• SC 598

    Athanase d'Alexandrie

    Traités contre les ariens, tome I

    octobre 2019

    Texte de l’édition K. Metzler – K. Savvidis. — Introduction et notes par Lucian Dîncă, traduction par Charles Kannengiesser (†) avec la collaboration d’Adriana Bara.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre et de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Bernard Meunier.
    ISBN : 9782204131544
    316 pages
    La divinité du Fils, défendue pied à pied, verset par verset, par le grand zélateur de la foi nicéenne, vers le milieu du 4e siècle

    Présentation

    Les trois Traités contre les ariens d’Athanase, rédigés vers le milieu du IVe siècle, sont non seulement la plus grande œuvre théologique qu’il nous a laissée, mais l’une des pièces majeures du grand débat trinitaire du temps. Arius faisait du Fils de Dieu la première des créatures, et non l’égal du Père. Athanase prend au sérieux cette position et entreprend, l’un des tout premiers, de la démonter pièce par pièce. Reprenant tout le dossier biblique sur lequel Arius s’appuyait, il réinterprète chaque verset et montre les enjeux du débat : si le Fils venu nous sauver n’est pas Dieu, alors nous ne sommes pas sauvés. Tout en réfutant Arius avec véhémence, Athanase construit une catéchèse biblique et dogmatique très cohérente, dans la ligne d’Irénée et d’Origène.

    Ce premier volume fournit l’introduction générale et le premier Traité, où sont combattus les grands slogans ariens comme : « Dieu n’était pas Père depuis toujours » et « Il y eut une fois où le Fils n’était pas ». Qu’est-ce qu’engendrer, pour Dieu ? Comment comprendre l’Écriture quand elle parle de l’abaissement du Fils de Dieu et de son exaltation ? L’ Épître aux Hébreux fait-elle du Christ un ange ? Athanase guide ainsi son lecteur dans les méandres des versets bibliques et de leur interprétation.

    Charles Kannengiesser (1926-2018) était professeur émérite à l’Université Concordia (Montréal), après avoir enseigné à Paris et aux États-Unis. Spécialiste d’Athanase, auquel il a consacré plusieurs livres, il avait publié dans la collection son traité Sur l’incarnation du Verbe (SC 199).

    Adriana Bara, professeure à l’Université Concordia (Montréal), est Directrice générale du Centre canadien d’œcuménisme.

    Lucian Dîncă a consacré sa thèse à Athanase : Le Christ et la Trinité chez Athanase d’Alexandrie (Cerf, 2012). Il dirige l’École doctorale de théologie et sciences religieuses à la Faculté de théologie catholique de l’Université de Bucarest, ainsi que la bibliothèque byzantine du Centre œcuménique « Saint Pierre et Saint André » de Bucarest.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Les trois Traités contre les ariens d’Athanase étaient attendus depuis longtemps dans la collection : de fait, c’est l’une des pièces maîtresses à la fois de l’œuvre de l’Alexandrin et de l’histoire doctrinale du IVe siècle. De plus en plus isolé en Orient, et comprenant que les alliances et les luttes politiques ne régleront rien à long terme, l’évêque recordman du nombre d’exils décide de s’expliquer longuement sur le fond du débat, c’est-à-dire sur son combat théologique et ecclésial pour la foi de Nicée, en répondant point par point aux arguments ariens. Il rédige, probablement en deux moments (entre 339 et 362), ces trois Traités où, à la fois polémiste et catéchète, il déploie sa pensée trinitaire.

    Dans le premier volume sont proposés l’introduction générale et le premier Traité, qui prend à bras le corps pour les réfuter des slogans ariens à succès : « Dieu n’était pas toujours Père » ; « Il y eut une fois où le Fils n’était pas ». Il réfléchit sur ce que signifie « engendrer » pour Dieu et commence l’explication de grands textes scripturaires invoqués par les ariens : l’hymne de Philippiens 2, le Psaume 44, le début de l’Épître aux Hébreux. Ce premier Traité est aussi une source inestimable sur l’arianisme lui-même. Ainsi, c’est grâce aux citations d’Athanase, paradoxalement, que nous connaissons des fragments de la Thalie d’Arius.

    Le second volume contient les deux autres Traités. Le Traité II continue l’effort du Traité I pour réinterpréter correctement le dossier biblique arien ; il est consacré en grande partie à la lecture du verset – fameux… à l’époque – de Proverbes 8, 22 (Le Seigneur m’a créé, principe de ses voies…). Le Traité III se saisit ensuite du dossier biblique johannique avant d’approfondir la notion d’incarnation du Verbe, puis de disputer pied à pied la thèse arienne du Fils issu, non de la substance du Père, mais de sa volonté. Ces deuxième et troisième Traités ont ainsi un intérêt spécifique, lié à leur caractère plus nettement catéchétique (notamment le troisième), et surtout à deux arguments majeurs qui y sont développés : l’articulation entre l’engendrement éternel du Fils et sa « création » au temps de l’Incarnation, et la consubstantialité du Fils avec le Père, distincte de son humanité.

    Les Traités contre les ariens ont une double valeur littéraire : d’une part en tant qu’écrit rédigé dans un contexte polémique en réponse à une autre œuvre, la Thalie d’Arius, et à une série d’arguments adverses, réfutés un à un ; d’autre part en tant qu’exposition positive de la doctrine nicéenne, dans une visée catéchétique, avec notamment la création d’un « slogan » orthodoxe présentant le Fils comme « l’engendré propre de l’essence du Père ». Le vocabulaire de la démonstration y côtoie ainsi le ton de l’invective, dans un tissage où les Écritures sont entremêlées aux formules dogmatiques.

    Pour les historiens et les théologiens, les Traités contre les ariens permettent d’entrer dans les coulisses des débats du IVe siècle et de comprendre les débuts de la cristallisation du dogme trinitaire. Tout en prenant en compte la déjà riche tradition alexandrine, avec en particulier Origène, Athanase est le premier à forger un arsenal nicéen face à l’arianisme et à le présenter de manière systématique : il pose ainsi les fondations d’une doctrine que reprendront et développeront ses héritiers, les Cappadociens en particulier.

    En raison du décès de Charles Kannengiesser en février 2018, et au vu de la longueur du texte et des importantes publications qui existent déjà à son sujet, un appareil éditorial d’ampleur modérée a été privilégié. L’introduction fait le point sur plusieurs questions débattues, comme la datation des Traités et l’authenticité du troisième d’entre eux. Elle éclaire aussi leur structure, leur apport théologique dans le contexte de l’arianisme et leur postérité. Le texte grec reproduit globalement celui de l’édition allemande des Athanasius Werke, avec quelques modifications. En regard, la traduction française – dont les manchettes veulent mettre en valeur la structure et faciliter la lecture – vise à une certaine fidélité à l’égard de l’original grec ainsi qu’à la nouveauté des expressions, sans plaquer une compréhension ultérieure : par exemple le mot grec trias n’est pas rendu par « Trinité », mais par « triade », puisque le sens « trinitaire » ne s’est vraiment imposé qu’après Athanase, précisément, et alors que le mot était en usage dans divers courants philosophiques et religieux. Ces 8e et 9e volumes d’Athanase dans la collection y font écho à un ensemble de sources importantes déjà publiées sur l’arianisme (Histoire « acéphale », SC 317 ; Hilaire de Poitiers, Contre Constance, SC 334 ; histoires ecclésiastiques, y compris celle, arienne, de Philostorge, SC 564 ; Scolies ariennes sur le concile d’Aquilée, SC 267 ; etc.), ainsi que de nombreuses réponses nicéennes (les Contre Eunome de Basile et de Grégoire de Nysse, etc.). Mais ils seront eux-mêmes suivis d’un autre volume athanasien, actuellement en préparation, qui réunira le Tome aux Antiochiens et la lettre Sur les décrets du concile de Nicée.

    (G. Bady, 2019)

    Guillaume Bady

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