• SC 198

    Anonyme

    Livre des deux principes

    décembre 1973

    Introduction, texte critique, traduction, notes et index de Christine Thouzellier.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    ISBN : 9782204036153
    504 pages
    La vision dualiste du monde chez les cathares au 13e siècle, dans un document unique en son genre.

    Présentation

    La littérature consacrée aux cathares du Languedoc connaît de nos jours un facile succès : leur histoire dramatique est couramment présentée au grand public sous les couleurs les plus vives, et certaine mystique occitane contemporaine se réclame de leurs doctrines. À vrai dire, les documents qui nous renseignent de première main sur le catharisme occidental du XIIIe siècle sont extrêmement rares. Voici l’un d’eux originaire non du Languedoc mais de la Lombardie. Naguère découvert et présenté par le Père A. Dondaine, maintenant réédité, introduit et traduit par Christine Thouzellier, spécialiste des mouvements hétérodoxes du Moyen Âge, le Livre des deux principes remonte au second quart du XIIIe siècle. Il s’inspire d’un ouvrage perdu du docteur cathare Jean de Lugio et traite, non de morale ou de rites (seul un cryptogramme marginal mentionne un consolamentum reçu en 1254) mais de questions doctrinales débattues autant avec les catholiques qu’avec les manichéens radicaux.

    Comme le titre l’indique, il y est question des deux principes éternels, l’un bon, créateur de l’univers supracéleste, l’autre mauvais, auteur du monde visible et cause de tout mal ; c’est dans cette perspective que sont étudiés le libre-arbitre, la création, la passion du Christ et des saints, le tout sous une forme scolastique passablement ardue. L’éditeur s’est appliqué à rendre accessibles des théories étrangement éloignées du dogme catholique malgré le titre de « vrais chrétiens » revendiqué par leurs adeptes et l’usage massif fait par eux de toute la Bible latine traditionnelle. Ces citations bibliques sont longuement étudiées ici.

    Christine Thouzellier, directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études, est spécialiste des hérésies médiévales, et en particulier des courants cathares.

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le Liber de duobus principiis est le second traité d’origine cathare connu. L’unique témoin, Florence, Conventi Soppressi I ii 14, représente un résumé fragmentaire fait par un dualiste lombard d’un autre traité plus important, l’authentique Liber, aujourd’hui perdu, de Jean de Lugio. Les différentes sections du recueil concernant la polémique – le Rituel cathare en latin (SC 236), tiré du même manuscrit, ayant été inséré après coup – auraient été composées entre 1235 au plus tôt et 1240 au plus tard, dans la région de Brescia. Ce petit codex de Florence présente la pensée cathare et reflète l’état des polémiques en Lombardie après le schisme de Jean de Lugio. D’après l’auteur, qui s’appuie sur des références fréquentes aux Écritures, Dieu n’a pas pu éviter que les anges qu’il avait créés devinssent des démons ; comme Dieu ne peut être la cause et le principe de tout mal, on en déduit l’existence de deux principes : le Bien et le Mal. Reconnaître l’existence de ce principe mauvais permet selon l’auteur de servir le vrai Dieu. Le vocabulaire employé dans l’ouvrage reflète parfois une terminologie scolastique. L’une des sections du texte est dirigée contre les Garatenses, des dualistes dissidents, plus modérés, de l’Église de Concorezzo (au nord-est de Milan), pour qui il existe un « prince de ce monde, qui a été la créature du créateur très bon ». Le libre arbitre, qui « est absolument à rejeter », est une question importante, qui fait l’objet de deux sections

    L’œuvre, en 70 chapitres, se divise en plusieurs parties :

    - Du libre arbitre

    - De la création et des signes universels

    - Résumé pour l’instruction des gens peu cultivés

    - Contre les Garatenses

    - Du libre arbitre

    - Des persécutions

    Extrait(s)

    À la fin de la deuxième partie de la création et des signes universels, sur les termes qui désignent les signes universels, l’auteur réaffirme, sur un ton polémique, la thèse de son ouvrage (ch. 39, p. 297) :

    « Il s’ensuit donc qu’il y a un autre principe, celui du mal, qui est origine et cause de toute iniquité, impureté, et infidélité, et même de toutes les ténèbres ; autrement le vrai Dieu lui-même, qui est très fidèle, justice suprême, pureté limpide, serait tout à fait cause et principe de tout mal, et tous les opposés et les contraires émaneraient tout à fait du Seigneur lui-même : ce qu’il est très vain et stupide de penser. »

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    21

    Ligne 14

    quatriduanus

    quadrituanus

     

    59

    Ligne 18

    soi-disant

    prétendu

     

    96

    Ligne 22

    26, 21-23

    26, 21-22

     

    116

    note sur § 57

    W. II

    W. III

     

    167

    § 4 l. 23

    le bonne voie

    la bonne voie

     

    175

    § 8 l. 16

    voit

    voie

     

    203

    § 15 l. 12

    de qui suit

    de ce qui suit

     

    381

    § 61 l. 21

    pouver

    pouvez

     

    391

    § 63 l. 1

    enveloppées

    enveloppés

     

    477

    Index Scripturaire, Proverbes

    21, 32

    14, 32