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SC 89
Aristée
Lettre d'Aristée à Philocrate
décembre 1962Introduction, texte critique, traduction et notes, index complet des mots grecs par André Pelletier, s.j.
ISBN : 9782204036054324 pagesIndisponible chez notre éditeurTraduire la Bible juive en grec ? La légende des Septante à Alexandrie, vue par un apologète juif.
Présentation
La Lettre d’Aristée, dont l’auteur, juif, prend ce nom en se faisant passer pour un Hellène adorateur de Zeus, raconte comment la « Loi » des Juifs a été traduite d’hébreu en grec par soixante-douze savants juifs de Jérusalem venus à Alexandrie vers le milieu du IIIe siècle av. J.-C. L’auteur y insère une curieuse enfilade de soixante-douze sentences morales, où des lieux communs de philosophie stoïcienne voisinent avec d’authentiques principes du judaïsme. Ouvrage de propagande à la fois politique et religieuse en faveur des juifs de la Diaspora, la Lettre défend l’authenticité littéraire et l’inspiration divine de la version biblique de la Septante, qui sera la première adoptée par tous les chrétiens d’Orient et d’Occident et restera même le texte en usage dans l’Église grecque.
André Pelletier, s.j. (1902-1985), chercheur au CNRS et spécialiste du judaïsme hellénistique, a également édité des œuvres de Philon d’Alexandrie (Legatio ad Caium, OPA 32) et de Flavius Josèphe (Autobiographie et Guerre des Juifs, aux Belles Lettres).
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Récit apologétique plutôt que lettre, l’œuvre est fictive et pseudépigraphique, car l'auteur n'est pas comme il le prétend un Hellène adorateur de Zeus, mais certainement un juif alexandrin, offrant comme un « éditorial de la Septante ». Son exactitude historique est très relative : l'incohérence principale concerne Démétrios de Phalère (mort au plus tard en 280), qui n’a pu être le bibliothécaire de Ptolémée II Philadelphe (285-246) : ce dernier l’a mis à mort parce qu'il avait conseillé à son père Ptolémée I Lagos (323-282) de choisir un autre successeur. La narration, assez éloignée des développements ultérieurs de la légende des Septante en un sens merveilleux (l’introduction du volume leur fait une place importante), est malgré tout susceptible de fournir des éléments crédibles ou intéressants, en particulier l’initiative royale de faire traduire la Torah pour la bibliothèque royale d’Alexandrie. La langue et le style ainsi que le contexte alexandrin (musée, bibliothèque, communauté juive) sont à prendre en compte pour la datation, très discutée, entre la 2e moitié du iiie siècle av. J. C et le Ier siècle après : A. Pelletier opte pour le début du iie siècle av. J. C.
La postérité littéraire, historique et éditoriale de l’œuvre est très abondante. Le texte grec édité repose sur pas moins d’une vingtaine de manuscrits, où te texte se trouve joint à la Chaîne sur l’Octateuque, à partir d’un ancêtre qui devait être à la bibliothèque de Césarée. L’un des témoins est assorti d’une paraphrase byzantine du xiiie s. Bien avant, la tradition indirecte est illustrée par Flavius Josèphe, sous forme de paraphrase déjà, et Eusèbe de Césarée, bien plus littéral, dont le riche témoignage aide à préciser, à compléter ou à confirmer celui des manuscrits.
La composition de ce « roman historique » suit le narrateur dans un aller-retour entre Alexandrie et Jérusalem. Entre un prologue (§1-8) et un épilogue (§322), l’auteur semble construire le récit en trois parties :
1° Les échanges entre les Grecs et les Juifs, vus d’Alexandrie (9-82) : le projet du bibliothécaire d’Alexandrie, Démétrios (9-11), la libération des esclaves juifs (12-27), le rapport du bibliothécaire (28-33), les lettres de Ptolémée et du grand prêtre Éléazar (34-51), la description des présents du Roi (51-82) ;
2° Exposé sur le judaïsme, vu de Judée (83-171) : description de Jérusalem et des environs (83-120), adieux aux traducteurs et apologie de la Loi par Éléazar (120-171) ;
3° La traduction, à Alexandrie (172-321) : réception des traducteurs (172-186), banquet (187-300), proclamation de la traduction (301-316), départ des traducteurs (317-321).
Extrait(s)
Paradoxalement, le récit de la traduction (p. 231-233) est en lui-même extrêmement court :
[301] Démétrios, venu chercher les traducteurs, leur fit franchir la jetée de sept stades qui conduit à l’île [de Pharos], passa le pont, s’avança vers le nord, les réunit dans un local préparé près de la plage, magnifique séjour entouré de silence, et les invita à exécuter le travail de la traduction, tout le nécessaire leur étant par ailleurs assuré. [302] Ils procédèrent au travail en se mettant d’accord entre eux sur chaque point par confrontation. Du texte résultant de leur accord, Démétrios faisait alors dresser une copie en bonne et due forme. […] [307] Or, il advint que le travail de la traduction fut achevé en soixante-douze jours, comme si pareille chose était due à quelque dessein prémédité.
Errata
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