Soumis par Laurence Mellerin le jeu 06/07/2023 – 11:03
Type événement
Titre

Se découvrir au miroir de la vérité. Le traité de Bernard de Clairvaux sur les Degrés de l’humilité et de l’orgueil

Lundi 04 novembre - Vendredi 08 novembre 2024
Contenu
Texte
manuscrit d’Anchin (Douai 372, t. I , fol. 100v)
manuscrit d’Anchin (Douai 372, t. I , fol. 100v)

Ce colloque international et interdisciplinaire est organisé pour accompagner la publication dans la collection Sources Chrétiennes du traité de Bernard de Clairvaux sur les Degrés de l’Humilité et de l’Orgueil, prévue fin 2024.

Bernard écrivit cette toute première œuvre aux alentours de 1120, à la demande de son cousin et ami Geoffroy de la Roche-Vanneau, désireux d'obtenir un développement écrit d'un commentaire fait par l'abbé de Clairvaux sur le chapitre 7 de la Règle de saint Benoît, consacré aux degrés de l'humilité.

Bernard s'acquitte paradoxalement de cette tâche dans un traité en deux parties : la première, plus doctrinale, présente l'humilité comme un chemin qui conduit à la vérité ; la seconde est l'histoire non d'une montée mais d'une descente vertigineuse : celle du moine qui dégringole, au rebours de l'humilité, les degrés de l'orgueil. Car c'est un seul et unique chemin que l'homme parcourt dans sa vie spirituelle, dans un sens ou dans l'autre, comme l'illustre magnifiquement l'enluminure du manuscrit d'Anchin reproduite ci-contre et qui sera analysée.

Sur le plan historique, ce traité est sous-tendu par la vision d'un monde monastique en pleine réforme, traversé notamment de réflexions sur la place de l'ascèse, les rôles respectifs de l'abbé et de la communauté fraternelle. Bernard a-t-il voulu faire un manuel de la nouvelle vie cénobitique ? Il sera intéressant de rapprocher les Degrés d'un autre texte de Bernard  plus spécifiquement consacré aux observances et sans doute de peu postérieur, l'Apologie.

On peut aussi lire le traité des Degrés comme une savoureuse illustration de l'art rhétorique de son auteur, qui y déploie avec verve ses talents de caricaturiste, et met en place une structure littéraire complexe et subtile, de multiples jeux de mots et de sonorités, au service de son enseignement spirituel. Il recourt, le plus souvent sans les nommer, à de multiples sources bibliques, patristiques et monastiques qu'il conviendra d'explorer pour entrer dans l'intelligence du texte et de ses résonances.

Mais ce sont sans doute les aspects anthropologiques, psychologiques et philosophiques, ainsi que  théologiques et spirituels qui donneront lieu aux enquêtes les plus fécondes : Bernard n'a-t-il pas avant l'heure décrit les méandres psychiques du paranoïaque ou du narcissique ? Ne livre-t-il pas une puissante théologie de la prière d'intercession, à travers sa description de la sollicitude de l'abbé pour ses frères ? Et ce texte n'illustre-t-il pas magistralement déjà, avant le traité sur la Considération, le rôle fondateur de la connaissance de soi dans l'expérience philosophique cistercienne ?... On pourra se demander si les Degrés, au même titre que les traités sur la Grâce et le libre arbitre et l'Amour de Dieu, n'irriguent pas toute l'œuvre postérieure de leur auteur.

Les intervenants, religieux et laïcs, du colloque s'attacheront enfin à scruter la postérité de ce texte dans la pensée occidentale et la spiritualité chrétienne, et finalement à mettre en lumière sa frappante actualité.

Lieu

Pontifico Ateneo Sant'Anselmo, ROMA