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SC 509
Lactance
Institutions divines, Livre VI
octobre 2007Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Christiane Ingremeau.
Révision assurée par Jean Reynard.ISBN : 9782204084499431 pagesUne grande apologie du christianisme, par le « Cicéron chrétien » au début du 4e siècle.Présentation
Au livre VI des Institutions divines, Lactance aborde la question du « vrai culte » dû à Dieu, mais le contenu de l'ouvrage déborde largement ce thème, si on l'entend au sens strict des rites. Car l'auteur s'attache surtout à la dimension morale et spirituelle de ce culte, traitant de sujets fort divers qui font tout l'intérêt du livre. Reprenant l'allégorie des deux voies, il en propose une nouvelle interprétation où s'exprime son dualisme ; une analyse critique des définitions traditionnelles de la vertu le conduit à opposer, aux lois des peuples et à la fausse justice des hommes, une unique loi, immuable et universelle : la loi divine. La notion majeure d'humanitas est alors introduite, puis un long débat sur les « passions » aboutit à une véhémente apologie des affects : donnés par Dieu, ils constituent une richesse, et la morale consiste à les bien diriger. Même attitude à l'égard des sens : les plaisirs des sens peuvent offrir de réels dangers, mais il en est aussi qui se joignent à la vertu. Le vrai culte dû à Dieu est, pour Lactance, intérieur et spirituel : don de soi, en acte dans l'opus iustum, et, pour tout sacrifice, nos louanges et nos hymnes.
Le mot du directeur de Collection
Dans le vaste projet apologétique de Lactance, le « Cicéron chrétien » du début du IVe siècle, intitulé les Institutions divines, le livre VI ici traduit et annoté enseigne le culte véritable, opposé aux faux cultes et à la fausse religion des païens exposés dans les premiers livres. Poètes et philosophes, dit Lactance, ont eu raison de dire que la vie humaine consiste à choisir entre vice et vertu. Mais les païens ont-ils compris ce que c'était ? Un exemple : la vertu consiste, a-t-on dit, à acquérir des biens honnêtement, en les payant à leur juste prix ; ne consiste-t-elle pas plutôt à renoncer à en acquérir ? Les critiques païennes du comportement ne sont jamais allées assez loin, n'ont jamais remis en cause assez profondément les « valeurs » de la société : tel est l'un des principaux messages de Lactance en ce livre. Un autre est que, dans les voies complexes du discernement moral, un guide est nécessaire, que les païens n'avaient pas : le Dieu unique, auteur de l'univers où se jouent tous nos choix ; dans cette ignorance, même le bien peut se transformer en mal, par manque d'un fondement véritable. Mais reconnaître Dieu pour Père, c'est reconnaître les hommes pour frères, et toute morale commence là, ou mieux, toute humanité (VI, 10, 6). Lactance, en cette œuvre, fait preuve de cette liberté d'esprit qui caractérise tant de chrétiens dans la culture grecque ou romaine ambiante, et nous étonne souvent par ce mélange d'éloignement et de proximité dont il témoigne : même ce qui faisait l'objet d'unanimité dans la société païenne est passé au crible de la critique. Ainsi la vertu véritable est impitoyablement dissociée du bienfait calculé, de l'échange de bons procédés dans un certain milieu social... C'est là une des facettes de la « nouveauté chrétienne » ('dans le monde' et 'pas du monde'), que l'historien des idées enregistre lui aussi, et que le lecteur d'aujourd'hui n'a pas fini de mettre en œuvre.
Bernard Meunier
Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume
La tradition manuscrite de Lactance est fort riche : jusqu’au XIIIe siècle, 25 manuscrits ont été recensés, parmi lesquels une vingtaine nous sont parvenus ; pour les XIVe et XVe siècles, on dénombre quelques 150 manuscrits des Institutions divines. La présente édition en a collationné 11, dont les plus anciens, le Bononiensis 701, écrit en onciale, et le Sangallensis 213, palimpseste dont le texte primitif est celui de Lactance, datent du Ve siècle. Entre les codices antiquiores et les manuscrits suivants, il y a un trou de presque quatre siècles qui nous conduit au IXe siècle, dont datent six manuscrits. Le manuscrit le plus récent à avoir été retenu, collationné par tous les éditeurs de Lactance dans la collection SC, date quant à lui du XIVe siècle. Sur ces bases, l’édition critique du volume propose un texte révisé de l’édition Brandt-Laubmann du CSEL 19 et 27 (1890-1893). Des leçons très minoritaires sont parfois les seules leçons possibles du texte de Lactance.
Contenu
Dans le vaste projet apologétique de Lactance, le livre VI ici traduit et annoté enseigne le culte véritable, opposé aux faux cultes et à la fausse religion des païens exposés dans les premiers livres. Poètes et philosophes, dit Lactance, ont eu raison de dire que la vie humaine consiste à choisir entre vice et vertu. Mais les païens ont-ils compris ce que c’était ? Un exemple : la vertu consiste, a-t-on dit, à acquérir des biens honnêtement, en les payant à leur juste prix ; ne consiste-t-elle pas plutôt à renoncer à en acquérir ? Les critiques païennes du comportement ne sont jamais allées assez loin, n’ont jamais remis en cause assez profondément les « valeurs » de la société : tel est l’un des principaux messages de Lactance en ce livre. Un autre est que, dans les voies complexes du discernement moral, un guide est nécessaire, que les païens n’avaient pas : le Dieu unique, auteur de l’univers où se jouent tous nos choix ; dans cette ignorance, même le bien peut se transformer en mal, par manque d’un fondement véritable. Mais reconnaître Dieu pour Père, c’est reconnaître les hommes pour frères, et toute morale commence là, ou mieux, toute humanité (VI, 10, 6). Lactance, en cette œuvre, fait preuve de cette liberté d’esprit qui caractérise tant de chrétiens dans la culture grecque ou romaine ambiante, et nous étonne souvent par ce mélange d’éloignement et de proximité dont il témoigne : même ce qui faisait l’objet d’unanimité dans la société païenne est passé au crible de la critique. Ainsi la vertu véritable est impitoyablement dissociée du bienfait calculé, de l’échange de bons procédés dans un certain milieu social… C’est là une des facettes de la « nouveauté chrétienne » (‘dans le monde’ et ‘pas du monde’).
Extrait(s)
(X, 3-4, p. 201-203)
Dieu en effet, qui n’a pas donné la sagesse aux autres êtres vivants, les a créés avec des défenses naturelles, mieux protégés contre les attaques et les dangers ; mais, comme il a fait l’homme nu et fragile, préférant l’armer de sagesse, il lui a donné ce pieux affect à la place de tout le reste, afin que l’homme protège l’homme, qu’il l’aime, le choie, et que, face à tous les dangers, il en reçoive du secours ou lui porte secours. L’humanité est donc le lien suprême entre les hommes ; qui le rompt doit donc être considéré comme sacrilège et parricide. Car, si nous sommes tous issus d’un seul homme que Dieu créa, à coup sûr nous sommes du même sang, et pour cette raison on doit penser que le crime le plus grave est de haïr un homme, fût-il coupable.
Errata
Page
Localisation
Texte concerné
Correction
Remarques
231
l. 2 ab imo (traduction)
particulièrementt
particulièrement
371
l. 3 en partant de la fin
les autre
les autres
404
l. 19
inst. 5, 6, 12 ; 5, 22, 9
inst. 5, 6, 12 ; 5, 22, 7
404
l. 19
en 10, 6
en 10, 8
449
Entre la l. 2 et la l. 3
De la morts des persécuteurs : 39 (2 vol)
3e de couverture
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