Irénée entre Bible et hellénisme
Aucun colloque n’a été à ce jour consacré en France à Irénée, auteur grec majeur du tout premier christianisme, théologien original et premier témoin de la Bible chrétienne. Porteur de la riche culture hellénique de l’Asie mineure, Irénée est lié au patrimoine lyonnais, et plus largement français, par son séjour actif dans la capitale des Gaules au cours du dernier quart du second siècle de notre ère, où il a rédigé son Traité Dénonciation et réfutation de la soi-disant Gnose (Contre les Hérésies), qui reste un ouvrage fondateur de la pensée chrétienne.
Des historiens, des spécialistes de l’antiquité, des biblistes, des archéologues de divers pays, interrogeront cette œuvre. Les langues du colloque sont le français, l’anglais et l’espagnol. Les travaux du colloque feront l’objet d’une publication.
Ce colloque est organisé par l’Institut universitaire de France, dans le cadre du projet « Lectures anciennes des évangiles canoniques »,ainsi que par l’Institut des Sources Chrétiennes (CNRS, UMR 5189), avec la collaboration de la Faculté de Théologie de Lyon.
Smyrne et sa culture
La ville de Smyrne au milieu du second siècle, quand naît puis se forme Irénée, est la cité la plus brillante, économiquement et culturellement, de l’Asie mineure, elle-même province privilégiée de l’Empire romain. La ville se fait particulièrement remarquer par l’éclat de ses écoles de rhétorique, par l’enseignement philosophique qu’on y dispense, par sa vie culturelle, dont profitent des habitants de religion grecque, mais aussi des juifs et des chrétiens, implantés sur la côté depuis la fin du premier siècle, antérieurement à l’Apocalypse, qui évoque sa richesse et ses conflits religieux internes (Ap. 2, 8-10)
1. L’arrière-plan culturel
2. L’arrière-plan historique
3. Formes rationnelles et hellénisme dans l’Adversus Haereses
La source biblique
Irénée est le premier auteur chez qui ce qui sera la Bible des chrétiens apparaît déjà comme un corpus fait de trois blocs : 1) la Bible juive, qu’Irénée désigne généralement comme « les Prophètes » (au sens large), 2) les quatre évangiles canoniques, dont il est le premier à théoriser la complémentarité et 3) les écrits apostoliques. La critique s’est intéressée à la formation d’un « canon » de livres saints et au texte biblique proposé par les citations d’Irénée, surtout pour le Nouveau Testament. On s’est insuffisamment interrogé sur le rapport d’Irénée aux traditions interprétatives, juives et chrétiennes, et sur son mode d’approche du texte biblique.
1. Le rapport au texte d’Irénée
2. Bible et interprétation
3. Bible et formes littéraires
La postérité d’Irénée
Si le texte grec original de l’Adversus Haereses ne nous est parvenu que fragmentairement, les papyri, puis les versions latine, syriaque et arménienne, sans parler des citations transmises par des recueils plus tardifs (Ve-VIIIe s.), atteste de la diffusion de l’œuvre. Une enquête plus systématique de la présence d’Irénée dans la littérature chrétienne postérieure reste à mener.