Soumis par Guillaume Bady le
Type d'actualité
Titre

Des hérétiques à Sources Chrétiennes !

Date(s) et horaires
Mardi 21 janvier 2014
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À l'index !

La parution récente de l'Histoire ecclésiastique de l'arien radical Philostorge le rappelle : oui, il y a des hérétiques à Sources Chrétiennes ! Ne parlons pas des membres de l'équipe. Ne parlons pas non plus des irréprochables collaborateurs de la collection, dont la canonisation laisse peu de place au doute. Parlons des blasphémateurs patentés, des sulfureux anathématisés qui depuis longtemps déjà font partie des « Sources Chrétiennes » et ont contribué de façon indirecte mais capitale au « développement du dogme ».

L'enfer des Sources Chrétiennes?

Or peut-on vraiment appeler cela l'enfer des Sources Chrétiennes ? Il y a bien les Scolies ariennes sur le concile d'Aquilée (SC 267) ou les Deux homélies anoméennes pour l'octave de Pâques (SC 146). Il y a, bien entendu, plus de 40 volumes d'Origène, plus de 20 de Tertullien, mais pour le coup, en guise de brûlure infernale, cela sentirait le réchauffé si ces deux génies n'avaient quelque chose de céleste. Philoxène de Mabboug, en bon miaphysite (SC 44 bis), est même assez rafraîchissant, de même qu'Apolinaire de Laodicée, du moins en tant qu'auteur présumé de trois Homélies pascales (SC 36). Tyconius, avec son Livre des Règles (SC 488), est un schismatique bien trop catholique, tout comme l'«antipape» Hippolyte. Quant à l'Apologie d'Eunome (SC 305), elle est éditée avec le Contre Eunome de Basile. C'est d'ailleurs bien connu : ce sont les écrits antirrhétiques et hérésiologiques, comme l'Adversus haereses d'Irénée, qui transmettent «le mieux» les textes bannis.

Des goûts et des couleurs…

Il y a tout de même dans la collection quelque chose de pas très «chrétien»: c'est d'avoir classé les Extraits de Théodote (SC 23) de Clément d'Alexandrie et la Lettre à Flora de Ptolémée (SC 24 bis), comme l'indiquent les pages de titre, dans une « Série annexe de textes non chrétiens ». Un usage indu, vite abandonné, ou repris à juste titre pour la païenne Expositio totius mundi (SC 124). Textes juifs, apocryphes ou simplement orthodoxes n'ont d'ailleurs pas eu droit à leur propre « série annexe ». En guise de « séries » différenciées, il n'y a dans la collection que 5 couleurs de couverture, dont la distinction tient à la langue ou à l'époque, mais pas seulement :

  • grège et titre vert émeraude pour le grec,
  • « coquille d'œuf » et titre « rouge brique » pour le latin,
  • bleu clair et titre indigo pour le latin médiéval,
  • rouge et titre noir pour le syriaque ou l'arménien,
  • vert kaki et titre brun pour certains écrits juifs… ou hérétiques, comme le très-cathare Livre des deux principes (SC 198) – mais la dernière réimpression de cet ouvrage l'a normalisé en bleu clair médiéval. Il y a d'ailleurs eu des variantes ou des confusions pour de nombreux tirages ou retirages.

Mais y a-t-il là de quoi (se) disputer ?

Ah, vivement Euthérios de Tyane, qui doit bientôt porter haut dans la Collection les couleurs de Nestorius !