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SC 67
Origène
Entretien avec Héraclide
décembre 1960Introduction, texte, traduction et notes par Jean Scherer.
Réimpression de la première édition revue et corrigée (2002)ISBN : 9782204070423127 pagesIndisponible chez notre éditeurLe Dieu chrétien est-il un, ou plusieurs ? En Arabie, vers 240, le débat est lancé.Présentation
À la différence des textes polémiques ou apologétiques, cet entretien met en scène deux points de vue chrétiens sur la relation des natures du Père et du Fils. Au cours d’une conférence épiscopale vers 250, Origène précise les points fondamentaux de la foi et met fin à la controverse christologique.
Le mot des Sources Chrétiennes
L’opuscule d’Origène, qui vient d’être réimprimé, son Entretien avec Héraclide (SC 67), est d’autant plus précieux qu’il est le seul exemple conservé des nombreux entretiens ou conférences auxquels un homme de sa réputation fut amené à participer. De ceux qu’il eut avec un gouverneur de la province d’Arabie, avec la mère de l’empereur Alexandre Sévère, avec un hérétique valentinien, avec des rabbins juifs ou avec un évêque lors du synode de Bostra, nous avons au moins gardé le souvenir grâce notamment à Eusèbe de Césarée ; de bien d’autres sans doute, nous ne savons plus rien. Celui-ci nous a été restitué par un papyrus de Toura, près du Caire, découvert avec tout un lot de papyrus en 1941 (voir, dans les nos 84 et 85 du Bulletin, les « Petites histoires d’un papyrologue », contées par L. Doutreleau) et édité une première fois au Caire par le professeur Jean Scherer, qui a repris cette édition pour Sources Chrétiennes en la retouchant quelque peu.
L’Entretien avec Héraclide a d’abord pour nous valeur de document. C’est la relation, malheureusement amputée de la première partie des débats, prise en note par des tachygraphes, d’une conférence épiscopale, réunie probablement en Arabie, vers les années 240, pour examiner la doctrine d’un évêque suspect de monarchianisme, et au cours de laquelle intervint Origène pour exposer la doctrine orthodoxe et recueillir l’assentiment de l’évêque en question. Il s’agit donc d’un débat théologique portant en priorité sur la divinité du Fils et la reconnaissance de sa personnalité distincte par rapport à celle du Père. Dans un souci bien compréhensible de préserver l’unité divine, Héraclide, sans aller, comme d’autres, jusqu’à prétendre que le Père et le Fils sont une seule personne sous deux noms différents, puisqu’il reconnaît le Fils en tant que personne distincte du Père, résiste, on le comprend, à confesser « deux Dieux » en un seul. Il semble se rendre finalement aux arguments d’Origène, même si d’inquiétants silences dans sa profession de foi laissent penser qu’il renonce difficilement à concevoir l’unité divine autrement que comme une « monarchie ».
Une fois traité ce point central de la conférence, d’autres sujets sont abordés, notamment la question de la nature du corps du Christ, de la résurrection, et, longuement, celui de la nature et de l’immortalité de l’âme, que certains assimilent dangereusement au sang. Les rapprochements que l’on peut faire entre cet opuscule et plusieurs autres ouvrages d’Origène, de dates différentes, témoignent sur tous ces sujets d’une assez remarquable permanence de sa pensée.Jean-Noël Guinot
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
On sait qu’Origène a été convié comme expert à des entretiens théologiques, en particulier avec des personnes soupçonnées de déviance par rapport à la foi orthodoxe, pour clarifier les choses ou les ramener dans le giron de l’église. Certains de ces entretiens ont été mis par écrit. Cet Entretien d’Origène avec Héraclide a pu se tenir en Arabie, car Héraclide, qui était évêque, professe certaines doctrines qui semblent caractéristiques de cette région (assimilation de l’âme humaine au sang, ce qui la rendrait mortelle comme le corps). Il semble (à cause de l’existence de cette doctrine, attestée à partir de 244 et éliminée en 249) que l’entretien se soit déroulé entre ces deux dates. Le thème principal en est le monarchianisme, vrai ou supposé, d’Héraclide qui aurait tendance à ne pas distinguer les personnes du Père et du Fils.
Les Entretiens (διάλεκτοι) d’Origène avaient dû être édités à Césarée par Pamphile et Eusèbe en un volume. Le texte de cet Entretien a été conservé grâce à un des papyrus retrouvés à Toura en 1941, qui date de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle et fournit l’intégralité du texte qui n’existe nulle part ailleurs. Seuls quelques passages sont corrompus.
Contenu
Le Fils est Dieu, distinct du Père, mais le Père et le Fils sont un. Exemples scripturaires d’unités qui respectent une distinction. Précision : le Christ est Dieu, mais son corps a bien subi la mort. Le composé humain corps, âme, esprit, et le sort de chaque partie. L’âme est-elle le sang ? Interprétation de l’écriture ; grande attention demandée à l’auditoire pour que le sujet ne soit pas galvaudé. Homonymie dans l’écriture entre les sens corporels et les sens spirituels : les versets assimilant le sang à l’âme parlent donc du sang de l’homme intérieur, sa force vitale. L’âme est donc immortelle, mais peut mourir de mort spirituelle.
Extrait(s)
Entretien 15, 7-23 (p. 87)
J’éprouve une angoisse à parler, une angoisse à ne pas parler. à cause de ceux qui en sont dignes je veux parler, pour qu’on ne me reproche pas d’avoir refusé la parole de vérité à ceux qui étaient capables de l’entendre. à cause de ceux qui ne sont pas dignes j’hésite à parler, craignant de lancer aux chiens les choses sacrées, de jeter les perles aux pourceaux. à Jésus seul il appartenait de savoir séparer, parmi ses auditeurs, ceux du dehors et ceux du dedans, et ainsi de parler en paraboles à ceux du dehors et d’expliquer les paraboles à ceux qui étaient entrés dans sa maison. Le « dehors » et l’« entrée dans la maison » sont d’ordre mystique. Qu’ai-je à faire de juger les gens du dehors ? (1 Co 5, 12) Quiconque pèche est dehors : c’est pourquoi il faut parler en paraboles à ceux du dehors, pour le cas où ils pourraient quitter le dehors pour pénétrer au-dedans. L’« entrée dans la maison » est d’ordre mystique : entre dans la maison de Jésus son véritable disciple ; il y entre en pensant selon l’église, en vivant selon l’église. Dehors, dedans, sont d’ordre spirituel.
Errata
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Texte concerné
Correction
Remarques
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