• SC 623

    Nil d'Ancyre

    Commentaire sur le Cantique des cantiques, tome II

    avril 2022

    Notice, texte critique, traduction et notes par Marie-Gabrielle Guérard

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Jean Reynard.
    ISBN : 9782204145381
    238 pages
    Une histoire d'amour avec Dieu, retracée par un Grec au tournant des 4e et 5e siècles.

    Présentation

    Le Commentaire sur le Cantique de Nil d’Ancyre est le plus ancien commentaire grec complet de ce livre biblique qui soit transmis dans la langue originale. Alors que les autres commentaires conservés s’arrêtent avant la fin, celui-ci va jusqu’au bout du livre. Prenant la suite du tome I (SC 403), le présent volume offre précisément toute la fin du Commentaire, de Ct 4,2 à 8,14.

    Composé au tournant des IVe et Ve siècles par un moine, l’ouvrage montre différents aspects de la vie spirituelle proprement monastique dans l’effort qui tend à l’union avec le divin. Du poème dramatique qu’est le Cantique des cantiques, l’exégèse nilienne fait une sorte de roman dont l’héroïne est une prostituée qui change de vie pour devenir digne de noces royales. Elle figure la vie de l’âme et ses divers mouvements. Le Cantique est une prophétie de l’union du Verbe de Dieu et de l’âme, telle qu’elle se réalise dans l’histoire du salut à travers la mort et la résurrection du Christ et comme la vivent les fidèles à travers la liturgie pascale et baptismale. Dans ces dernières pages, l’auteur figure l’âme unie au Verbe, jusque après la Résurrection, dans la lumière et la profusion paradisiaque de son Ascension.

    Marie-Gabrielle Guérard, après une année de post-doc. à l’université de Harvard grâce à la Fondation Sachs, et une carrière d’enseignement à l’étranger, a passé ses vingt dernières années professionnelles comme ingénieur de recherches au CNRS, travaillant aux Sources Chrétiennes. Ses recherches personnelles sont consacrées à l’œuvre de Nil d’Ancyre et à l’exégèse ancienne du Cantique des cantiques.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Une histoire d’amour qui dure : celle de l’âme avec Dieu, à travers les siècles et à travers les commentaires patristiques et médiévaux successifs du Cantique, d’Origène à Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry en passant par Grégoire de Nysse, Apponius et Grégoire le Grand – pour ne citer que ceux présents dans la collection. C’est aussi une longue histoire d’amour que l’édition même du Commentaire de Nil, dont Marie-Gabrielle Guérard, de l’équipe des Sources Chrétiennes, a publié le premier tome – une editio princeps – en 1994 (SC 403) et qu’elle a mûrie patiemment jusqu’à ce second opus.

    Le Commentaire sur le Cantique des cantiques est l’unique œuvre exégétique de Nil, ce moine qui, à la fin du IVe et au début du Ve siècle, s’est aussi fait connaître par ses écrits ascétiques. Or le texte se signale, avec le Commentaire de Théodoret de Cyr, comme le seul commentaire grec de l’ensemble du Cantique  ; en effet, de ce livre qui est le plus court de la Bible, par un singulier paradoxe les autres commentaires s’arrêtent avant la fin, à l’exception de celui d’Origène, dont ne subsistent que des traductions latines partielles. Ce second tome va donc jusqu’au bout, puisqu’il donne à lire les § 80 à 141, qui commentent Cantique 4, 1d à 8, 14.

    Les principes de l’édition suivent avec cohérence ceux du premier tome, tout en prenant en considération l’édition, complète, par H.-U. Rosenbaum en 2004. Alors que celui-ci n’hésite pas à « reconstruire » un texte conjectural, l’éditrice croit possible, et plus légitime, d’éditer le texte intégral de Nil, tout en tenant compte des défaillances de la tradition manuscrite.

    La virtuosité de l’exégèse ne peut être ici illustrée que par quelques exemples, comme dans le commentaire de Ct 4, 3c, Comme l’écorce de la grenade ta pommette, où deux niveaux de lecture, « psychologique » d’abord, ecclésiologique ensuite, se succèdent et se répondent l’un à l’autre (§ 82, p. 51-53) :

    Quand il s’agit de l’âme, la joue, c’est la rude pommette d’une vie inaccessible aux passions, comparable à une écorce de grenade par son âpreté. Car cette partie du corps surtout permet de juger de la condition d’un être : celle du tempérant a l’air sévère et par son teint morne signifie aux regards licencieux le dégoût que lui inspire ce qu’elle voit ; celle du débauché pour ainsi dire leur sourit doucement, tout alanguie, appelle de loin des œillades et leur prône par son éclat sa passion du plaisir. Quand il s’agit de l’Église, c’est l’ordre de ceux qui pratiquent la virginité et s’exercent à la chasteté, qui montrent aux amants hérétiques la beauté de l’épouse sous un jour assez sombre et renfrogné, puisqu’elle n’a rien de mangeable à leur goût. Car la peau de grenade écœure ceux qui en goûtent l’extérieur, parce que son goût lui donne une propriété répulsive ; pourtant elle cache en lieu sûr le fruit qu’elle renferme. Par ailleurs le fruit de la grenade est populeux et comparable à une fête où la foule est liée par l’amour : non seulement il est protégé par l’écorce extérieure comme par un rempart puissant, mais en outre il est partagé par de fines membranes en différents ensembles, figurant la répartition en rangs de la hiérarchie ecclésiastique.

    La symbolique déjà traditionnelle de la grenade, que l’on retrouve jusque dans l’iconographie moderne, se voit ainsi développée avec une richesse et une poésie que la traduction sait heureusement refléter.

    Dans un autre passage, Nil décrit ainsi l’élévation alternée des deux amants le long du tronc du palmier (§ 122, p. 151-153) :

    Ta grandeur est semblable au palmier (Ct 7, 8), pour signifier l’élévation de ses vertus, qui s’appuient peu sur les réalités corporelles. Car de même que le palmier, avec peu de racines qui ne sont pas profondément enfouies en terre, s’est dressé haut, sublime, de même celle qui effleure de l’extrémité de ses pensées les réalités corporelles, à cause de la nécessité du corps, touche les réalités célestes elles-mêmes, ayant fait pousser son stipe de vertu jusqu’à une hauteur difficile à voir d’un coup. Or pareille élévation de la taille d’une femme relève davantage du prodige que de la convenance, quoique l’analogie avec la nature fournisse un parallèle convenable. Nécessairement aussi les seins d’une telle femme sont comparés aux grappes, puisqu’ils sont liés ensemble par l’amour de Dieu ; il en va en effet de la grappe du palmier comme de ceux qui sont liés ensemble par l’amour. Car ceux-ci, physiquement séparés, sont serrés par leur disposition à l’unanimité, comme ceux dont il a été dit : La masse des croyants avait un seul cœur et une seule âme (Ac 4,32).

    Une fois de plus, la charge érotique est assumée au service d’une vision qui est à la fois spirituelle et ecclésiale… L’histoire n’est pas finie, puisque M.-G. Guérard travaille aussi à l’édition de l’Épitomé de Procope de Gaza sur le Cantique.

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