• SC 57.1

    Théodoret de Cyr

    Thérapeutique des maladies helléniques, tome I
    Livres I-VI

    septembre 1957

    Texte critique, introduction, traduction et notes par Pierre Canivet.

    Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique.
    Réimpression de la première édition revue et corrigée (2000)
    ISBN : 9782204065344
    475 pages
    La véritable culture grecque, c'est le christianisme, selon l'apologète du 5e siècle.

    Présentation

    Au début du Ve siècle, même si les chrétiens sont encore inquiétés ici ou là, le temps est désormais révolu où les apologistes devaient revendiquer pour l'Église le droit à l'existence. En dépit de la tentative de l'empereur Julien (361-363) de restaurer le paganisme, l'empire, avec Théodose, est officiellement devenu chrétien. L'entreprise apologétique de Théodoret, à première vue surprenante, n'est pas pour autant anachronique : s'il ne s'agit plus de réfuter les accusations infamantes autrefois portées contre les chrétiens ni d'inviter les empereurs à la tolérance, il faut vaincre encore le mépris qu'affectent nombre de païens cultivés, pour les origines récentes et modestes du christianisme, pour l'inculture des apôtres, pour le style pauvre et barbare des Écritures. L'apologie en douze livres que conçoit Théodoret ne sera donc pas une œuvre de combat où il faut écraser l'adversaire : elle se veut, comme l'indique son titre, un moyen de guérir les païens de leurs erreurs, de leur scepticisme condescendant qui risquait fort de séduire aussi certains chrétiens.

    En se plaçant sur le terrain de la « culture » (paidéia), et sans refuser ce que les plus grands poètes et philosophes grecs ont entrevu de la nature du monde, de l'homme et de Dieu, Théodoret entend montrer que la religion chrétienne est seule à donner accès, par la foi, à une véritable paidéia. Loin de condamner la culture grecque, comme l'avaient fait souvent les apologistes antérieurs, il veut entreprendre sa « conversion ». C'est ce qui fait l'intérêt et l'originalité de cette apologie.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    La Thérapeutique des maladies helléniques de Théodoret de Cyr se situe, par les sujets traités –  Dieu, la matière et le monde, l'âme – et par les procédés apologétiques utilisés – critique de l'incohérence des systèmes philosophiques grecs, affirmation de la nécessité de la Révélation et de la foi –, dans le prolongement des premières apologies du christianisme. Mais, au Ve siècle, en un temps où l'Église n'est plus menacée dans son existence et jouit au contraire de la faveur du pouvoir, ni le ton du discours ni la méthode apologétique ne peuvent plus être les mêmes. Aux païens, malades de leurs erreurs, Théodoret s'adresse en ami, comme le ferait un médecin. Il ne condamne pas une culture, dont il est lui-même nourri, d'autant que les poètes et philosophes grecs ont parfois entrevu sur la nature du monde, de l'homme et de Dieu, des vérités que la foi chrétienne fait apparaître en pleine lumière. C'est à la « conversion » de leur culture qu'il invite ces païens volontiers méprisants à l'égard des chrétiens et de la Bible.

    Cette édition est due à Pierre Canivet, qui a consacré à la Thérapeutique sa thèse de Doctorat. Du même auteur, il a ensuite édité dans « Sources Chrétiennes », l'Histoire des moines de Syrie (SC 234 et 257) et prépare l'édition de l'Histoire ecclésiastique.

    Jean-Noël Guinot

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    La Thérapeutique est probablement une œuvre de jeunesse, écrite peut-être dès 423, avant même que Théodoret devienne évêque. L’évolution du vocabulaire christologique de Théodoret suggère que l’œuvre date d’avant le concile d’éphèse (431). Elle s’inscrit dans la tradition apologétique où les auteurs chrétiens cultivés s’adressent aux païens pour leur prouver la vérité du christianisme et dénoncer la fausseté de leurs mythes. Théodoret avoue notamment sa dette envers une œuvre similaire d’Eusèbe de Césarée, la Préparation évangélique, et il est proche aussi du Protreptique ou des Stromates de Clément d’Alexandrie. L’œuvre de Théodoret est divisée en 12 dialexeis (plutôt dissertations qu’entretiens, car il n’y a pas de dialogue, même fictif, entre des personnages), allant de la théologie à l’éthique en passant par la physique, la religion et l’exégèse biblique. Comme Clément et Eusèbe, il cite de très nombreux extraits d’auteurs païens, tirés parfois d’œuvres perdues.

    La Thérapeutique nous est transmise par 27 manuscrits, dont un du Xe siècle et plusieurs du XIe.

     

    Le tome 1 contient les livres I à VI de la Thérapeutique.

    Livre I : sur la foi. L’âme a ses maladies, l’incrédulité en est une. Les écritures méritent l’intérêt et non le mépris des lettrés. Nature et effets de la foi. La révélation biblique supérieure à la philosophie.

    Livre II : le premier principe. Erreurs des philosophes là-dessus : Moïse est plus sûr qu’eux. La Trinité annoncée prudemment par la Bible et entrevue par les philosophes. On peut penser un être sans cause et un Logos coéternel, plus vrai qu’une matière coéternelle ! Seule la foi et l’écriture donnent accès à Dieu.

    Livre III : anges, prétendus dieux et mauvais démons. Le polythéisme causé par une mauvaise compréhension des créatures immatérielles. Les démons, révérés à cause de leurs pouvoirs magiques, sont des créatures maléfiques. Enseignement de l’écriture sur les anges et les démons. Liberté et responsabilité des créatures, démons et humains.

    Livre IV : la matière et le cosmos. Théories païennes sur le monde et son éternité. Théories platoniciennes acceptables sur la création et le Logos démiurge, mais qui font erreur sur la co-éternité de la matière ou l’idée qu’elle est mauvaise. L’écriture enseigne la création ex nihilo. La création révèle le créateur mais ne s’identifie pas à lui.

    Livre V : nature de l’être humain. Il est libre et guidé par Dieu. Ce qu’en disent les philosophes : âme et corps, liberté et nécessité, le problème du mal. Ce qu’en dit l’écriture : unité de l’espèce humaine, supérieure aux différences de culture, de langue, de rang social. Volonté humaine et rétribution divine.

    Livre VI : la providence. Positions diverses des philosophes, contre, ou pour, ou partagés. Platon défend la providence et la rétribution divines. Il défend aussi la bonté de Dieu. Plotin défend aussi la providence. Il parle du mal, du degré de perfection des différents êtres, et de la rétribution, ainsi que de la beauté du monde. L’incarnation et le salut, achèvement de la providence divine.

    Extrait(s)

    Se libérer du faux savoir (Thérap. I, 82-84, SC 57-1, p. 125-126)

    Le propre des personnes qui ont du jugement est de ne pas être esclaves du préjugé, de ne pas être liés aux usages ancestraux, mais de rechercher le vrai et de recueillir de tout côté l’utile. (…) C’est ainsi que Socrate persuade Alcibiade de se mettre à l’étude après avoir éliminé la prétention du savoir. Il avait en effet commencé par le convaincre de son ignorance ; puis, à cette question d’Alcibiade : « Mais ne crois-tu pas que je pourrais trouver… ? » ; il avait répliqué : « Certainement, si tu cherchais. » — Quoi ! Crois-tu que je ne chercherais pas ? », reprit Alcibiade. — « Bien sûr que si, répondit Socrate, à condition que tu n’aies pas la prétention de savoir. » L’origine de la connaissance est donc la connaissance de notre ignorance.

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