• SC 600

    Cyrille d'Alexandrie

    Commentaire sur Jean, tome I. Livre I

    décembre 2018

    Texte grec, introduction, traduction, notes et index de Bernard Meunier.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Catherine Syre.
    ISBN : 9782204131568
    634 pages

    L'Évangile du Dieu fait chair : dans les années 420, un commentaire-réquisitoire contre les ariens.

    Présentation

    Cyrille d’Alexandrie nous a légué l’un des plus gros et des plus riches commentaires sur l’Évangile de Jean que l’Antiquité chrétienne ait produits. Il commente, verset par verset, l’intégralité du quatrième évangile, avec une attention permanente à ses dimensions trinitaire, christologique et sotériologique. On voit s’y déployer ses grandes intuitions : tout ce que fait Jésus, c’est le Verbe qui le fait ; en lui c’est Dieu qui naît, Dieu qui souffre, Dieu qui sauve. Peu de théologiens ont autant que lui le sentiment de la présence de Dieu au monde, un Dieu tout puissant qui accepte en Jésus de recevoir ce qu’il a toujours possédé : l’adoption filiale, l’Esprit, la Vie même.

    Le livre I (sur douze) publié dans ce premier volume commente les versets 1 à 29 du premier chapitre. Tout en cherchant à montrer constamment contre les ariens que Jean atteste la divinité du Verbe, Cyrille dépasse une visée purement polémique pour montrer la richesse du texte johannique et sa singularité d’évangile du Verbe.

    Écouter une conférence de présentation par Bernard Meunier

    Bernard Meunier, chercheur au CNRS, a consacré sa thèse à Cyrille (Le Christ de Cyrille d’Alexandrie, Beauchesne 1997) et a participé à la traduction des Lettres festales du même Cyrille dans la collection (SC 372 et 434).

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Avec le volume 600 de la collection, nous entrons dans le grand commentaire en 12 livres de Cyrille d’Alexandrie sur l’Évangile de Jean. Ce volume propose l’introduction générale à l’œuvre et la traduction du livre I, qui commente en gros le chapitre 1 de Jean. C’est le deuxième commentaire patristique de Jean publié dans la collection, après celui d’Origène (5 volumes). Comme ce dernier, c’est une lecture de Jean théologiquement orientée : contre les gnostiques pour Origène, contre les ariens pour Cyrille. De l’aveu même de son auteur, c’est un commentaire essentiellement « dogmatique ».
    Les titres donnés au Christ dans le prologue (Verbe, lumière, vie) donnent l’occasion à Cyrille de montrer, non sans répétitions, la divinité du Christ et sa consubstantialité avec le Père. Chaque verset ou presque donne lieu à des enchaînements de syllogismes, pour montrer au lecteur à quel point Jean répondait d’avance à l’hérésie arienne en écrivant le début de son évangile. La théologie nicéenne semble déduite directement de ce texte !
    On peut s’interroger aujourd’hui sur une lecture un peu trop utilitaire de l’évangile, dans lequel on veut trouver des réponses à des questions qu’il ne se posait pas forcément. Elle relève de la conviction, chez Cyrille, que la révélation nous est destinée autant qu’aux contemporains des évangélistes, c’est-à-dire que la confrontation au texte inspiré produit son fruit quels que soient l’époque, le contexte et la culture qui l’interrogent.
    Que signifient tous les imparfaits qui s’accumulent dans les premiers versets de Jean, et pourquoi passe-t-il ensuite à des passés simples tout en revenant régulièrement à l’imparfait ? Pourquoi le témoignage de Jean Baptiste est-il évoqué avec tant d’insistance dans le Prologue ? Qu’est-ce que la lumière véritable ? Dire que le Verbe devint chair, est-ce dire qu’il s’est transformé en chair ? Ou qu’il a pris une chair seule, un corps sans âme directement mû par lui, en qui la divinité se substituait à l’intelligence et à la conscience humaines ? Et qui sont ceux qui ne l’ont pas reçu ? Les questions posées par ce texte dense sont nombreuses, et Cyrille ne les élude pas, procédant lentement, verset par verset (près de 200 pages rien que pour le Prologue), multipliant les rapprochements avec d’autres textes, johanniques ou non, pour éclairer chaque mot.
    Cyrille, comme d’autres Pères, constate que Jean écrit un évangile plus spirituel que les autres ; par exemple, quand Matthieu et Luc commencent leur évangile avec la généalogie humaine de Jésus, Jean accroche le sien directement à la naissance divine du Verbe sorti du Père. Mais Cyrille remarque aussi que Jean a « une mémoire précise et fine », qu’il est le seul à donner certains détails : des précisions de jour ou d’heure, le nom du lieu où Jean baptisait dans le Jourdain… Son évangile est à la fois une contemplation du Verbe divin et une évocation fidèle du Galiléen. Il en est doublement précieux.
    Lisant en Jean 1, 9 que le Verbe éclaire tout homme venant dans le monde, et rattachant venant dans le monde à « tout homme » et non au Verbe, Cyrille évoque longuement la question de la préexistence des âmes que le verset, compris ainsi, pourrait suggérer. On a, en quelques pages, une vigoureuse réfutation du platonisme, de la métempsychose, du mépris du corps : ce corps nous constitue comme personne, l’âme en est inséparable et l’union de celle-ci au corps représente la vie et non un châtiment ; sans quoi, quand Dieu promet à Abraham ou à d’autres une longue postérité, il ne ferait qu’annoncer une suite de malheurs puisque toute naissance signifierait la chute d’une âme dans la matière ! Et la résurrection des corps ne serait qu’une mauvaise nouvelle, le retour en prison d’une âme à peine libérée… Les promesses et bénédictions divines seraient-elles des menaces ?
    La longueur de ce Commentaire – 2000 pages – explique sans doute qu’il ait été peu recopié. Mais la richesse théologique qui le caractérise explique pourquoi il a joué un rôle important dans la réflexion trinitaire chez les catholiques et les orthodoxes. Dans les débats sur le filioque qui les ont interminablement opposés à partir du IXe siècle, le Commentaire de Cyrille est fréquemment cité. L’un au moins des manuscrits qui le contiennent est lié au concile de Florence de 1439, le dernier concile où des théologiens grecs et latins réunis en sessions ont tenté de rétablir la communion. L’étude attentive de l’œuvre de Cyrille a failli leur permettre de réussir. Et pourquoi pas nous ?

    (B. Meunier, 2019)

    Bernard Meunier

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