• SC 5 bis

    Diadoque de Photicé

    Œuvres spirituelles
    Cent Chapitres sur la perfection spirituelle. Sermon pour l'ascension. Vision. Catéchèse

    décembre 1953

    Introduction, texte critique, traduction et notes par É. des Places, s.j.

    Deuxième édition revue et augmentée (remplace le n° 5 paru en 1943)
    ISBN : 9782204060196
    315 pages
    Discerner le chemin vers la perfection, avec un évêque de Grèce du 5e siècle.

    Présentation

    Tout ce que nous savons de la vie de Diadoque de Photicé tient pratiquement dans ces deux noms. Le patriarche Photius (IXe s.) nomme cet évêque parmi les Pères du concile de Chalcédoine (451), et la petite ville épiscopale de Photicé se trouvait en Épire, dans la Grèce du Nord.

    Ses écrits montrent qu'il n'est pas resté étranger aux débats doctrinaux de son temps, mais plus que le polémiste, luttant contre le monophysisme (« Sermon sur l'Ascension de Notre Seigneur ») ou l'hérésie messalienne (Les Cent chapitres, La Vision), ils révèlent avant tout un maître spirituel, lui-même fortement influencé par Évagre. Les Cent chapitres, son œuvre majeure, se présentent comme un itinéraire de perfection spirituelle. Sous une forme didactique, imposée par le genre littéraire, Diadoque livre en fait les fruits de sa propre expérience mystique. Cet adversaire des messaliens y développe une théologie de la grâce et une théorie du discernement des esprits, qui sont sans aucun doute la partie la plus neuve de l'ouvrage.

    En réalité, c'est toute la vie chrétienne qu'embrassent Les Cent chapitres, depuis l'effort des débutants jusqu'à l'extase des parfaits. Aussi Diadoque devint-il rapidement un maître de la spiritualité orientale, dont l'influence sera grande sur Maxime le Confesseur et Syméon le Nouveau Théologien.

    Le mot des Sources Chrétiennes

    Selon le genre de la centurie (100 brefs chapitres) mis en vogue par évagre qui fut un des grands inspirateurs de Diadoque, l’œuvre rassemble des réflexions sur la vie spirituelle, sous le titre : « Cent chapitres sur la perfection spirituelle », ou : « Chapitres pratiques de science et de discernement spirituels ». L’enseignement développé fait penser aux auteurs égyptiens du désert, en particulier évagre, mais sans origénisme ; l’auteur semble polémiquer avec les messaliens : il insiste sur le baptême, porteur du don fondamental de la grâce divine qui accompagne le chrétien toute sa vie et rend tout progrès possible. Les dons spirituels sont détaillés dans une langue précise et claire, avec une insistance sur le discernement.

    Le volume propose trois autres textes : une Homélie pour l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ, prononcée à une date inconnue mais sans doute après Chalcédoine (allusions antimonophysites) ; une Vision, qui rassemble des questions d’un inconnu à Jean Baptiste sur ce que les humains et les anges peuvent percevoir de Dieu ; une Catéchèse par questions-réponses, dont l’authenticité est contestée.

    Les cent chapitres sont transmis par une quinzaine de manuscrits datés entre le 9e et le 11e siècle, l’Homélie par un manuscrit du 9e-10e siècle qui a deux copies récentes, la Vision par une dizaine de manuscrits postérieurs au 13e s., dont certains sont des copies des plus anciens, la Catéchèse par de nombreux manuscrits dont la majorité l’attribuent à Syméon le Nouveau Théologien. L’œuvre de Diadoque a eu une influence profonde sur des auteurs spirituels comme Maxime le Confesseur, Jean Climaque ou Syméon le Nouveau Théologien.

    Bernard Meunier

    Œuvre(s) contenue(s) dans ce volume

    Capita centum de perfectione spirituali

    Préambule : définitions de dix vertus. 1-5. Fondements : le choix entre bien et mal. 6-11. La science spirituelle et la sagesse, les moyens de les obtenir et leurs effets. 12-23. Comment aimer Dieu ; comment se comporte celui qui aime Dieu. 24-25. L’âme et le corps, et leurs attirances. 26-40. Le discernement des esprits : connaître ses chutes, purifier son intellect et son « goût » spirituel ; la consolation ; l’action de l’Esprit dans l’âme et ses effets ; le discernement des visions et des songes ; la lumière divine et ses contrefaçons. 41-57. Les vertus qui acheminent vers la perfection : l’obéissance, la continence (en tous domaines), la tempérance dans la nourriture, la boisson et les bains ; indifférence, frôlant l’apatheia, pour les maux et pour les charmes du monde. 58-62. Le souvenir de Dieu vainc l’acédie, oriente l’intellect vers Dieu seul, apporte la joie ; mais nous avons besoin que l’Esprit éloigne de nous les passions ; il y a cependant un bon usage de la colère. 63-66. Se dépouiller de ses biens, pratiquer l’aumône. 67-74. Progresser dans la contemplation : la voie, les risques, les fruits. 75-89. La grâce et le péché sont en nous, mais depuis notre baptême c’est la grâce qui est chez elle, le péché n’est qu’un usurpateur provisoire : Diadoque polémique contre les messaliens qui professent la cohabitation des deux. Mais la tentation peut encore venir nous diviser ; le Verbe est en nous la vraie lumière, mais notre cœur peut s’enténébrer. Les espèces des démons et leurs ruses ; nos armes pour le combat de l’homme intérieur. Le mal peut néanmoins rester une habitude du cœur ; pourtant, si le diable cohabite en nous avec l’Esprit, il n’a pas la même emprise pour peu que nous nous souvenions que nous sommes enfants de la grâce. Les deux types de désolation que nous pouvons traverser avec la grâce ; le réchauffement progressif qu’opère celle-ci. L’image et la ressemblance de Dieu conférée par le baptême, la première immédiatement, la seconde avec notre concours. 90-94. L’amour de Dieu attire l’âme, s’empare d’elle tout entière, à condition qu’elle ne soit pas blessée par un manque d’amour pour les autres ; cela demande une lutte, pour laquelle l’âme peut s’exercer. 95. La progression dans l’humilité. 96-100. Les derniers combats : renoncer à la gloire, observer les commandements, rester vigilants contre les tentations, vaincre les démons au combat ; garder humilité et charité contre les deux dernières tentations : vouloir être le meilleur et céder aux plaisirs charnels. Ne pas perdre le souvenir de Dieu et confesser ses péchés s’ils surviennent, dans l’amour de Dieu.

    Sermo de ascensione Domini Nostri Iesu Christi

    Nombreuses citations de psaumes évoquant un Dieu qui s’élève, montrant la préscience de leur auteur ; le Seigneur est monté comme Dieu et a été exalté comme homme ; distinction bien maintenue des deux natures.

    Visio

    Jean Baptiste au désert ; évocation du baptême du Christ : voix du Père, vision de l’Esprit ; la transfiguration ; vision de Dieu dans l’au-delà ; absence totale de forme en Dieu, absence moindre chez les anges et dans l’âme humaine ; beauté sans forme de Dieu ; l’incarnation, vecteur de cette beauté ; les sens des anges et ceux des âmes après la résurrection des corps : différence.

    Catechesis

    Comment Dieu transcendant est présent au monde ; personne ne peut le voir, mais on voit son éclat ; le péché nous en sépare.

    Extrait(s)

    chap. 15 (p. 92)

    Lorsqu’on commence à ressentir dans sa richesse l’amour de Dieu, alors on commence avec son sens spirituel à aimer le prochain. C’est là cet amour dont parlent toutes les écritures. Car l’amitié selon la chair se dissout trop facilement, au moindre prétexte que l’on trouve : elle n’a pas pour lien le sens spirituel. Pour cette raison, même s’il arrive qu’une sorte d’irritation s’empare de l’âme sur laquelle Dieu agit, celle-ci ne rompt pas lien de l’amour ; car s’enflammant à nouveau pour le bien par la ferveur de l’amour de Dieu, elle rappelle bien vite et avec grande joie l’amour du prochain, eût-elle subi de sa part grands torts ou insultes. En effet, dans la douceur de Dieu, elle consume entièrement l’amertume de la querelle.

    p. 118

    [L’acédie]

    Quand notre âme commence à ne plus désirer les charmes de la terre, alors, pour l’ordinaire, un esprit de dégoût l’envahit sournoisement, qui ne lui permet plus de se livrer avec plaisir au ministère de la parole et ne lui laisse pas non plus le désir pénétrant des biens futurs ; il démonétise aussi à l’excès cette vie temporaire, comme ne comportant pas de dignes œuvres de vertu ; il déprécie la science elle-même, sous prétexte qu’elle a déjà été accordée à beaucoup d’autres ou bien qu’elle ne promet pas de nous enseigner quoi que ce soit de parfait. Nous échapperons à cette impression de tiédeur et de lâcheté si nous assignons à notre pensée des limites bien étroites et portons nos regards sur le seul souvenir de Dieu ; ainsi seulement, en effet, l’intellect reviendra rapidement à sa ferveur et pourra se soustraire à cette dissipation déraisonnable.

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