• SC 524

    Grégoire de Nysse

    Contre Eunome I, tome 2
    147-691

    octobre 2010

    Texte grec de W. Jaeger (GNO I, 1). — Introduction, traduction et notes par Raymond Winling.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Jean Reynard.
    ISBN : 978-2-204-09211-1
    391 pages
    Indisponible chez notre éditeur
    Le plus ardu, le plus génial des traités du 4e siècle sur la Trinité.

    Présentation

    Cette deuxième partie du premier livre du Contre Eunome est celle des développements dogmatiques visant à réfuter l'idée selon laquelle Dieu seul étant l'inengendré, le Fils est d'une substance dissemblable à celle du Père. Alors qu'Eunome affirme que la substance du Père est la plus élevée et la plus authentique, Grégoire conteste le principe de substances plus ou moins grandes, qui entraîne une antériorité du Père et une subordination du Fils et de l'Esprit. Il critique également la théorie eunomienne des énergies qui accompagnent les substances et démontre l'absurdité d'une conception qui fait d'une énergie le Père du Monogène. Accusant Eunome de recourir à des raisonnements sophistiques et de tendre vers le manichéisme, Grégoire affirme l'unité de substance dans la Trinité et souligne que ce qui vaut pour le Père vaut pour le Fils, même si le Fils n'est pas Père et le Père n'est pas Fils.

    Raymond Winling, professeur émérite de la Faculté de Théologie Catholique de Strasbourg, a déjà publié dans la collection le Discours catéchétique de Grégoire de Nysse (SC 453).

    Le mot du directeur de Collection

    Ce tome donne la plus grande partie du livre I du Contre Eunome, la grande œuvre dogmatique de Grégoire. On y voit traitées avec une grande rigueur argumentative plusieurs questions soulevées par le néo-arianisme d’Eunome : la simplicité divine, la génération et l’inengendré en Dieu, la pertinence de distinguer entre substance et énergie en Dieu, le choix et le statut des mots dans le discours théologique… On a parfois l’impression d’un dialogue de sourds entre les deux théologiens : Grégoire reproche par exemple à Eunome de compromettre la simplicité divine en introduisant une différence hiérarchique entre les trois hypostases – alors qu’Eunome le faisait précisément pour sauver l’unicité de Dieu, qu’il assimilait à la seule hypostase du Père en écartant les deux autres ; et Eunome fait le même reproche à Grégoire parce qu’il confesse trois personnes – alors que Grégoire affirme leur consubstantialité pour affirmer l’unité divine ! De fait, dans le souci de réfuter, l’écoute attentive de l’autre n’est pas toujours au rendez-vous.

    Néanmoins, ce long texte fournit à ses lecteurs un précieux approfondissement de la théologie trinitaire, en même temps qu’il remet chacun devant un défi fondamental : comment respecter les exigences de la rationalité sans y réduire la foi ? En étudiant la démarche de chacun des deux interlocuteurs, on s’aperçoit que la conceptualité, chez Grégoire, ouvre au mystère et accepte d’être critiquée par la Révélation ; tandis que chez Eunome, elle s’enferme en système et conduit son auteur, assez inévitablement, à rompre avec la Grande Église où nul n’enseigne sa propre pensée, mais bien ce qu’il a reçu, enrichi par sa propre réflexion.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Le texte présenté ici aborde des questions de théologie. Il se divise en deux sections :

                   Section I : réfutation des fragments concernant le système scalaire d’Eunome : le rapport entre ousie et énergie, entre énergie et œuvre

                   Section II : la question de l’engendrement.

    Le présent volume comprend le texte grec et sa traduction, des notes explicatives et deux annexes : deux extraits du Contra Damianum de Pierre de Callinicos (III, t. 35, p. 44, 208-219 et III, t. 154, p. 418, 113-149) et une étude des kephalaia du livre I. On trouve aussi un index des citations bibliques et un index sélectif des mots grecs.

    On trouvera l’introduction à ce volume dans le Contre Eunome I (1-145), SC 521 (2008).

    Extrait(s)

    Deuxième partie, XVI, 190-193

    190. Puisque sa manière de parler semble empreinte de modération, si bien que celui qui ne dit rien d’impie du Christ pourrait se servir à l’occasion de ces expressions, pour cette raison je passerai pour le moment sur la discussion à propos du Seigneur en réservant à plus tard ma réfutation des blasphèmes les plus manifestes contre celui-ci.

                Puisqu’à propos de l’Esprit Saint il profère des blasphèmes clairs et évidents, en disant qu’il n’est pas du même rang que le Père et le Fils, mais soumis aux deux, je vais examiner son argumentation aussi bien que je le pourrai. 191. Examinons d’abord quel est le sens du mot soumission et à propos de quoi la divine Ecriture a recours à cette expression. Le Dieu créateur, honorant l’homme par la fait qu’il a été fait à l’image du créateur, lui a soumis toute la nature non douée de raison, comme le proclame le grand David, en commentant cette grâce dans ses hymnes. 192.Il a tout mis sous ses pieds (Ps 8, 7 et He 2, 8), dit-il, et il mentionne par leur nom les êtres qui lui sont soumis. Il existe encore un autre sens de soumission dans la divine Ecriture. En effet, attribuant la cause de ses succès dans la guerre au Dieu de l’univers lui-même, David dit : Il nous a soumis les peuples et mis les nations sous nos pieds (Ps 46/47, 4), et encore : celui qui me soumet les peuples (Ps 143/144, 2 et 17, 48). 193. Souvent, il est possible de trouver dans les divines Ecritures cette expression au sens de domination exercée sur ceux qui sont des adversaires. En effet, le passage de l’Apôtre au sujet de la soumission future de tous les hommes au Monogène et par lui au Père, dans lequel il dit dans la profondeur de sa sagesse que le médiateur entre Dieu et les hommes se soumettra lui-même au Père, laissant entendre à mots couverts l’obéissance de tous les hommes à travers la soumission à l’égard du Père de ce Fils qui a partagé la condition humaine, ce passage, dis-je, je le laisserai de côté pour le moment, car il demande un examen plus détaillé et plus approfondi.

    Deuxième partie, XXXIX, 642 (p. 325)

    Mais cet homme, imaginant des choses extraordinaires, s’oppose à ce qui vient d’être dit et il sépare l’ousie du Monogène de la nature du Père, parce que l’un est engendré, l’autre inengendré. Alors qu’il existe tant de noms pieusement appliqués à la nature divine, dans lesquels on ne perçoit aucune différence entre le Père et le Fils, tous étant également appropriés à eux deux, il ne mentionne aucun de ces autres noms qui font connaître ce qui est commun aux deux et s’attache au seul terme d’agennésie ; cependant, pour ce terme, il n’admet pas le sens habituel et consacré par l’usage, mais il invente une nouvelle notion de l’agennésie et rejette les acceptions courantes de ce vocable.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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