivre l’exemple de Pierre et de Paul.
Deuxième sermon pour la fête des apôtres Pierre et Paul : Pierre et Paul sont les deux mamelles de l’Église, et le lait qui en est tiré, ce sont les paroles de la prédication.
Troisième sermon pour la fête des apôtres Pierre et Paul : Reproches de l’auditoire et remarques sur l’exégèse scripturaire ; elle n’est pour le prédicateur qu’un support pour l’édification. Poursuite du commentaire de Ct 4, 6 : il ne faut pas interpréter « les ombres » au sens littéral ; exposé des diverses interprétations.
Premier sermon pour l’Assomption de la bienheureuse Marie : Contre l’erreur d’Helvidius qui prétendait que Marie avait mis au monde plusieurs fils. Elle est la mère de tous les chrétiens à qui elle permet de renaître par son fils. Elle figure aussi l’Église et le Christ fait abonder en elle les sources de la charité. Elle est enfin le trône de Dieu.
Deuxième sermon pour l’Assomption de la bienheureuse Marie : Poursuite du commentaire du Cantique des cantiques. Dialogue imaginaire entre la Vierge Marie et les anges, en particulier l’ange Gabriel. Le Christ annonce la glorification de la Vierge sa mère.
Troisième sermon pour l’Assomption de la bienheureuse Marie : Sur le thème du repos. Repos des corps (après les travaux de la moisson) et des cœurs. La pensée du repos éternel permet de lutter contre les tentations, tandis que les impies ne peuvent connaître le repos intérieur. Le travail est source de stabilité et d’équilibre pour les esprits inquiets ; paradoxalement, il est un repos.
Quatrième sermon pour l’Assomption de la bienheureuse Marie : Sur Marie, sœur de Marthe (Lc 10, 42) ; mais la Vierge Marie a, elle aussi, choisi la meilleure part, ou plutôt « cette part qu’elle avait choisie depuis longtemps lui a été accordée aujourd’hui en possession éternelle, de sorte qu’elle soit inséparablement unie au Seigneur et jouisse à jamais du Verbe de Dieu ».
Premier sermon pour la Nativité de la bienheureuse Marie : Les paroles de la Sagesse (Comme la vigne j’ai produit une douce odeur, Si 24, 23) s’appliquent au Fils, mais peuvent aussi s’appliquer à sa mère. Réponse à ceux qui demandent comment une vierge a pu enfanter le Sauveur. Éloge de la chasteté des continents.
Deuxième sermon pour la Nativité de la bienheureuse Marie : « Il y a donc dans le Christ une forme corporelle, une forme morale, une forme intellectuelle. Dans la forme corporelle, il est notre frère ; dans la forme morale, il est notre maître ; dans la forme intellectuelle, il est notre Dieu. Il a assumé la forme corporelle afin d’accomplir son mystère ; il a présenté la forme morale pour donner l’exemple ; il révélera la forme intellectuelle ou divine pour qu’elle serve de récompense. » Différence entre l’amour humain et l’amour dont font preuve les saints.
Sermon pour la fête de tous les saints : Commentaire de Mt 5, 3 : Bienheureux les pauvres en esprit. Sermon sur la pauvreté, renoncement au biens matériels, mais aussi humilité du cœur. Car l’orgueil est un piège tendu à celui qui choisit la pauvreté.
Sermon pour exciter la dévotion à la psalmodie : Il faut scruter les Écritures pour en dégager un sens mystique et un enseignement moral ; mais, par la psalmodie et la prière, on peut accéder à la vision. Le Christ est le jardinier de nos âmes.
Extrait(s)
Sermon pour la fête de tous les saints, § 2, p. 501
2. La première vertu des commençants est en effet le renoncement au monde, qui nous rend pauvres en esprit ; la seconde, la mansuétude, par laquelle nous nous soumettons à l’obéissance et nous nous accoutumons à elle ; ensuite, la tristesse, par laquelle on pleure ses péchés ou on implore les vertus. Arrivés là, nous commençons assurément à goûter la justice, ce qui accroît notre faim et notre soif de celle-ci, tant pour nous-mêmes que pour les autres, et nous nous sentons pris de zèle contre les pécheurs. Mais, pour qu’un zèle immodéré ne dégénère pas en vice, la miséricorde vient alors le tempérer. Quand donc par des activités et des exercices de ce genre on aura appris à être juste et miséricordieux, on sera peut-être en état de vaquer à la contemplation et de travailler à la purification du cœur, qui permet de voir Dieu. Ayant ainsi été exercé et éprouvé dans l’action et la contemplation, ayant reçu le nom et la fonction de fils de Dieu, devenu père et serviteur des autres, et comme leur médiateur et leur intermédiaire, on sera devenu enfin digne de mettre la paix entre eux et Dieu, la paix parmi eux, ou même la paix entre eux et ceux du dehors. On réalisera ainsi ce qui est écrit dans l’éloge des saints pères : Ils faisaient régner la paix dans leur maison (Si 44, 6). Celui qui aura été fidèle et constant dans l’accomplissement de cet office obtiendra souvent la vertu et le mérite du martyre, en souffrant persécution pour la justice, parfois même de la part de ceux pour qui il combattra, de sorte qu’il pourra dire : Les fils de ma mère ont combattu contre moi (Ct 1, 5), et : Avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique ; pendant que je leur parlais, ils m’attaquaient sans motif (Ps 119, 7).
Errata
Page Localisation Texte concerné Correction Remarques 31 § 2 l. 21 repend repent 67 § 5 l. 16 piétié piété 101 § 3 l. 7 convainct convainc 101 § 3 l. 9 réssuscité ressuscités 107 § 6 l. 16 ectérieurs extérieures 115 § 4 l. 29 a choisie a choisi 116 n. 1 interprête interprète 143 En-tête (194-212) 5 (194-212) 157 En-tête 45 4-5 488 n. 1 The évolution The Evolution
Du même auteur
-
SC 166MédiévalÉcouter la Parole de Dieu pour mieux l'enfanter : l'année liturgique avec un cistercien du 12e siècle.