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SC 513
Tertullien
Le Manteau
(De Pallio)septembre 2007Introduction, texte critique, traduction, commentaire et index par Marie Turcan.
Révision assurée par Dominique Gonnet.ISBN : 9782204084932253 pagesPourquoi porter le manteau du philosophe plutôt que la toge romaine ? Un signe personnel très fort pour le Carthaginois.Présentation
Ayant un jour renoncé à la toge pour porter le manteau court des philosophes grecs, Tertullien s'en explique devant la bonne société cultivée de Carthage. Dans une langue chatoyante et recherchée, digne du grand conférencier que fut Apulée, il affirme s'être conformé au passé, à la nature, avoir choisi la commodité et surtout la liberté de parole proverbiale des cyniques. Vêtu comme eux, il pourra comme eux combattre les vices et prêcher la vertu. Il en profite pour glisser quelques vérités propres à initier au christianisme ce public païen qui en ignore tout.
Le mot des Sources Chrétiennes
Eh bien, oui : Tertullien a changé de tenue. Il a troqué la vieille toge latine pour le manteau grec, et cela nous vaut ce curieux traité qui fait l'éloge du changement d'apparence, avec moult exemples à l'appui venus de la mythologie, de l'ethnologie, de la zoologie même… Mais en vérité, enfiler son manteau est un acte existentiel, quand avec lui on endosse et revendique un genre de vie, celui de la philosophie – entendez, la vraie : le christianisme – et par voie de conséquence une certaine rupture avec la société ambiante et ses convenances. Avoir à s'en expliquer n'était pas pour déplaire à Tertullien, qui y voyait une nouvelle occasion de faire œuvre apologétique pour la foi nouvelle, sur le mode provoquant qui lui est cher ; mais cette fois, l'œuvre est tellement allusive et étrange qu'on se demande jusqu'au bout ce qu'elle veut vraiment dire, et que son interprétation a fait dépenser beaucoup d'encre et d'ingéniosité. Il fallait l'érudition de Marie Turcan, et sa connaissance intime de l'œuvre du Carthaginois, pour venir à bout de la traduction et du commentaire de ce brillant pamphlet, dont chaque allusion est explicitée. Badinage ? Profession de foi codée ? Œuvre de jeunesse ? de vieillesse ? Toutes les questions qui ont été posées à propos de cette œuvre sont ici traitées avec rigueur et finesse, dans un style vivant et dense.
Bernard Meunier
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
Si les pages du De pallio sont considérées comme les plus brillantes et les plus obscures à la fois de Tertullien, la tradition textuelle du traité n’y est pas pour rien, puisque le texte nous est parvenu en très mauvais état. En effet, les manuscrits que nous conservons actuellement de l’œuvre datent du XVe siècle et appartiennent tous à la famille de Cluny, ayant été copiés au XIe siècle sur des exemplaires eux-mêmes venus d’Espagne au VIe siècle. Le premier éditeur à avoir imprimé le De pallio, Rhenanus, avait eu accès en 1521 à des manuscrits antérieurs au XVe siècle, comme Saumaise cent ans plus tard, en 1622. L’editio princeps de Rhenanus est fondée sur une famille de manuscrits qui pourrait dériver d’un même archétype perdu que les manuscrits clunisiens, les Hirsaugienses, tirant leur nom d’un manuscrit, perdu, de Hirsau, datant sans doute du XIIe siècle. La présente édition offre un texte critique nouveau, retenant le meilleur des conjectures des éditions précédentes. Cependant, le caractère très énigmatique du texte rend difficile la reconstitution d’un texte latin indiscutable, et chaque éditeur fait du mieux qu’il peut. Ce même caractère rend difficile la datation du traité, au point que certains doutèrent même qu’il fût de la main de Tertullien. Parmi toutes les datations proposées, M. Turcan retient celle de 209.
Extrait(s)
(II, 7, p. 113-117)
Mais à quoi bon désormais le passé, quand notre propre carrière est sous nos yeux ? Quelle portion de l’univers remodelée par notre époque ! Que de villes fondées, agrandies, restaurées par la triple Valeur de l’Empire d’aujourd’hui ! Dieu favorisant ensemble tant d’Augustes, que de fortunes enregistrées, que de populations libérées, que de sénats illustrés, que de barbares écartés ! En vérité, l’univers est la campagne parfaitement cultivée de cet empire, maintenant qu’en ont été extirpés tout l’aconit de l’hostilité et de la ronce épineuse de la fourberie familiale : mieux pensé et plus agréable encore que le verger d’Alcinoos et que la roseraie de Midas ! Pourquoi donc, en louant les changements de l’univers, censurer ceux de l’homme ?
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
71
Ajout
Frédéric CHAPOT, « Tertullien, "De pallio" : le conflit des interprétations », Rev. des Et. latines 91 (2013), p. 191-210.
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