Selon l'analyse d'Irénée (cf. AH I, 9, 4), on a d’un côté les Écritures, de l’autre la doctrine (dans ses grandes lignes, ce qu'il appelle "ὑπόθεσις"), et la conformité entre les deux est vérifiée par le recours à la « règle de vérité ». La question qui se pose alors est celle du rapport entre ces trois domaines, en particulier entre les textes scripturaires et le symbole de foi. La première relation, la plus simple, est celle de l’attestation : les valentiniens vont chercher différents passages néotestamentaires « pour que la doctrine qu’ils ont élaborée ne paraisse pas privée de témoins ». Irénée pratique lui-même couramment, à partir du Livre III en particulier, ce recours au témoignage scripturaire. Ici, je me centrerai sur la notion de confession de foi chez Irénée, liée à celle d’inspiration prophétique. Je tenterai de montrer comment elle se trouve à l’interface des textes saints et du symbole de foi, ce qui nous conduira, si possible, à éclairer d’une part la manière dont Irénée comprend l’inspiration des Écritures et, de l’autre, ce qu’il entend par « règle de vérité ».