• SC 569

    Maxime le Confesseur

    Questions à Thalassios. Tome III
    (Questions 56 à 65)

    décembre 2015

    Traduction par Françoise Vinel ; notes par Jean-Claude Larchet.

    Ouvrage publié avec le concours de l'Œuvre d'Orient.
    Révision assurée par Smaranda MarculescuBernard Meunier.
    ISBN : 9782204107655
    337 pages
    Comment coller l'un des plus grands théologiens de l'Antiquité ? Vers 630, Thalassios aura essayé…

    Présentation

    Les Questions à Thalassios sont l’une des œuvres les plus importantes de Maxime le Confesseur (580-662). Elles ont sans doute été écrites entre 630 et 634, alors que Maxime, fuyant l’invasion des Perses et des Avars, séjournait en Occident, dans un monastère près de Carthage.

    À travers une lecture allégorique de quelques passages difficiles de l’Écriture, Maxime construit toute une anthropologie spirituelle, exigeante et profonde. Sa pensée, nourrie des plus grands auteurs (Origène, Grégoire de Nysse, le Pseudo-Denys), a exercé une grande influence dans l’Orient byzantin, notamment sur Jean Damascène, et aussi dans l’Occident latin, grâce à une traduction faite au IXe siècle par Jean Scot Érigène. Elle fascine aujourd’hui encore nombre de théologiens des différentes Églises.

    Avec ce troisième tome s’achève la publication de cette œuvre majeure qui occupe aussi les nos 529 et 554 de la collection.

    Jean-Claude Larchet, docteur en théologie et en philosophie, est un spécialiste reconnu de Maxime le Confesseur. Il a publié, entre autres ouvrages, aux éditions du Cerf : La Divinisation de l’homme selon Maxime le Confesseur ; Maxime le Confesseur, médiateur entre l’Orient et l’Occident ; Saint Maxime le Confesseur (580-662).

    F. Vinel a enseigné la patristique à la Faculté de Théologie catholique de Strasbourg. Elle a déjà publié les Homélies sur l’Ecclésiaste de Grégoire de Nysse dans Sources chrétiennes et l’Ecclésiaste dans la Bible d’Alexandrie.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    C’est le troisième et dernier volume de cette grande œuvre de Maxime ! En apparence, nous avons une suite d’explications allégoriques de quelques passages de l’Écriture. Mais souterrainement, si l’on peut dire, Maxime assemble peu à peu les pierres d’une construction qu’on pourrait appeler son anthropologie spirituelle, sa conception de l’homme devant Dieu, riche de la tradition des siècles antérieurs. L’allégorie sollicite les textes, mais elle permet à l’auteur d’approfondir progressivement sa réflexion, à laquelle il associe son lecteur.

    Prenons l’exemple de la Question 62 en la résumant. Il faut expliquer Zacharie 5, 1-4 : J’ai vu une faux volante… Le Seigneur dit : Je la lancerai, et elle atteindra la maison du voleur et du parjure… Qui est le voleur et parjure ? Le diable. Pourquoi ? Plusieurs réponses se succèdent. D’abord, il est voleur parce qu’il a volé le paradis à l’homme, et en abaissant celui-ci dans la souillure du péché, il a dépouillé Dieu lui-même de son bien – l’homme – pour se l’approprier ; et il est parjure parce qu’il avait promis à Adam de le rendre semblable à Dieu (Vous serez comme des dieux…), alors qu’il le fait tomber dans l’indignité. Sa maison, c’est ce monde abîmé…

    Mais le diable est aussi un voleur parce qu’il détourne vers lui l’élan humain (entendons notre puissance de désir) ; un parjure parce qu’il nous persuade de renoncer à ce que nous avions et met à la place ce qui a l’apparence du désirable mais va nous nuire ; sa maison, c’est (alors) notre disposition invétérée à aimer le péché…

    Ou encore le diable nous vole notre connaissance naturelle de Dieu et essaie de rapporter à lui notre vénération ; il mutile notre capacité contemplative en réduisant son champ au sensible, et entraîne notre activité vers ce qui n’est pas son orientation naturelle, donc ce qui n’est pas son bien. Et il prend pour maison l’ignorance de ses victimes, leur connaissance entravée par la défaillance de la raison. Le Verbe, lui, construit en nous la maison de Dieu par l’Esprit.

    Et enfin, à l’imitation du diable, est menteur aussi tout homme qui use des citations de l’Écriture sans les pratiquer, qui n’a pas mis sa disposition intime en accord avec son savoir. Et aussi celui qui n’a qu’une apparence de vie morale et cache sa véritable disposition sous les convenances : par son hypocrisie, il vole la sensibilité de ceux qui le voient, comme celui qui abuse de son savoir vole la capacité de réflexion de son auditoire… Est parjure celui qui a choisi de vivre selon Dieu mais n’est pas totalement mort à la vie présente.

    Qu’on ne s’y trompe pas : Maxime n’est pas un donneur de leçons qui se mettrait au-dessus de son lecteur. Il termine ainsi son développement :

    « Chaque jour, il me semble entendre de Dieu ces paroles : ‘menteur ! parjure !’ dans l’atelier secret de mon cœur. »

    Maxime chemine à nos côtés et réfléchit avec nous, avec tous les Thalassios qui lui posent des questions pour mieux vivre.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Les passages bibliques expliqués faisant souvent l’objet de plusieurs lectures successives, seule l’une ou l’autre peut être mentionnée, cette variété n’étant pas résumable. Question 56 : Pourquoi Israël refuse-t-il que d’autres édifient le temple du Seigneur avec lui (1 Esd 5, 63-68) ? C’est le refus des esprits du mal et de toute complaisance pour ce qui vient des démons. Qu. 57 : La supplication du juste (Jc 5, 16) agit dans la mesure où il pratique les vertus. Qu. 58 : Comment se réjouir dans l’affliction (1 P 1, 6) ? Gouvernés par la raison, nous pouvons mortifier la sensibilité pour la joie de l’âme. Qu. 59 : Quelle était la quête des prophètes inspirés (1 P 1, 10-11) ? Celle de leur puissance naturelle, guidée par la raison vertueuse pour recevoir dans leur intellect la puissance divine. Qu. 60 : Par qui le Christ peut-il être connu dès avant la fondation du monde (1 P 1, 19-20) ? Par la sainte Trinité qui a connu le mystère de l’Incarnation. Qu. 61 : Explication de 1 P 4, 17-18 sur le jugement de la maison de Dieu ; la naissance virginale du Christ a annulé la naissance liée depuis Adam au plaisir et à la mort, qui sont jugés. Qu. 62 : Explication de la vision de la faux qui vient détruire la maison du méchant en Za 5, 1-4 : c’est le Verbe venu dans la chair, unique hypostase en deux natures (les 10 et 20 coudées), venu moissonner le mal et détruire le voleur qui est le diable, avec sa maison de corruption, ou tout hypocrite. Qu. 63 : La vision du chandelier d’or en Za 4, 2-3 : c’est l’église illuminée par le Christ-Parole de Dieu, qui a laissé la sensibilité irrationnelle et vit des dons de l’Esprit ; différents sens des deux oliviers de droite et de gauche : Incarnation et Passion, foi et conscience, nations et juifs, vie présent et vie future…  Qu. 64 : Quels sont les hommes qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche (Jon 4, 11) ? Toute l’histoire de Jonas et de Ninive est, entre autres lectures possibles, celle du Verbe venant toucher la nature humaine pour qu’elle se convertisse et ne connaisse plus sa droite, la chair, ni sa gauche, l’orgueil. Le ver qui détruit la coloquinte est le Christ qui élimine l’ombre de la Loi, le sirocco est la vengeance de Dieu contre les juifs infidèles, etc. Qu. 65 : Pourquoi Dieu demande-t-il la vie des 7 fils de Saül après la mort de Saül, en 2 Rg 21 ? Saül représente le littéralisme de la Loi et son ritualisme, qu’il faut chasser d’Israël par la contemplation ; les Gabaonites sont les logoi de la nature qui mènent à la connaissance de Dieu parce que la nature ne se laisse pas enfermer dans la lettre de la Loi et ouvre à la contemplation. David est tout intellect qui voit le Christ, face de Dieu. Les 2 fils de Saül sont la matière et la forme, les 5 petits-fils sont les 5 sens déformés par les passions. Tout cela éliminé, notre intellect peut contempler le Verbe.

    Extrait(s)

    (Qu. 58, p. 49)

    Il faut que l’intellect dans cette vie présente soit affligé quant à la chair de nombreuses peines, dues aux épreuves pour la vertu, et soit sans cesse dans la joie quant à l’âme, et qu’il se réjouisse à cause de l’espérance des biens éternels, même si sa sensibilité est toute dans la peine. (…)

    Car l’affliction, c’est le mal présent : elle se forme dans l’âme chaque fois que le plaisir sensible se rend maître du discernement de la raison, et elle s’insinue dans la sensibilité chaque fois que la course de l’âme s’achève sans obstacle dans la vertu, apportant à la sensibilité autant de peine qu’elle produit du plaisir et de la joie pour l’âme conduite vers Dieu par l’illumination qui lui est connaturelle selon la vertu et la connaissance.

    Errata

    Page

    Localisation

    Texte concerné

    Correction

    Remarques

    307

    § 2, l. 7

    possèderons

    posséderons

     

    309

    l. 2

    les siècles Amen

    les siècles. Amen

     

Volumes SC connexes

  • SC 58 bis
    SC 58bis

    Denys l’Aréopagite

    La Hiérarchie céleste

    décembre 1970

    Tout ce que vous vouliez savoir sur les anges, rangés selon leur proximité avec Dieu… et avec les hommes.

  • SC 535
    SC 535

    Jean Damascène

    La Foi orthodoxe, 1

    juillet 2010

    Un accès à la « Source de la connaissance », ou la grande synthèse de la théologie patristique au 8e siècle.

  • SC 540
    SC 540

    Jean Damascène

    La Foi orthodoxe, tome I

    juin 2011

    Un accès à la « Source de la connaissance », ou la grande synthèse de la théologie patristique au 8e siècle.

  • SC 383
    SC 383

    Jean Damascène

    Écrits sur l'Islam

    octobre 1992

    Origines de l'Islam et dialogue entre un chrétien et un musulman : le point de vue d'un théologien grec, dès le 8e siècle.

  • SC 523
    SC 523

    Eusèbe de Césarée

    Questions évangéliques

    décembre 2008

    Des récits de l'enfance à la Résurrection, l'accord des évangiles vu par un exégète du 4e siècle.

Du même auteur