• SC 571

    Adam de Perseigne

    Lettres, tome II
    Lettres 16-32

    mars 2015

    Texte latin et traduction par Jean Bouvet (†) et Placide Deseille ; notes par Placide Deseille.

    Révision assurée par Isabelle Brunetière.
    ISBN : 9782204104609
    317 pages
    Le conseil spirituel en ligne ? L'abbé de Perseigne, près du Mans, l'assure déjà au tournant des 12e et 13e siècles.

    Présentation

    Les tomes II et III achèvent la publication des Lettres d’Adam de Perseigne (1145 - †1221) commencée en 1960. L’auteur est abbé cistercien, conseiller spirituel de la Maison de Champagne, et grand lecteur de saint Bernard. Sa correspondance nous fait plonger au cœur d’une époque : le Moyen Age occidental à la charnière du XIIe et du XIIIe siècle, et à l’intersection de plusieurs milieux : la Cour, le clergé séculier, les communautés monastiques, en particulier le milieu cistercien.

    Adam s’y révèle un acteur de premier plan, intervenant dans les affaires de son temps, attentif à réformer l’Église en matière de mœurs ou de gestion des charges et biens ecclésiastiques, soucieux d’apaiser les dissensions survenues lors d’une succession épiscopale, ou encore des violences exercées entre monastères rivaux.

    Son réalisme dans l’évocation des malheurs du temps – « Notre époque est bien à plaindre ! », écrit-il – est éclairé par une ardente spiritualité, tournée vers la contemplation, union de l’âme et du Christ, et par l’importance qu’y tiennent l’amitié et les relations humaines ; car Adam est aussi un guide spirituel, tour à tour exigeant et bienveillant.

    Enfin, certaines lettres constituent de véritables petits traités, ayant pour thème les féries, la pénitence et la confession, le silence, ou encore le commentaire détaillé des grandes antiennes du temps de l’Avent.

    Le P. Placide Deseille, moine orthodoxe, est le fondateur et l’higoumène du monastère Saint-Antoine le Grand dans la Drôme. Ancien professeur à l’Institut Saint-Serge, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le monachisme orthodoxe et a traduit 2 volumes de Sermons de Guerric d’Igny dans la Collection.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Voici enfin complétée, avec ces deux volumes, la série de la correspondance d’Adam, abbé de Perseigne près du Mans, à la fin du XIIe – début du XIIIe siècle. Le premier tome était paru en 1960, et le P. Deseille, qui y avait déjà collaboré, a fidèlement repris seul l’ouvrage pour l’achever, 55 ans après : qu’il en soit remercié !

    Chanoine, puis bénédictin, Adam finit son itinéraire chez les cisterciens, bien représentatif en cela d’une évolution spirituelle qui mène les chrétiens exigeants vers cet ordre encore nouveau, dont la force d’attraction, pendant tout le XIIe siècle, est impressionnante si on en juge par le nombre de fondations. Adam, c’est le conseil spirituel en ligne ! Il est souvent consulté par des gens très divers, religieux, laïcs, parfois proches des milieux du pouvoir. Il leur parle avec une grande liberté. On songe aux Pères du désert, à la correspondance de Barsanuphe et Jean de Gaza… La paternité spirituelle est un véritable trait d’union entre les traditions d’Orient et d’Occident.

    On est frappé par la franchise d’Adam dans les rapports humains. Il peut dire à une femme (lettre 29, § 329) : « Très chère Dame, après vous avoir quittée – je veux dire de corps, car mon cœur n’a pu s’éloigner de vous –, je me suis souvent rappelé votre gracieuse bienveillance… Mon âme repasse les douces paroles d’une amitié toute neuve… » Il reproche à son évêque (du Mans), qui est un vieil ami, de faire des sermons trop longs qui lassent le peuple (lettre 51) ! À un abbé de cour qui lui demande des conseils pour la controverse avec les juifs, il répond qu’il ne lui en donnera pas, car il devine que sa demande est motivée par le plaisir de disputer et de briller dans l’argumentation : « La vérité est splendeur de la sagesse céleste, et seuls y parviennent ceux qui ont l’esprit de pauvreté. Qu’y a-t-il donc de commun entre vous et elle ? Vous êtes plongé dans un océan de vanité… et vous osez rêver tout haut sur les splendeurs de la vérité ! » (lettre 27, § 307-308). À un seigneur : « Vous, vous servez le siècle… et moi, je sers le Christ. Je m’exprime en toute sincérité, car j’ai lieu de penser que vous aimez le siècle, quand je vous vois vous mêler aux affaires séculières et vous enfiévrer pour les intérêts de ce monde ; là où est le trésor de l’homme, là aussi son cœur, n’est-ce pas ? » (lettre 25, § 287-288). Ailleurs, il lui arrive de dissuader des gens de partir en croisade (entreprise dont il a constaté les ambiguïtés), surtout s’il s’agit de curés de paroisse qui négligent du coup leurs devoirs pastoraux (lettre 53).

    Un de ses soucis constants est l’indignité de nombreux clercs (on relevait déjà le même souci chez le pape Grégoire le Grand, vers 600). Ceux-ci se font attribuer des paroisses uniquement pour en toucher les revenus, mais n’ont aucun souci pastoral et mènent une vie indigne. Il les dénonce souvent dans ses lettres : anges de Satan déguisés en anges de lumière… (lettre 61, § 626, ou lettre 49 à Innocent III avant l’ouverture du 4e concile du Latran en 1215). « Ils se soucient plus de leurs chiens que des pauvres… Si c’est à leur avantage, ils se proclament serviteurs de la croix du Christ, mais ils refusent de suivre la bienheureuse ignominie de la croix. Ils servent la croix de manière à ne pas la sentir… » (lettre 27, § 316).

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Epistulae 16-32

    À un moine cistercien, sur les féries de nouvelle création de l’âme et le sabbat de la contemplation (lettre 16) ; à un moine de Pontigny, court traité sur la formation des novices et leur instruction (lettre 17) ; à ses frères, sur la vertu d’humilité ; suivre l’exemple du Christ, le Maître (lettre 18) ; lettre à un ami pour consolider sa foi et l’édifier ; il faut fuir l’amour du monde, et l’âme, éclairée par la vertu, doit désirer les biens éternels ; en aimant Dieu, la créature se rend semblable à son créateur (lettre 19) ; à Étienne le chartreux, prieur de Portes, sur l’amitié ; méditation sur la Nativité et la Passion (lettre 20) ; lettre de consolation à Simon d’Évreux, atteint de cécité, sur le Christ et la Vierge, dont la miséricorde s’adresse à tous (lettre 21) ; à la vierge Agnès, méditation sur le Cantique des cantiques en lien avec la Transfiguration en vue de l’édification des vierges (lettre 22) ; à Agnès, Adam adresse des témoignages d’amitié dans l’attente de pouvoir visiter sa communauté (lettre 23) ; à André de Vitré, qui lui a réclamé une règle de vie : il faut se faire « le fidèle disciple du Verbe », fuir les vices et supporter les tribulations (lettre 24) ; à un ami laïc trop attaché aux intérets du siècle, Adam recommande le mépris du monde et l’étude de « la véritable philosophie » à l’école du Christ (lettre 25) ; à Philippe de Balon, Adam rappelle que la science juridique n’est pas toujours source de justice et d’équité (lettre 26) ; à un ami prêtre à la cour qui l’interroge sur l’incrédulité des juifs, il recommande de s’employer plutôt à réformer sa vie (lettre 27) ; à l’archidiacre de Bellême, sur ce qu’il faut penser du silence et de ses avantages (lettre 28) ; à la comtesse de Chartres, il recommande « une sainte médiocrité » (lettre 29) ; à Blanche, comtesse de Champagne, lettre accompagnant l’envoi de ses sermons en latin, dans laquelle il lui recommande de s’attacher à la rectitude de la foi (lettre 30) ; à Guillaume du Perche, conseils à un jeune homme sur les sept degrés de la « philosophie du Verbe incarné » (lettre 31) ; à Robert, abbé de la Vernusse, il adresse, à sa demande, un court traité sur la pénitence (lettre 32).

    Extrait(s)

    Lettre 31, à un jeune noble, § 350 (SC 571, p. 259)

    « Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur. …. La crainte, en frappant amicalement, corrige l’esprit, l’empêchant de s’enorgueillir de la noblesse de sa race ou de son savoir, d’abuser de la beauté ou de la santé en se conduisant mal et de se laisser aller à l’arrogance en raison du succès ou de la richesse. Partout, c’est un bon maître que la crainte ; sans cesse, elle incite l’esprit à l’étude de la sagesse et l’empêche d’interrompre les occupations sérieuses pour s’amuser à un vain repos. Enfin, elle enseigne : dans les banquets la modération, dans le lit la pudeur, dans les conversations la mesure, dans les actions la justice, dans les mœurs l’innocence, dans la complaisance la mesure, en tout la discipline. Mon fils, si vous ne refusez pas votre main d’adolescent à la férule de ce maître, il vous rendra docile à Dieu et, par là même, instruit de l’immortelle sagesse. »

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