Rocco Schembra, chercheur invité à HiSoMA - Sources Chrétiennes
Du 4 septembre au 4 novembre 2023, HiSoMA et les Sources Chrétiennes ont le plaisir d’accueillir Rocco Schembra, chercheur à l’Université de Turin, où il enseigne la propédeutique à la philologie classique et la philologie de l’Antiquité tardive, et connu pour avoir, entre autres, publié les cinq éditions des Centons homériques dans le Corpus Christianorum (CCSG 62). Ce séjour de recherche à l’Institut des Sources Chrétiennes se déroule en tant que partie du projet 101061908 - AROMATA. Analysis of Byzantine-Rite and Orthodox Minorities vs. Anti-women Tendencies and Attitudes. The case of the Myrrhbearers, présenté dans le cadre de l’Horizon Europe Marie Skłodowska-Curie Actions call HORIZON-MSCA-2021-PF-01-01 - MSCA Postdoctoral Fellowships 2021 – projet pour lequel R Schembra a reçu un « Sceal of Excellence ».
Parmi les objectifs du projet, centré sur l’étude globale des personnages évangéliques des myrrhophores – c’est-à-dire les femmes qui ont apporté les onguents au tombeau du Christ pour accomplir le pieux office de l’ensevelissement et l’ont trouvé vide, étant ainsi les premiers témoins de l’événement de la résurrection –, figure la préparation de la première édition critique de l’Homilia in mulieres unguentiferas (PG 88, 1848-1866 ; CPG 7384) de Grégoire d’Antioche, patriarche de 570 à 593. Cette édition critique sera soumise pour publication dans la collection Sources Chrétiennes.
Les trois enjeux majeurs quant à la philologie patristique et de l’Antiquité tardive en général sont les suivants : 1. dans la tradition manuscrite, l’homélie est souvent attribuée à d’autres Pères, certainement plus célèbres que lui, et liés à lui par homonymie (le Thaumaturge, le Nazianzène, le Nyssène) ou par affinité de genre littéraire (Jean Chrysostome), et il est donc nécessaire de rendre enfin justice à la paternité de l’œuvre ; 2. la dernière édition dont nous disposons, celle de la Patrologie grecque, ne répond évidemment pas aux critères scientifiques et ne rend pas compte de la situation complexe des rapports des témoins ; 3. il n’existe toujours pas de traduction en langue moderne de l’homélie, ni d’étude scientifique.
R. Schembra a déjà fait la recension des manuscrits et est parvenu à une liste de 108 témoins (dont quatre ont été détruits), et il est à un stade avancé des collations ; le séjour à Lyon devrait lui permettre d’achever ce travail, avec en vue la reconstitution des relations entre les manuscrits et l’établissement d’un stemma codicum. L’existence possible d’une deuxième recension du texte fait partie des découvertes résultant de ces recherches. Les éditions imprimées seront également étudiées, à commencer par l’editio princeps de la seule traduction latine existante par Achilles Estaço (Rome 1578), puis la première édition de l’original grec par Combefis (Paris 1648), ainsi que les autres recueils de textes patristiques des mauristes. L’ouvrage devrait être livré pour impression d’ici la fin de l’année 2024.
R. Schembra présentera les résultats de son travail lors du séminaire sur Jean Chrysostome à l’Institut des Sources Chrétiennes le 11 octobre de 14h à 16h.