• SC 605

    Hilaire de Poitiers

    Commentaires sur les Psaumes, tome IV
    (Psaumes 67-69 et 91)

    décembre 2020

    Texte critique du CCL 61 par J. Doignon. — Traduction, notes et index par Patrick Descourtieux.

    Révision assurée par Blandine Sauvlet.
    ISBN : 9782204133555
    384 pages
    Les psaumes ouvrant leur sens avec une clé: le Christ

    Présentation

    Les Commentaires sur les Psaumes 67-69 et 91 d’Hilaire de Poitiers poursuivent l’itinéraire proposé dans la deuxième cinquantaine du Psautier : il ne s’agit plus de conversion, comme dans la première cinquantaine, et il ne s’agit pas encore d’envisager le royaume du Père dans la gloire, comme dans la troisième, mais d’acquérir les vertus et de considérer avec un esprit purifié le royaume du Fils.

    Les quatre psaumes ici commentés sont tous placés sous le signe de la résurrection. Le Psaume 67, surnommé le « Titan des Psaumes » en raison de sa difficulté, retrace l’histoire juive annonçant celle de l’Église, devenue comme immortelle par la résurrection du Christ. Dans le Psaume 68, Hilaire entend la voix du Christ lors de sa Passion, exprimant sa pleine humanité – le théologien défend ici en même temps la divinité du Christ face à Arius – et anticipant sa victoire finale. Le Psaume 69 fait quant à lui mémoire du passé (la Passion) comme de l’avenir (la résurrection). Enfin, dans le titre du Psaume 91, le « sabbat » est vu comme une allégorie : alors que l’action divine est incessante, le « repos » de Dieu, c’est le Christ – et un sabbat éternel auquel l’homme se prépare sa vie durant.

    Échos de la prédication de l’évêque de Poitiers sur ce livre central pour le christianisme, ces traités partagent aussi, à l’évidence, sa profonde expérience personnelle. Ils sont pour la première fois intégralement traduits en français.

    Mgr Patrick Descourtieux travaille au service du Saint-Siège (Congrégation pour la Doctrine de la Foi) et enseigne à l’Institutum Patristicum Augustinianum (Rome). Il a publié dans Sources Chrétiennes les Stromates III (SC 608), VI (SC 446) et le Quis dives salvetur (SC 537) de Clément d’Alexandrie ainsi que les tomes I (SC 515), II (SC 565) et III (SC 603) des Commentaires sur les Psaumes d’Hilaire de Poitiers.

    Le mot du directeur de Collection

    Après les tomes I-III (SC 515, 565, 603), ce tome IV offre les Commentaires sur les Psaumes 67-69 et 91, composés par Hilaire vers 360 et achevés après 364. Cette séquence marque une nouvelle étape sur le chemin tracé « à l’intérieur de la deuxième cinquantaine du Psautier » selon « l’interprétation qu’en donne Hilaire : il ne s’agit plus de mener à la conversion, comme dans la première cinquantaine ; il ne s’agit pas encore de contempler le royaume du Père dans la gloire, comme dans la troisième cinquantaine. Il s’agit de prendre sa place dans le Royaume du Fils ressuscité » (p. 7-8).
    Ce qui réunit en partie les quatre Psaumes de ce volume – deux « psaumes » proprement dits (68 et 69) et deux « psaumes chantés » (67 et 91) –, c’est qu’ils sont lus à la lumière de la résurrection. Le Psaume 67, qui a été surnommé le « Titan des Psaumes » moins pour sa longueur (36 versets) que pour sa complexité, fait l’objet de la part d’Hilaire à la fois d’une minutie d’orfèvre et d’une capacité à évoquer des scènes grandioses, comme « le char de Dieu dix mille fois démultiplié et les milliers d’êtres dans la joie » (Ps 67, 18, p. 87). Toute l’histoire juive, depuis la sortie d’Égypte jusqu’à Isaïe, préfigure pour l’exégète la destinée de l’Église, promise à l’immortalité grâce à la résurrection du Christ. De ce fait, l’exégète ose même l’affirmer, le psaume 67 « est, dans son ensemble, une somme des mystères de la Loi et des Évangiles, plein d’une interprétation profonde de paroles allégoriques qui concernent le passé et l’avenir » (p. 45).
    Quant au Psaume 68, il fait pour Hilaire entendre la voix du Christ lui-même souffrant sa Passion et attestant sa pleine humanité : « L’ensemble des paroles et des actes, écrit-il (p. 149), doit lui être rapporté. Ainsi, s’étant entièrement acquitté du lot de toutes les souffrances humaines, ses paroles traduisent les faiblesses qui nous sont propres et qu’il a prises sur lui. Certes, il subit la douleur, alors que, par lui-même, il se trouve en dehors d’un état où il devrait nécessairement éprouver la crainte et la douleur, mais, s’adaptant (adcommodans) pourtant à ce qu’il a pris, en homme né avec notre chair, il parle en faisant entendre les plaintes propres à nos douleurs et la supplication propre à notre faiblesse. C’est pourquoi il commence ainsi : Sauve-moi, ô Dieu… » Adaptation ou « accommodation », l’Incarnation – qui est aussi, pour ainsi dire, « incantation » dans le chant des fidèles – est formulée en termes soignés, permettant au théologien de défendre ici la divinité du Christ face à Arius. « La faiblesse assumée, poursuit-il (p. 151), l’a donc obligé à supplier pour obtenir le salut, tandis que la conscience de sa divinité lui a fait garder l’espérance d’un salut à espérer dans la mort. »
    Pour le Psaume 69, le commentateur applique le principe suivant, fondé sur l’Incarnation du Verbe : « La parole divine doit être évaluée d’après notre vocabulaire et notre façon de parler » (p. 235). Dans ce psaume en mémoire, pour Hilaire « il s’agit de faire mémoire du châtiment des impies et de la récompense des saints » (p. 233) : lui aussi « commenté à partir de la personne du Seigneur », il offre une mémoire du passé – la détresse de la Passion – et une « mémoire de l’avenir », celui de la résurrection espérée.
    Enfin le commentaire sur le Psaume 91, découvert seulement au XVIIe siècle, ne s’attache qu’au titre (« Psaume chanté le jour du sabbat »). Le tractatus pourrait être intitulé Du sabbat, car c’est bien le sabbat qu’interroge ici Hilaire : comment parler du « repos » de Dieu, si celui-ci est sans cesse actif ? Sa réponse est christologique : « L’œuvre de Dieu, c’est l’œuvre du Christ, mais Dieu le Christ est aussi le repos de Dieu » (p. 274). Et si le Christ est le modèle du repos des justes, et leur repos même, toute la vie n’est autre qu’une préparation à ce sabbat sans fin.

     

    Guillaume Bady

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