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SC 146
Anonyme
Deux homélies anoméennes pour l'octave de Pâques
décembre 1969Introduction, texte, traduction et notes par Jacques Liébaert.
Index scripturaire, des noms propres, des termes grecs notables ou expliqués et des auteurs cités.ISBN : 978-2-204-03440-1148 pagesIndisponible chez notre éditeur« Dieu l'a ressuscité » – donc le Fils est subordonné au Père ? Au 4e siècle, un Grec exprime sa conviction.
Présentation
Les deux homélies grecques du IVe siècle présentées dans ce volume ont été conservées sous le nom de Jean Chrysostome. Comme on a vite reconnu la fausseté de cette attribution, elles étaient restées inédites. L’auteur est un anoméen qui, en dehors de l’apologie traditionnelle contre les juifs, défend dans ces homélies l’idée que le Christ et le Saint-Esprit sont subordonnés au Père.
L’homélie I, prononcée le lundi de Pâques, est un commentaire du Ps 5, 2-3 et du premier discours de Pierre au chapitre 2 des Actes des apôtres.
L’homélie II, prêchée aussi pendant l’octave de Pâques, porte sur le Ps 11, 2 et sur le récit de la comparution de Pierre et de Jean devant le Sanhédrin en Ac 4, 5-10.
La christologie des deux textes présente à la fois les traits classiques de l’arianisme sur l’Incarnation et des considérations originales sur la fonction démiurgique du Christ ou la « descente » du Sauveur venu des cieux sur terre. Ils évoquent également la dimension cosmique de la Passion du Christ et de sa résurrection. Ces sermons offrent un très bon aperçu de la théologie arienne et de la manière dont elle pouvait être prêchée.
Jacques Liébaert (1921-1987) était Doyen de la faculté de théologie de Lille.
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Sermo in psalmum undecimum / Sermo in feriam secundam hebdomadae luminum et in quintum psalmum
Les deux homélies grecques présentées dans ce volume ont été conservées dans des sermonnaires byzantins sous le nom de Jean Chrysostome. Connues de dom Bernard de Montfaucon, qui avait repéré la fausseté de cette attribution, elles ont attiré l’attention dans le codex Atheniensis 212, qui s’est révélé être le meilleur représentant du texte. Outre ce manuscrit, elles figurent également, à la suite et selon le même ordre, dans un manuscrit moscovite. Hors de ces deux manuscrits, on ne connaît actuellement qu’un seul témoin de l’homélie I et deux de l’homélie II.
Qui était l’auteur de ces homélies ? Leur voisinage dans les manuscrits d’Athènes et de Moscou n’est pas seulement dû au hasard. Les deux sermons présentent des affinités littéraires et doctrinales, et sont donc très probablement l’œuvre d’un même auteur. Elles présentent toutes deux de très nombreuses similitudes de détail avec les Homélies sur les Psaumes conservées sous le nom d’Astérius le sophiste. Il faut cependant rappeler qu’Astérius s’était éloigné de l’arianisme au moment de composer les Homélies sur les Psaumes. La comparaison ne permet pas d’attribuer à Astérius les deux homélies anoméennes, seulement de les situer dans une même tradition de prédication chrétienne du IVe siècle, postérieure au concile de Nicée.
L’homélie I est un commentaire du Ps 5, 2-3 et du premier discours de Pierre dans le chapitre 2 des Actes des apôtres. D’après le titre qui la précède, elle a été composée pour le « deuxième jour de la grande semaine », c’est-à-dire le lundi de Pâques. La collection des homélies d’Astérius le sophiste confirme que le Psaume 5 était partie intégrante de la liturgie de l’octave de Pâques.
L’homélie II porte sur le Ps 11, 2 et sur le récit de la comparution de Pierre et de Jean devant le Sanhédrin en Ac 4, 5-10. Son titre ne donne pas de mention du temps liturgique au cours duquel elle a été prononcée, mais les rapprochements avec les homélies d’Astérius permettent de l’attribuer également à la prédication de l’octave de Pâques.
Ces deux homélies, qui se caractérisent par un vaste recours aux citations bibliques, sont marquées par la polémique trinitaire. Elles rejettent toutes deux la consubstantialité des hypostases. La profession de foi du prédicateur de la première homélie est explicitement anoméenne : les accusations qu’elles portent supposent que le monothéisme trinitaire n’est sauf que s’il y a trinité d’hypostases inégales en nature. Les citations du Nouveau Testament sont choisies pour affirmer l’infériorité et la dépendance du Verbe par rapport au Père. Le Verbe est vu comme un médiateur en raison de son infériorité vis-à-vis du Père et sa supériorité sur les créatures. La christologie des deux textes présente à la fois les traits classiques de l’arianisme sur l’Incarnation et des considérations originales sur la fonction démiurgique du Christ ou la « descente » du Sauveur venu des cieux sur terre. Comme les homélies d’Astérius, elles évoquent également la dimension cosmique de la Passion du Christ et de sa résurrection. Ces sermons offrent un vaste aperçu de la théologie arienne et de la manière dont elle pouvait être prêchée.
Extrait(s)
(Homélie I, 12, p. 71)
C’est cela que je crie, c’est cela que je clame à travers les âges. Je garde les réalités sans confusion, je ne mélange pas les hypostases, je tiens ce que tu as dit, je crie ce que tu as annoncé, je conserve ce que tu m’as transmis, j’enseigne ce que tu m’as proclamé ! Mais puisque le mensonge s’élève contre la vérité et que la tromperie cherche à supplanter par force la piété, toi, comprends mon cri, sois attentif à la voix de ma prière ; discerne les œuvres dans les paroles, découvre les actes dans les mots.
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