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SC 221
Grégoire le Grand
Morales sur Job, Livres XV-XVI
Troisième partieseptembre 1976Texte latin, introduction, traduction et notes par Aristide Bocognano.
ISBN : 978-2-204-03648-1297 pagesIndisponible chez notre éditeurLe manuel de théologie morale et spirituelle pour tout le Moyen Age latin, par celui qui allait devenir pape à la fin du 6e siècle.Présentation
Dans cette monumentale exégèse morale et spirituelle du livre de Job en 35 livres, que Grégoire commence dans les années 580 alors qu’il est l’envoyé du pape à Constantinople, le texte biblique est souvent un simple prétexte à un enseignement spirituel profond et concret, qui prend occasion de tel mot ou tel détail du texte pour allégoriser. Dans les livres 15 et 16, Grégoire commente les chapitres 20 à 24 du livre de Job, où le dialogue entre Job et ses amis se poursuit. Qu’est-ce qu’un méchant, au miroir de l’Écriture ? Comment distinguer le juste de l’injuste ? Faut-il refuser la richesse ? Qu’est-ce que rend malheureux ? Verset après verset, Grégoire poursuit sa réflexion de sagesse en dialoguant avec le livre de Job, et propose ses réponses que le Moyen Âge tout entier ne cessera de relire. À sa suite, le lecteur d’aujourd’hui est invité à butiner dans ces pages multiformes.
Aristide Bocognano, agrégé de l’Université, après avoir traduit Boèce, a traduit l’ensemble des livres 11 à 16 des Morales sur Job.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Le volume 221 (1975) forme un ensemble avec le précédent (SC 212, livres XI-XIV), les index portent sur les livres XI à XVI.
Livre XV : Le commentaire porte sur Jb 20, 2 à 21, 34 et brosse successivement le portrait à charge de « l’hypocrite », puis du « mauvais riche ». Tous deux sont en proie à la cupidité, préférant à Dieu la chair et la terre. Ils n’ont que mépris pour Dieu et sont soumis aux « désirs impurs ». Certes, le propriétaire d’un domaine mène une vie heureuse loin de Dieu ; il accumule des richesses, et fait le pari (perdant, selon Grégoire) de la félicité terrestre plutôt que celui des biens à venir. Mais il en sera puni en cette vie et dans la vie future. Car « l’hypocrite » et « le mauvais riche », contrairement au juste dont Job est l’exemple, font l’erreur de ne s’attacher qu’à la vie présente, qu’elle soit heureuse ou même malheureuse, et négligent la vie éternelle, celle qui suit la résurrection. Job incarne, quant à lui, la victoire du juste face à l’Antichrist.
Livre XVI : Le commentaire porte sur Jb 22, 2 à 24, 20 et revient sur l’opposition, déjà énoncée précédemment, entre l’hérétique et le juste. L’hérétique (une des formes que revêt l’impie) n’accède pas à la connaissance de la Vérité que transmet l’Église sur Dieu invisible et insaisissable en son essence. Or, Dieu, dans sa puissance et sa bonté, offre au juste, à travers la contemplation, une intelligence du mystère et de l’Écriture. Dans la dispensation de sa grâce, il unit secours divin et liberté humaine. À la bonté de Dieu s’ajoute sa majesté ; la crainte qu’il inspire est mêlée d’espérance, à travers l’exemple de son Fils. Dieu régit l’univers, et ses jugements sont immuables ; il est insaisissable en son éternité, et c’est par la sagesse que l’esprit du juste peut s’en approcher. Grégoire dresse ensuite le tableau de la violence des hérétiques, accusés de ravager les âmes et de persécuter les croyants, tandis que le juste demeure dans la voie de Dieu, allant jusqu’à verser son sang. Car il pressent les joies de la cité de Dieu et, pour avoir supporté l’adversité, il aura part à l’héritage éternel.
Extrait(s)
Livre XVI, 33 (p. 189-191)
« Qui m’accordera de le connaître, de le rencontrer et d’arriver jusqu’à son trône ? (Jb 23, 3) Si l’élu ne connaissait pas le Seigneur, il ne saurait l’aimer. Mais connaître par la foi n’est pas connaître par le regard, et le rencontrer dans la créance n’est pas le rencontrer dans la contemplation. De là vient que, s’ils le connaissent par la foi, tous les élus halètent du désir de le voir aussi par le regard. Et s’ils sont en effervescence dans l’amour qui les embrase pour Dieu, c’est qu’ils savourent déjà dans la seule certitude de leur foi le charme délicieux de sa douceur. C’est ce que montre bien l’homme du pays de Gerasa quand il est guéri des démons : il voudrait partir avec Jésus, mais le maître du salut lui dit : Reviens chez toi et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. (Lc 8, 39) Car, si celui qui aime se voit encore imposer un renvoi, c’est pour que le désir d’un amour renvoyé accroisse le mérite de la récompense. Dieu tout-puissant nous manifeste donc sa douceur par ses miracles et pourtant dans son élévation il reste caché : il veut nous montrer quelque chose de lui pour nous enflammer par ses secrètes inspirations dans son amour, il veut pourtant aussi voiler à nos yeux la gloire de sa majesté pour accroître en nous dans l’effervescence du désir la puissance de son amour (Cf. Ct 3, 1). Car si le saint ne cherchait pas à le voir dans sa souveraine majesté, il n’ajouterait certainement pas : Et j’arriverai jusqu’à son trône. Qu’est-ce, en effet, que le trône de Dieu, sinon ces esprits angéliques qui, l’Écriture en témoigne, sont appelés Trônes ? (Cf. Col 1, 16) Vouloir donc arriver jusqu’au trône de Dieu, n’est-ce pas l’ardent désir d’entrer dans le chœur des esprits angéliques, afin de ne plus endurer les minutes défaillantes du temps et de se hausser jusqu’à une gloire immuable dans la contemplation éternelle ? »
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
5
Page de garde
(LIVRES XI- XVI)
(LIVRES XV- XVI)
209
§ 45 l. 15
Je suis celui qui est. Tu diras à Israël :
Je suis qui je suis.Tu diras aux fils d’Israël :
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