• SC 578

    Denys l'Aréopagite (Pseudo-)

    Les Noms divins. Chapitres I-IV

    juin 2016

    Texte grec de B.R. Suchla (PTS 33) ; traduction et notes de Ysabel de Andia.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre et de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Jean Reynard.
    ISBN : 9782204104654
    546 pages
    Un dépassement infini de l'esprit : la théologie mystique par excellence

    Présentation

    Datés du début du VIe siècle, ces deux traités témoignent de la forte influence de la tradition néoplatonicienne sur l’auteur, qui dissimule sa véritable identité sous le nom du disciple converti par Paul à Athènes. Le premier – le plus long écrit par l’auteur – examine les noms divins structurés par le mouvement de la procession, de la conversion et de la permanence. On ne peut nommer Dieu que par ses processions, car en tant qu’il est non-être et au-delà de l’être, il reste caché et au-delà de tout nom. L’auteur passe en revue les différents noms de Dieu : le bien, la lumière, le beau, l’amour, etc. Ces titres, qui jouent un rôle central dans le platonisme tardif, sont ici profondément christianisés.

    Le deuxième traité, la Théologie mystique, très bref, montre que l’union mystique, illustrée par l’entrée de Moïse dans la Ténèbre (Exode 19), transcende toute expression et activité des sens et de l’intellect, si bien que connaissance et ignorance de Dieu sont tenues pour identiques. La montée de Moïse sur le Sinaï représente l’ignorance de Dieu, mais sa redescente fonde la validité de la théologie positive. L’œuvre témoigne d’une tentative très élaborée de synthèse entre hellénisme et christianisme.

    Ysabel De Andia, directrice de recherches honoraire au CNRS, spécialiste d’Irénée et du Pseudo-Denys, a publié plusieurs ouvrages sur ce dernier auteur, dont les actes d’un colloque international qu’elle a organisé en 1994.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    On est toujours impressionné par la haute tenue, l’immense postérité et la redoutable difficulté de l’œuvre du Pseudo-Denys l’Aréopagite. Après avoir il y a fort longtemps (1958) publié la Hiérarchie céleste, la Collection s’enrichit d’un second volume dionysien, qui comprend le grand traité des Noms divins, et celui, très court mais ô combien important, de la Théologie mystique. L’auteur mystérieux des alentours de l’an 500 qui a emprunté l’identité du disciple athénien converti par Paul à l’Aréopage (Actes17, 34) est un néoplatonicien, disciple de Proclus, qui pense la foi chrétienne à partir des catégories du néoplatonisme tardif.

    Son traité des Noms divins est une approche de l’unité divine à partir de la multiplicité des noms ou attributs divins que sont Bien, Être, Vie, Sagesse, Puissance, qui sont autant de processions par quoi Dieu se révèle et peut être loué. L’approche est typiquement néoplatonicienne, appelant à un dépassement perpétuel (dépassement du sensible dans l’intellect, dépassement de l’intellect dans l’union au-delà de la connaissance) et introduisant le lecteur dans un cercle qui unit procession et conversion, Un et multiple, toujours pour revenir à l’Un, dont la transcendance est préservée au-delà de toute idée de participation. Le philosophe chrétien offre ainsi une nouvelle intelligence de la foi à partir d’une des écoles philosophiques les plus exigeantes et les plus achevées de l’Antiquité. Loin de n’être qu’une philosophie païenne mal convertie comme on l’a parfois dit, cette pensée fait l’effort de prendre au sérieux la philosophie, sans s’y enfermer comme si Dieu était le terme d’une remontée vers l’intelligible, en reconnaissant qu’il n’est pas accessible à l’intelligence. Celui qui donne un nom à Dieu n’a aucune prise sur lui comme dans la théurgie païenne, il sait que tout nom et toute connaissance prétendue risque d’être une idole. Dieu est l’inconnaissable, l’ineffable. Le croyant ne le possède pas, même intellectuellement, et ne peut que s’unir à lui comme à un inconnu, dans la ténèbre. Cette appréhension de Dieu comme l’Un au-delà de tout mot et de toute représentation humaine – fût-ce les mots et les images proposés par l’Écriture – ne peut que déboucher sur une théologie négative, puisque tout ce qu’on affirme de Dieu met en lui de la diversité, donc du multiple. La Théologie mystique qui suit les Noms divins est précisément l’un des manifestes les plus célèbres de la théologie négative qui a si profondément marqué l’histoire de la théologie chrétienne. Dans ces deux volumes les textes sont richement annotés, et précédés d’une abondante introduction qui montre en particulier l’immense postérité de l’œuvre jusqu’à l’époque moderne. Tous les mystiques chrétiens, y compris les modernes, de Jean de la Croix à Édith Stein, se sont expliqués avec lui – sans oublier auparavant les mystiques rhénans, et sans parler des philosophes qu’il a inspirés.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Datés du début du VIe siècle, les deux traités réunis dans les volumes 578 et 579, Les noms divins et La théologie mystique témoignent de la forte influence de la tradition néoplatonicienne sur l’auteur, qui dissimule sa véritable identité sous le nom du disciple converti par Paul à Athènes. Le premier traité – le plus long écrit par l’auteur – examine les noms divins structurés par le mouvement de la procession, de la conversion et de la permanence. On ne peut nommer Dieu que par ses processions, car en tant qu’il est non-être et au-delà de l’être, il reste caché et au-delà de tout nom. L’auteur passe en revue les différents noms de Dieu : le bien, la lumière, le beau, l’amour, etc. Ces titres, qui jouent un rôle central dans le platonisme tardif, sont ici profondément christianisés. Le travail éditorial d’Ysabel de Andia propose une introduction au texte, au néoplatonisme, à la théologie négative, et aux tentatives d’identification de l’auteur. La traductrice suit l’hypothèse de Beate Suchla, dont elle traduit le texte grec critique édité en 2011, selon laquelle le pseudo-Denys était un moine d’origine syrienne, de tendance monophysite.

    Le traité des Noms divins, œuvre à la postérité immense et d’une difficulté redoutable, est une approche de l’unité divine à partir de la multiplicité des noms ou attributs divins que sont Bien, Être, Vie, Sagesse, Puissance, qui sont autant de processions par quoi Dieu se révèle et peut être loué. L’approche est typiquement néoplatonicienne, appelant à un dépassement perpétuel – dépassement du sensible dans l’intellect, dépassement de l’intellect dans l’union au-delà de la connaissance – et introduisant le lecteur dans un cercle qui unit procession et conversion, Un et multiple, toujours pour revenir à l’Un, dont la transcendance est préservée au-delà de toute idée de participation. Le philosophe chrétien offre ainsi une nouvelle intelligence de la foi à partir d’une des écoles philosophiques les plus exigeantes et les plus achevées de l’Antiquité. Loin de n’être qu’une philosophie païenne mal convertie, comme on l’a parfois dit, cette pensée fait l’effort de prendre au sérieux la philosophie, sans s’y enfermer comme si Dieu était le terme d’une remontée vers l’intelligible, en reconnaissant qu’il n’est pas accessible à l’intelligence. Celui qui donne un nom à Dieu n’a aucune prise sur lui comme dans la théurgie païenne, il sait que tout nom et toute connaissance prétendue risque d’être une idole. Dieu est l’inconnaissable, l’ineffable. Le croyant ne le possède pas, même intellectuellement, et ne peut que s’unir à lui comme à un inconnu, dans la ténèbre. Cette appréhension de Dieu comme l’Un au-delà de tout mot et de toute représentation humaine – fût-ce les mots et les images proposés par l’Écriture – ne peut que déboucher sur une théologie négative, puisque tout ce qu’on affirme de Dieu met en lui de la diversité, donc du multiple.

    Chapitres I-IV

    Le volume 578 contient les chapitres I à IV, exposant le but du traité (chapitre I), ce que sont l’union et la distinction en Dieu (chapitre II), la puissance de la prière (chapitre III), le bien et le mal (chapitre IV).

    Extrait(s)

    (II, 1, p. 359-361)

    C’est en définissant et manifestant ce que peut bien être l’Existence théarchique entière que la Bonté par excellence a été célébrée par les Oracles. Et que peut-on, en effet, apprendre d’autre de la sainte théologie quand elle dit que la Théarchie déclare en se désignant elle-même : Pourquoi m’interroges-tu sur le Bon ? Personne n’est bon si ce n’est Dieu seul a. Tout ceci a été, par nous, étudié ailleurs et démontré, à savoir que toutes ces dénominations qui conviennent à Dieu sont toujours célébrées par les Oracles non de façon partielle, mais (célèbrent) la Déité tout entière et parfaite, intégrale et plénière, et que toutes ces (dénominations) sont attribuées  à toute l’intégralité de la Déité entière et complète, sans partage et absolument, sans réserve et entièrement. Et de fait, comme nous l’avons rappelé dans les Esquisses théologiques, si quelqu’un venait à dire que cette parole (du Christ) n’est pas dite de la Déité tout entière, il blasphème et il a l’audace de déchirer, contre toute règle, l’Hénade superunifiée.

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