• SC 566

    Évagre le Scholastique

    Histoire ecclésiastique, Livres IV-VI

    juin 2014

    Texte grec de l'édition J. Bidez - L. Parmentier — Introduction par Guy Sabbah — Annotation par Laurent Angliviel de la Beaumelle et Guy Sabbah. — Traduction par A.-J. Festugière, o.p., Bernard Grillet et Guy Sabbah.

    Révision assurée par Catherine Syre.
    ISBN : 9782204102469
    424 pages
    L'empereur Justinien, la splendeur de Sainte-Sophie, les Perses, les Vandales et les Goths, les intrigues à la cour : de 518 à 590, une histoire haute en couleur.

    Présentation

    La deuxième partie (livres IV-VI) de l'Histoire ecclésiastique couvre les trois-quarts du VIe siècle, du règne de Justin Ier (518-527) à celui de Maurice qui commence en 582. Elle se rapproche progressivement d'une histoire classique, politique et militaire.

    Évagre a puisé aux meilleures sources : Procope de Césarée, les archives d'Antioche, et plus encore sa propre expérience. Il a éprouvé dans ses plus chères affections les ravages de la peste, récurrente depuis Justinien ; il a vu de ses yeux la splendeur de Sainte Sophie, dont il donne une description aussi exacte qu'éblouie ; il a lu directement, sur les présents envoyés par le Roi de Perse au sanctuaire du martyr Serge, les inscriptions exprimant la gratitude royale pour les interventions miraculeuses du saint. Son art d'écrire donne vie à de hautes figures comme l'évêque politique Grégoire d'Antioche ou l'empereur Maurice, aussi bien qu'aux héros de la foi chrétienne, moines, ascètes, thaumaturges, saints stylites tel Syméon, objet d'une vibrante admiration.

    Légitimement fier de son œuvre, Évagre est pour nous un témoin du double attachement, à la tradition classique et à la foi chrétienne, qui soude et nourrit l'élite cultivée de l'Empire d'Orient.

    A.-J. Festugière, o.p. († 1982) est l'auteur de nombreuses traductions de textes grecs patristiques et historiques.

    B. Grillet a enseigné le grec, et G. Sabbah le latin, à l'Université Lumière Lyon 2.

    L. Angliviel de la Beaumelle a enseigné l'histoire ancienne à l'Université de Picardie.

    Ensemble ils ont aussi publié l'Histoire ecclésiastique de Sozomène dans la Collection.

     

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Ce tome 2 de l'Histoire ecclésiastique d'Évagre le Scholastique (livres IV-VI) couvre la période 518-590 environ, soit presque tout le VIe siècle (après le tome 1 qui couvrait 430-518), c’est-à-dire notamment le règne de Justinien avec l’affaire de l’origénisme, des Trois Chapitres et de la réception de Chalcédoine, y compris le concile de Constantinople 2 (553). On y voit à l’œuvre Justinien, l’empereur-théologien ; on assiste à la construction de Sainte-Sophie dans sa splendeur. On voit aussi les guerres, les relations avec l’empire perse, les Goths, les Vandales, ou encore les intrigues de cour après Justinien, avec leur lot de complots, destitutions et coups d’État… Et puis, à intervalles presque réguliers, la peste, les tremblements de terre…

    On apprend grâce à Évagre que Chosroès, roi des Perses, restitua au sanctuaire du martyr saint Serge une croix d’or sertie de pierres précieuses, qui avait été emportée 50 ans plus tôt par son grand père comme butin de guerre. Il lui offre de plus une patène d’or en remerciement, avec une inscription en grec qui explique son geste : malgré la loi perse il a une épouse chrétienne, Siren, à laquelle il est très attaché ; et il a prié le saint chrétien pour que son épouse soit enceinte. Alors saint Serge lui est apparu dans une vision nocturne et lui a dit trois fois : « Siren est enceinte » (VI, 21, p. 343). La chose avérée, il a offert cette croix, en précisant – un peu lourdement – qu’elle valait 5000 statères. Tout le récit d’Évagre, relevé par un indéniable art d’écrire, fourmille d’événements, essentiels ou anecdotiques. Le lecteur ne s’ennuiera pas à plonger dans cette époque tardive souvent très méconnue.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Livre IV. Justin I prend le pouvoir à la mort d’Anastase. Sa politique prochalcédonienne. Arrestation de Sévère d’Antioche. Incendies et séismes à Antioche. Miracles opérés par des saints. Séismes et inondations. Avènement de Justinien. Guerres aux frontières : Perses, Vandales. Rôle de Bélisaire. Retour de Rome à l’empire. Succès de Justinien, christianisation des barbares (Férules, Abasges, Tanaïtes). Miracle de la croix à Apamée. Guerre perse. La peste se répand partout. Portrait de Justinien, construction de Sainte-Sophie. Figures et hauts faits d’ascètes : Barsanuphe à Gaza, Syméon à émèse, Thomas en Cœlé-Syrie. Les patriarches de l’époque. La convocation de Constantinople 2 par Justinien et ses causes : l’origénisme, la querelle des Trois Chapitres. Hérésie aphtartodocète de Justinien. Anastase d’Antioche s’oppose à lui. Mort de Justinien.

    Livre V. Avènement de Justin II. Son caractère. Son édit sur la foi. à Antioche Grégoire succède à Anastase. Guerre perse. Victoire perse et crise de folie de Justin. Tibère empereur. Les Perses repoussés. Troubles à Antioche à cause du haut fonctionnaire Anatolios, secrètement païen. Victoires militaires du général Maurice, qui accède ensuite à l’empire.

    Livre VI (surtout de l’histoire profane). Mariage de Maurice et Augusta. Le front perse. Troubles à Antioche autour de l’évêque Grégoire. Séismes à Antioche. Révoltes dans l’armée ; calme rétabli par Grégoire d’Antioche. Combats contre les Perses, troubles dynastiques en Perse. La martyre perse Goliandouch. Offrandes de Chosroès au martyr Serge. Mort de Syméon Stylite le Jeune et de Grégoire d’Antioche.

    Extrait(s)

    IV, 39

    À ce moment-là, Justinien se détourna du droit chemin des dogmes et, s’en étant allé vers le sentier que n’avaient pas foulé les Apôtres ni les Pères, il tomba dans des épines et des chardons. Il voulut en remplir aussi l’Église, mais échoua dans son dessein, le Seigneur ayant solidement encadré la voie royale de barrières infrangibles, de peur que des meurtriers ne fondent sur elle comme sur un mur branlant, une clôture renversée, réalisant ainsi la prédiction de la prophétie. Alors donc que Jean, dit Catellin, était évêque, après Vigile, de la Vieille Rome, Jean de Sirimis de la Nouvelle, Apollinaire de l’église d’Alexandrie, qu’Anastase, après Domninus, était évêque de Théoupolis, et qu’à Jérusalem, Macaire avait été rendu à son trône après qu’il eut anathématisé Origène, Didyme et Évagre <du Pont> à la suite de la déposition d’Eustochius, Justinien écrit ce que les Romains appellent un édit, dans lequel il déclare le corps du Seigneur incorruptible, n’admettant pas les passions naturelles et innocentes, disant que le Seigneur avant sa Passion mangeait comme après sa Résurrection et que, depuis l’instant même de sa formation dans la matrice, il n’avait reçu, ni dans les passions volontaires et naturelles ni après la Résurrection de son très saint corps, aucun changement ou altération. À cela l’empereur forçait les évêques de chaque lieu souscrire. Tous alors répondirent qu’ils étaient dans l’attente d’Anastase, évêque d’Antioche, et ils repoussèrent la première tentative.

    VI, 21, p. 341-345 : Hommage du roi des Perses au martyr Serge

    Peu de temps après Chosroès envoya encore d’autres présents au saint temple. Il avait fait graver sur une patène faite d’or, en langue grecque, ces mots : « Moi, Chosroès, Roi des rois, fils de Chosroès, j’ai fait l’inscription qui est sur cette patène, non pour qu’elle soit vue des hommes, ni afin que la grandeur de ton très vénérable nom soit connue par mes paroles, mais en raison de la vérité de ce qui est écrit et des grâces et des bienfaits nombreux que j’ai reçus de toi : c’est une bonne fortune, en effet, pour moi que mon nom soit porté sur tes vases sacrés.

    Alors que j’étais à Béramaïs, je t’ai prié, Saint, de venir à mon secours et que Sirèn conçût en son sein. Comme Sirèn est chrétienne et moi païen, notre loi ne nous donne pas la liberté d’avoir pour épouse une chrétienne. Quoi qu’il en soit, en raison de mes bons sentiments à ton égard, j’ai passé outre la loi en ce qui la concerne, et je l’ai tenue et la tiens parmi mes femmes, pour après jour, comme légitime et ainsi j’ai résolu, Saint, de demander maintenant à ta bonté qu’elle conçoive en son sein. (…) Et toi, Saint, non que j’en fusse digne, mais en raison de ta bonté, tu m’es apparu en une vision nocturne et tu m’as dit trois fois : ‘Sirèn est enceinte’. Et moi, dans la même vision, je t’ai répondu trois fois : ‘c’est bien’. (…) Aussitôt donc j’ai envoyé ladite croix et la somme équivalent à son prix dans ta très vénérable demeure, ayant ordonné qu’avec cette somme on fît une patène et un calice en raison des divins mystères, mais aussi qu’une croix fût faite qui devait être fixée à la sainte table et un encensoir, le tout en or, et un rideau d’autel hunnique, enrichi d’or. »

    Errata

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    Remarques

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    ses espoir

    ses espoirs

     

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